D’ici trois ans, 160.000 fermes chercheront repreneurs et, chaque année, 70.000 emplois agricoles sont à pourvoir. Fort de ce constat et de son expérience, l'ancien cofondateur de BlaBlaCar, Francis Nappez, lance un appel à projet pour soutenir 80 startups qui seront accueillies durant 2 ans et intégrées au sein du plus grand campus agricole du monde. Nom de code : Hectar. Mission : promouvoir des solutions pour les agriculteurs et soutenir l'entrepreneuriat.

 

 


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    De la voiturevoiture au tracteur : Francis Nappez, ancien cofondateur de BlaBlaCar, dirige désormais Hectar, le plus grand campus agricole du monde, qui propose de la formation et vient de lancer un appel à projets pour accélérer 80 startups, porteuses d'innovations en faveur de l'agricultureagriculture de demain.

    À quels enjeux répond cet appel à projets pour Hectar ?

    Francis Nappez : Notre mission est de construire un campus qui promeut des solutions pour les agriculteurs à travers la formation et le soutien à l'entrepreneuriat. L'enjeu est de travailler à l'attractivité de ce secteur où 160.000 fermes seront à reprendre d'ici trois ans et 70.000 emplois agricoles sont à pourvoir chaque année. Il s'agit aussi de pouvoir accompagner les agriculteurs déjà en poste dans leur nécessaire transition régénératrice et d'assurer, voire accroître, leurs revenus via par exemple la valorisation énergétiquevalorisation énergétique.

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    Pour nous, la tech représente un levier considérable pour y parvenir à travers quatre domaines que nous ciblons avec cet appel à projets : l’AgriTech (l'IAIA, la robotique, l'équipement...) ; la FoodTech pour une alimentation dans le respect de la biodiversitébiodiversité et de la gestion des déchetsdéchets ; le Future Farming avec des réponses pour la résiliencerésilience de la production alimentaire face aux aléas ; et enfin, l'agriculture régénératrice qui met en œuvre des pratiques plus durables en faveur du respect des sols et de la séquestration du carbonecarbone.

    Francis Nappez, fondateur d'Hectar. © Benoît Drouet
    Francis Nappez, fondateur d'Hectar. © Benoît Drouet

    À ce propos, que recouvre exactement le terme émergeant d’agriculture régénératrice ?

    F. N. : Le terme n'est pas antinomique avec la notion de bio qui est désormais rentrée dans les codes communs. Au contraire, l'agriculture régénératrice la complète et va plus loin. Là où le bio malgré, ses vertus, peut avoir un impact sur la mécanisation et le tassage des sols, l’agriculture régénératrice promeut le respect des sols, la rotation des cultures, évidemment sans produits phytosanitaires. Le Graal que nous poursuivons avec notre ferme pilote est justement de pouvoir concilier les deux, comme certains commencent aussi heureusement à le faire.

    Que répondez-vous aux réticences qui ont été émises notamment par des représentants de l’enseignement agricole public à l’annonce de l’éclosion d’Hectar ?

    F. N. : Nous ne souhaitons en aucun cas nous substituer à l'enseignement agricole public mais au contraire là encore compléter leurs parcours sur des sujets qui ne suffisamment abordés dans les structures existantes comme la tech, le développement économique ou encore des pratiques environnementales plus vertueuses.

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    Nous nous adressons par ailleurs à des publics différents dans nos formations, à savoir pour nous en majorité des adultes en reconversion, donc avec déjà un parcours professionnel qu'ils souhaitent désormais orienter vers l'agriculture. Leur point commun est d'être engagés, convaincus et passionnés de répondre à des enjeux fondamentaux comme le dérèglement climatique ou l’alimentation de l'humanité.

     L'agriculture, un métier vieux comme le monde, est un secteur en plein évolution qui doit faire face à des enjeux capitaux comme le renouvellement des générations, le dérèglement climatique, l’alimentation mondiale. © Benoît Drouet
     L'agriculture, un métier vieux comme le monde, est un secteur en plein évolution qui doit faire face à des enjeux capitaux comme le renouvellement des générations, le dérèglement climatique, l’alimentation mondiale. © Benoît Drouet

    Que proposez-vous aux porteurs de projet intéressés par votre appel à projets ?

    F. N. : Les 80 startups que nous accueillerons en 2 ans seront intégrées au sein du plus grand campus agricole du monde. Elles auront à disposition 30 mentors, 500 experts, 40 ateliers, 2.000 m2 d'espaces de travail et de convivialité, 50 hectares d'expérimentation. Au quotidien, elles seront immergées dans un écosystèmeécosystème favorisant l'émulation collective et les opportunités entrepreneuriales car elles vont cohabiter à la fois avec de futurs chefs d'entreprise agricole, des codeurs et des ingénieurs informatiques, et l'équipe de la ferme pilote en transition bio et agriculture régénératrice. En plus du partenariat avec l'incubateur HEC Paris, Hectar bénéficie du soutien de trois entreprises, Timac Agro, Parfums Christian Dior, Naturalia, et d'un écosystème dynamique (CCI Ile de France, French Impact, Makesense, La FoodTech, BPI France...).

    Avec Hectar, il s’agit de l’avenir de nos sols, de l’agriculture, mais aussi d’assurer la qualité et la souveraineté de notre alimentation

    Conçu pour s’inscrire durablement dans le paysage de l’agriculture, comment espérez-vous qu'Hectar puisse évoluer à long terme ?

    F. N. : Hectar n'est certainement pas pour le moment représentatif de l'agriculture en France. Nous  nous sommes installés en Île-de-France pour sa proximité avec Paris, mais aussi parce que, contrairement aux idées reçues, c'est une grande région agricole. Nous accueillons pourtant des personnes qui viennent de toute la France, et comme le contexte agricole est forcément lié aussi au territoire sur lequel il est implanté, nous réfléchissons dès maintenant à collaborer avec d'autres projets et d'autres entités plus locales. Nous avons également déjà des demandes à l'international de pays dont l'agriculture répond à des enjeux de souveraineté nationale.

    Avant de piloter Hectar, vous avez connu une belle réussite entrepreneuriale avec notamment la cofondation de BlaBlaCar. Comment êtes-vous passé de la voiture au tracteur ?

    F. N. : Mon moteur, c'est de concentrer mon énergieénergie et mes compétences sur des solutions à impact. Avec BlaBlaCar, l'intention était de développer le covoiturage pour notamment pour réduire les émissionsémissions de CO2. Avec Hectar, il s'agit de l'avenir de nos sols, de l'agriculture, mais aussi d'assurer la qualité et la souveraineté de notre alimentation. Je suis convaincu que mon profil tech peut y contribuer pour apporter des nouvelles solutions à un secteur en plein évolution, qui doit faire face à des enjeux capitaux comme le renouvellement des générations, le dérèglement climatique, l'alimentation mondiale...