L’agriculture surfe sur la vague du numérique. S’il ne fait pas encore l’unanimité, celui-ci progresse d’année en année, notamment grâce à l’implication de différents acteurs qui mettent en avant ses bénéfices et travaillent à en faciliter l’adoption chez tous les agriculteurs. C’est le cas du réseau Fermes Leader.


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    À l'instar de bien d'autres acteurs, le réseau Fermes Leader est convaincu des bienfaits du numériquenumérique. Autant pour l'agriculture que pour les agriculteurs. Afin, par exemple, de réduire l'utilisation des intrants et d'améliorer le confort de travail. Des atouts qu'ils mettent dans les mains d'agriculteurs engagés dans leur Living-lab des Exploitations Agricoles Digitales En Réseau (Leader).

    Myriam Hijji, chargée de projet, nous détaille leur démarche collaborative.

    Vous définissez le réseau Fermes Leader comme un laboratoire d’innovations plaçant l’utilisateur au cœur du système, et transformant cet utilisateur en acteur de la création de nouveaux services ou produits. Comment ce « living lab » fonctionne-t-il ?

    Nous collaborons avec des agriculteurs volontaires pour tester de nouvelles solutions technologiques, qui s'engagent à suivre le projet de tests de façon active. Les entreprises à l'origine de ces solutions cherchent un retour qualitatif, en échange du prêt de leur produit ou service.

    Chaque projet de test est formalisé sur une plateforme collaborative. Nous nous occupons de trouver des adhérents « Fermes Leader » correspondant à ce que l'entreprise recherche, afin qu'elle puisse avoir un retour réellement qualifié. L'idée, à terme, est de créer un véritable label pour catégoriser les innovations qui ont été testées par des agriculteurs. Sur le terrain.

    Quels types de solutions proposez-vous sur votre plateforme de test ?

    Pour l'instant, nous disposons d'environ 40 projets, dont une trentaine sont testés sur le terrain. Certaines de ces solutions proviennent d'InVivo, le groupe auquel nous appartenons, mais la plupart viennent de l'extérieur. 

    Pour les choisir, nous avons mis en place un processus complet. Nous commençons par faire un premier entretien avec les personnes proposant une solution, afin de vérifier qu'elle porteporte un réel intérêt. Ensuite, nous proposons un webinar aux coopératives de notre réseau. Et durant environ une heure, la startup se présente et présente également sa solution. Ce qui permet de filtrer une seconde fois l'intérêt, en fonction de ce que les coopératives connaissent. Et de poser des questions. 

    Actuellement, il existe déjà des solutions largement plébiscitées par les agriculteurs. Par exemple, la station météo connectée. Puisque les données météorologiques sont au cœur de leur travail. Il existe aussi des pièges connectés pour suivre l'arrivée des ravageurs dans les champs et agir en fonction. Ou encore des capteurscapteurs qui indiquent le stade de croissance des cultures. C'est l'avantage du numérique. Il donne des informations instantanément et à distance.

    Chez Fermes Leader, nous testons par exemple une solution de pilotage de l'irrigation, où l'agriculteur peut s'assurer du bon fonctionnement de son système à distance. Et ainsi gagner le temps du déplacement.

    Telaqua est une solution connectée pour permettre aux agriculteurs de piloter leur système d'irrigation à distance. © Fermes Leader, YouTube

    Vous travaillez avec tous les agriculteurs sans distinction ? 

    Nous nous adressons à toutes les tailles d’exploitation et à tous les types de production. Nous sommes d'ailleurs présents sur tout le territoire, bien que les extrêmes est et ouest soient les régions les plus actives du réseau.

    Pour le moment, nous collaborons avec environ 300 agriculteurs. Et 27 coopératives agricoles dont les tailles varient grandement. Mais nous sommes encore en cours de recrutement, puisque le réseau n'est que dans sa deuxième année. Nous avons démarré avec une vingtaine de volontaires seulement ! Nous évoluons et nous adaptons en permanence. 

    Notre objectif est d'aider les agriculteurs à tirer parti du numérique, afin notamment, d'aller vers une diminution des intrants. Le numérique permet de mieux maîtriser l'utilisation.

    Comment est-ce que vous évaluez l’atteinte de cet objectif ? Ou des autres bénéfices pour les agriculteurs ?

    Nous travaillons avec plusieurs instituts techniques et de recherche. L'Inrae (Institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation, et l'environnement, l'IFV (Institut français de la vigne et du vin), l'Idele (Institut de l'élevage), Arvalis... Les pontes de chaque grand domaine.

    Nous avons mis en place une grille d'évaluation, afin de traduire au mieux la perception des agriculteurs sur cinq aspects des technologies : simplicité, opérationnalité, pertinence, utilité, et rentabilité. Mais nous avons également des témoignages d'agriculteurs sur l'intérêt économique, le confort de travail, ou la simple satisfaction de réaliser ce qu'il se passe précisément dans leurs productions.