Les pieuvres sont de bien étranges créatures qui ne manquent pas de fasciner tant par leur apparence que par leur intelligence. Dernièrement, les scientifiques se sont penchés sur la perception du goût... via leurs tentacules !


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    Si nos mains étaient capables de sentir le goût d'un aliment avant qu'il n'atteigne notre langue, nul doute que nombre d'entre nous se seraient déjà évité bien des déconvenues. Or, figurez-vous que, non contents de posséder leurs propres systèmes nerveux, les tentacules des pieuvres sont également dotés de chimiorécepteurs qui leur confèrent le sens du goût. À l'aide de cette compétence, les malins octopodes sont capables de sonder le fond marin pour en constituer une cartographie tactile et gustative, et les chercheurs savent désormais comment ils s'y prennent.

    Ventouses gustatives

    Afin d'en apprendre plus, la biologiste moléculaire Lena Van Giesen et ses collègues ont étudié la pieuvre à deux points de Californie et découvert des récepteurs nichés au sein des ventouses de leurs tentacules. Situées à même la peau, ces cellules chimiotactiles peuvent identifier de multiples saveurs comme l'encre produite par une compagne ou des signaux toxiques d'avertissement émis par une proie. « C'est un outil très utile pour la pieuvre qui veut détecter des proies cachées dans les crevasses des fonds marins ou dans des zones inaccessibles à ses autres organes sensoriels habituels », commente Nicholas Bellono, coauteur de l'étude parue dans la revue Cell.

    La pieuvre à deux points de Californie est particulièrement réceptive au goût du crabe. © Peter Kilian

    Une nouvelle perception

    Ces récepteurs gustatifsgustatifs s'activent généralement lors de l'exploration tactile de l'environnement par la pieuvre, à l'aide d'autres cellules chargées du toucher, elles aussi situées dans les ventouses. Grâce à cette perception bimodale, la pieuvre appréhende son environnement de manière inédite pour les scientifiques. « Ces résultats sont étonnants car la chimiosensation marine est depuis longtemps associée à une signalisation à distance via des composés chimiques qui se dissolvent dans l'eau », ajoute Bellono. « Notre étude révèle que la pieuvre - et potentiellement d'autres animaux aquatiques - peuvent également détecter des moléculesmolécules peu solubles grâce au contact physiquephysique»