La découverte possible de la phosphine dans l'atmosphère de Vénus a ravivé les programmes d'exploration de la sœur infernale de la Terre. Mais il apparaît maintenant possible que des roches vénusiennes, éjectées par des impacts alors que la planète était encore habitable, se retrouvent conservées sur la Lune, à la portée des missions lunaires.
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Il est facile de nos jours de se procurer des météorites martiennes et lunaires, par exemple en allant sur le site des grands chasseurs de météorites français, Luc Labenne ou encore Alain et Louis Carion. On peut même posséder de très probables fragments de l'astéroïde Vesta, alors pourquoi pas en provenance de Mercure et de VénusVénus ?
Pour Mercure, c'est en effet peut-être possible si l'on en croit une interprétation possible de la nature de NWA 7325, une météorite connue par ses 35 fragments récupérés au Maroc en 2012, et qui présentent une composition étrangement similaire à ce que la sonde MessengerMessenger nous a révélé de la croûtecroûte de Mercure.
Pour Vénus, on peut légitimement avoir des doutes car la gravité y est si forte qu'un morceau de la planète issu d'un impact aurait des difficultés à s'échapper du puits de potentiel gravitationnel de la planète. Il faudrait sans doute un impact violent, donc plutôt rare, et il faut tenir compte aussi du fait que Vénus possède une atmosphèreatmosphère très épaisse où beaucoup de petits corps célestes vont être détruits avant d'atteindre le sol de la sœur infernale de la Terre. Inversement, cette atmosphère va de toute façon rendre difficile l'éjection de fragments de la croûte de Vénus en réponse à un impact.
Vénus, une planète habitable il y a un milliard d'années ?
De fait, les observations de la mission Magellan à travers cette atmosphère et, dans une moindre mesure, celles des sondes russes VeneraVenera qui se sont posées à la surface de vénus, nous ont révélé une surface volcanique très peu cratérisée. Mais, tout ce que l'on peut en déduire, c'est que la géodynamique de Vénus est différente de celle de la Terre et que sa surface est jeune puisque l'on sait que le taux de bombardement par des comètes et des astéroïdes dans le Système solaireSystème solaire a rapidement diminué de façon exponentielle depuis le début de sa formation.
Si, aujourd'hui, Vénus est un enfer avec une pressionpression au sol d'environ 90 atmosphères et surtout des températures de l'ordre de 450 °C, sans parler des nuagesnuages responsables de pluies d'acide sulfuriqueacide sulfurique, il n'en était peut-être pas encore de même il y a plus de 715 millions d'années. C'est l'hypothèse défendue notamment depuis environ 4 ans par un groupe de planétologues qui ont transposé un modèle de circulation générale (GCM, pour general circulation model), semblable à ceux utilisés pour le climatclimat de la Terre afin d'étudier celui de Vénus dans le passé.
Cela leur a permis d'implémenterimplémenter de savants algorithmes pour effectuer des simulations numériquessimulations numériques sur superordinateurssuperordinateurs, à l'aide des équationséquations de Navier-Stokes, de la thermodynamiquethermodynamique et du transfert de rayonnement appliqués à des fluides, en l'occurrence une atmosphère et des océans, dans un référentielréférentiel en rotation, ici celui de Vénus.
Ces simulations laissent penser que devaient exister sur Vénus pendant quelques milliards d'années des océans et une atmosphère aux températures suffisamment clémentes pour permettre éventuellement l'apparition de la Vie. Mais, sans aller jusque là, si l'atmosphère de Vénus était comparable à celle existant sur Terre pendant cette période, on pouvait s'interroger sur la capacité des impacts de petits corps célestes à éjecter des roches dans l'espace, roches qui, par le jeu de forces gravitationnellesforces gravitationnelles, allaient croiser un jour une planète double, à savoir la Terre et sa LuneLune.
C'est précisément à cette question qu'un groupe de chercheurs s'est proposé de répondre comme le montre un article en accès libre sur arXiv. Samuel Cabot et Gregory Laughlin, deux astronomesastronomes de l'université de Yale, en sont les auteurs et leur étude vient d'être acceptée pour publication dans The Planetary Science Journal.
Les chercheurs ont calculé que les astéroïdes et les comètes ayant percuté Vénus pendant la période où elle était peut-être habitable auraient pu injecter sur orbiteorbite à destination du système Terre-Lune jusqu'à 10 milliards de fragments rocheux.
Pour Samuel Cabot, les impacts suffisamment violents pour produire ces fragments ne se produisent cependant que tous les cent millions d'années environ mais ils se produisaient plus fréquemment il y a des milliards d'années. : « Certaines de ces roches finiront par atterrir sur la Lune sous forme de météorites vénusiennes, explique l'astronome dans un communiqué de l'université de Yale. La lune offre une protection pour ces roches anciennes car tout ce qui vient de Vénus qui a atterri sur Terre est probablement enterré très profondément, en raison de l'activité géologique. Ces roches seraient bien mieux préservées sur la Lune. »
À quoi pouvait ressembler la surface de Vénus il y a un milliard d'années ? Voici une réponse possible. Pour obtenir une traduction en français assez fidèle, cliquez sur le rectangle blanc en bas à droite. Les sous-titres en anglais devraient alors apparaître. Cliquez ensuite sur l'écrou à droite du rectangle, puis sur « Sous-titres » et enfin sur « Traduire automatiquement ». Choisissez « Français ». © Nasa
Des autoroutes pour météorites entre Vénus et la Lune
On pourrait penser intuitivement que Vénus étant plus proche du SoleilSoleil que la Terre, cela constituerait un facteur défavorable à l'arrivée de roches vénusiennes aux abords du système Terre-Lune. Mais, selon Laughlin et Cabot, il en va tout autrement car les comètes ou astéroïdes pouvant frapper Vénus sont plus rapides généralement que ceux impactant la Terre ou la Lune et enfin, la commensurabilité des périodes des orbites de la Terre et Vénus induit de véritables « autoroutes » naturelles pour des orbites à destination de notre planète double, de sorte qu'une énorme fraction de la matièrematière éjectée de Vénus s'en serait rapprochée.
En théorie, des roches lunaires et vénusiennes devraient avoir des signatures cosmochimiques différentes de sorte que, avec de la chance, certaines des roches lunaires que rapporteront les prochaines missions à destination de la Lune pourraient nous réserver des surprises. Artemis pourrait suffire car, après tout, ApolloApollo a déjà livré ce qui semble bien être une roche terrestre.
« Un ancien fragment de Vénus contiendrait une mine d'informations, commente Laughlin. L'histoire de Vénus est étroitement liée à des questions importantes dans le domaine de la science planétaire, notamment celles concernant l'afflux passé d'astéroïdes et de comètes, les histoires atmosphériques des planètes intérieures et l'abondance d'eau liquideliquide ».
Ce qu’il faut
retenir
- Il y a plus d'un milliard d'années, Vénus était peut-être habitable avec une atmosphère qui n'était pas aussi épaisse et dense qu'aujourd'hui.
- Des impacts de comètes ou d'astéroïdes pouvaient donc se produire au point d'éjecter des roches vénusiennes dans l'espace.
- Les orbites de Vénus et de la Terre sont telles que de véritables autoroutes orbitales pouvaient amener bon nombre de ces roches vers le système Terre-Lune.
- Sans érosion ni tectonique des plaques, la Lune pourrait avoir garder plusieurs météorites vénusiennes, bien distinctes par leur composition isotopique.