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    Le rythme des changements climatiqueschangements climatiques globaux a changé il y a environ 800.000 ans. On note à cette époque une forte glaciationglaciation aux hautes latitudeslatitudes et un important abaissement corrélatif du niveau marin.

    Fossile Sangiran 17 (= Pithecanthropus VIII), Museum Tautavel, France. © Gerbil CC by-sa 3.0
    Fossile Sangiran 17 (= Pithecanthropus VIII), Museum Tautavel, France. © Gerbil CC by-sa 3.0

    Ce dernier a favorisé les migrations à la surface du plateau de la Sonde et rétréci les bras de mer qui le séparent des îles d'Indonésie orientale, au-delà de la ligne de Wallace.

    Les fouilles du site de Ngebung, 800.000 ans, dôme de Sangiran. ©  Semenanjung, MQPI
    Les fouilles du site de Ngebung, 800.000 ans, dôme de Sangiran. ©  Semenanjung, MQPI

    Les évènements climatiques ont modifié les paysages

    De tels évènements climatiques ont profondément bouleversé les paysages : lors d'une « glaciation », on assiste à un recul net de la forêt tropicaleforêt tropicale humide, qui se trouve cantonnée aux zones de haute altitude (toujours humides) et en galeries le long des courslong des cours d'eau. Les reliefs de basse et moyenne altitude (ceux qui sont susceptibles d'être peuplés par l'Homme) étaient recouverts par une forêt ouverte ou des étendues herbeuses. 

    On retrouve la trace de ces paysages dans les reconstitutions paléobotaniquespaléobotaniques (faisant notamment appel à la palynologiepalynologie) et dans la nature des dépôts sédimentaires : la forêt tropicale humide retient les sols durant les « interglaciaires » alors que l'érosion de ces derniers est beaucoup plus importante durant les périodes « glaciaires ». Cette ouverture du paysage a souvent été aidée par les éruptions volcaniqueséruptions volcaniques qui ont déstabilisé la forêt de façon répétitive.

    L’<em>Homo erectus</em> Sangiran 17. © Semenanjung, MQPI
    L’Homo erectus Sangiran 17. © Semenanjung, MQPI

    Migration de la faune et de groupes d'humains

    Un turn over faunistique est observé à JavaJava aux alentours de cette période clé (800.000 ans), avec notamment l'arrivée d'un nouveau proboscidien, Elephas, qui va longtemps coexister avec le Stegodon. Il est probable que ces migrations ont affecté aussi les groupes humains. En effet, outre que le registre fossilefossile s'étoffe considérablement (la grande majorité des fossiles de Pithécanthropes datent de cette époque), on commence à trouver dans les formations sédimentaires du dôme de Sangiran (Java central) des sols archéologiques peu perturbés par l'érosion. Ces derniers associent les restes humains à ceux des proies chassés par les Homo erectusHomo erectus et aux restes de leur activité de charognage.

    Ces couches contiennent surtout la preuve, longtemps contestée, que ces ancêtres insulaires maîtrisaient, comme tous leurs contemporains, la technologie lithique. Ils étaient certes soumis aux contraintes qu'imposait le paysage géologique (rareté des roches dures aisées à tailler ou aménageables en outils tranchants), et étaient parfois obligés de les importer depuis des gîtes distants de plusieurs dizaines de kilomètres (ce qui conduit à apprécier l'étendue de leur territoire).

    Hachereau découvert à Ngebung. © Semenanjung, MQPI
    Hachereau découvert à Ngebung. © Semenanjung, MQPI

    Des artefacts lithiques en Walacea

    Certaines des pièces retrouvées dans les sites du PléistocènePléistocène moyen des îles de la Sonde, parmi lesquelles des hachereaux et des bifaces, permettent d'émettre l'hypothèse d'une diffusion de la tradition Acheuléenne vers les archipelsarchipels d'Asie du Sud-Est à cette époque. Il est même probable qu'Homo erectus a pu traverser des bras de mer en direction de la Wallacea, puisque des artefacts lithiques datés de près de 850.000 ans ont été retrouvés sur l'île de Florès, sur le site de Mata Menge. Une question analogue se pose avec la découverte récente d'outils bifaciaux sur l'île de Luzon aux Philippines.

    Biface de la région sud-est de Java. © Semenanjung, MQPI
    Biface de la région sud-est de Java. © Semenanjung, MQPI

    Beaucoup reste encore cependant à découvrir sur l'évolution a priori complexe des Homo erectus insulaires : dans quelle mesure ont-ils été affectés par une évolution endémiqueendémique insulaire, comment se manifeste dans le registre fossile le flux génétiquegénétique probable en provenance du continent il y a 800.000 ans, et quelles adaptations environnementales ont-ils développé à l'image des Hommes qui les avaient précédés il y a près de 1,6 million d'années ?