Marvel a la folie des grandeurs. Pendant dix ans, le studio a construit son univers au cinéma, présentant pas moins de 68 héros au cours de 18 films. Tous s’associent contre Thanos dans Avengers : Infinity War. Mais pour sa part, Iron Man a préféré jouer la carte de l’infiniment petit en matière d’armure. Et c’est inspirant. La nanotechnologie futuriste d’Iron Man fera-t-elle un jour de nous des superhéros ? C'est possible si l'on en juge par les pistes suivies par les chercheurs d'aujourd'hui.
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Dans les rues dévastées de New York, Tony Stark s'avance à la rencontre du danger. Soudain, une sorte de fluide métallique commence à l'envelopper et se muemue en une armure rouge et or scintillante. Pour le plus grand ravissement des fans, Iron Man, de retour dans Avengers : Infinity War, exhibe son dernier petit bijou de technologie, ou devrait-on plutôt dire de nanotechnologienanotechnologie, puisque son armure est constituée de nanorobots.
À ses côtés, tous les héros de l'univers cinématographique Marvel (MCU) se rassemblent pour contrer les plans apocalyptiques de Thanos et ses sbires. Face à ce redoutable super-méchant, ce n'est plus le monde qu'il faut sauver mais l'Univers tout entier. Car Thanos, en quête de six artefacts surpuissants appelés Pierres d'infinité, projette de s'en servir pour anéantir la moitié de l'Univers en un claquement de doigts. Inutile de préciser que le spectateur doit s'attendre à un affrontement explosif.
Un combat titanesque attend les héros Marvel, dans Avengers : Infinity War. Et pour cause, leur redoutable ennemi, Thanos, vient de la planète Titan. © Marvel FR, Youtube
La nanotechnologie : de la biomédecine à l’armure d’Iron Man
Alors que Tony Stark, alias Iron Man, s'apprête à affronter le plus grand méchant du MCU, quelques améliorations au niveau de son armement sont les bienvenues. Après l'armure transportée dans une mallette dans Iron Man 2 (2010), puis celle qui arrive en pièces détachées sur commande d'un simple geste du poignet dans Iron Man 3 (2013), place à l'armure construite à partir d'un essaim de nanorobots dans Avengers : Infinity War.
Mais d'où viennent tous ces nanorobots ? D'après les comics, ils seraient stockés à l'intérieur du corps de Tony Stark - la nouvelle armure s'inspire en effet d'un modèle apparu en 2010 dans Invincible Iron Man n°25. Ce n'est pas si effarant quand on sait que les applications premières de ces technologies sont en médecine.
Des chercheurs, comme Suping Li et ses collègues, conçoivent ainsi des nanorobots transporteurs de médicaments capables de circuler dans le sang. Injectés par intraveineuse dans l'organisme, ici de souris, ils se lancent à la chasse aux tumeurstumeurs. Ces dernières ont le malheur d'exprimer une protéineprotéine spécifique, détectable par des nanorobots munis à leur surface du récepteur moléculaire correspondant. Une fois leur cible repérée, les nanorobots déploient une arme destructrice, en l'occurrence une protéine responsable de la coagulationcoagulation sanguine appelée thrombine, qui étouffe les tumeurs.
Certes redoutables pour les tumeurs, ces petits guerriers constitués de brins d'ADNADN ne seront toutefois pas d'une grande utilité pour construire une armure. Mieux vaut miser sur des nanorobots en métal. Par exemple, ceux fabriqués par Jinxing Li et ses collègues sont composés d'un assemblage or-platine. En outre, à l'instar de l'armure d'Iron Man qui peut se régénérer à volonté, ces nanorobots ont pour mission de réparer de façon autonome des circuits électroniques endommagés. En se déplaçant à leur surface, ils repèrent et comblent les fissures qui font obstacle à leur déplacement, et rétablissent le courant car ils sont conducteurs.
Pour faire avancer les nanorobots, les chercheurs recourent souvent à un champ magnétique variable, mais certaines méthodes sont plus imaginatives. En effet, les concepteurs des nanorobots réparateurs de circuits ont mis au point un système de propulsion chimique. Ils ont mélangé les petits robotsrobots à une solution de peroxyde d'hydrogèneperoxyde d'hydrogène, avant de verser le tout sur les circuits. L'oxygèneoxygène libéré par la réaction entre le titanetitane et le peroxyde d'hydrogène propulse les nanorobots, un peu comme le moteur d'une fuséefusée. Dans le cas de l'armure de Tony Stark, il faudra en revanche admettre que les nanorobots puisent leur énergieénergie du mystérieux réacteur Arc, placé au centre de sa poitrine.
Tony Stark, homme augmenté, devient superhéros
Tout ceci n'explique pas comment le corps de Tony Stark peut résister à tant de coups et de chutes de plusieurs mètres ; ni comment il peut porter l'équivalent du poids d'une armure en nanorobots à l'intérieur de son corps. En effet, on rappelle souvent que Tony Stark n'est qu'un homme normal dans une armure. Cependant, les nanorobots changent la donne. Exploités au maximum de leur potentiel, ils pourraient faire de lui un surhomme.
Pour reprendre la classification de Shane Campbell-Staton, chercheur en biologiechercheur en biologie de l'évolution à l'université d'Illinois, nos héros Marvel préférés peuvent se répartir entre les athlètes d'élite et les humains augmentés - on omettra les extraterrestres. Les premiers, typiquement Hawkeye et Black Widow, ces grands gagnants à la loterie génétiquegénétique, possèdent certainement des mutations liées à l'endurance ou à la musculature, qu'ils ont ensuite développées par l'entraînement, comme certains sportifs olympiques.
Les humains augmentés, quant à eux, ont subi des modifications pour égaler, voire surpasser, les performances physiquesphysiques des super-athlètes. Ainsi, grâce à des techniques de bioingénierie, telle l'édition génétique par CRISPR-Cas9CRISPR-Cas9, on peut déjà prétendre pouvoir transformer un frêle Steve Rogers en Captain America en insérant de meilleures mutations dans son génomegénome. Dans le cas de Tony Stark, la technologie se charge de l'élever au statut de superhéros : son armure est un exosqueletteexosquelette, auquel il faut maintenant ajouter des nanorobots.
Les chercheurs prévoient dans les prochaines décennies l'arrivée de nanorobots aux capacités stupéfiantes, à injecter sous la peau ou à avaler. Incrustés dans les tissus, ils pourront les renforcer ou les réparer. Dans le sang, des globules rougesglobules rouges artificiels, ou respirocytes, pourront jouer le rôle de réservoir d'oxygène. Ou encore, des nanorobots souples placés entre le crânecrâne et le cerveaucerveau pourront protéger ce dernier des chocs violents.
Il va sans dire que ces technologies serviront avant tout à sauver des victimes en cas d'accidentaccident. Mais en les détournant un peu de leur application en médecine, les nanorobots pourraient aider Tony Stark à survivre à des combats épiques contre des méchants intergalactiques...
Avengers : Infinity War, réalisé par les frères Joe et Anthony Russo, est sorti au cinéma le 25 avril 2018.
Chronique SF
Parce que les sciences et technologies d'aujourd'hui relevaient de la fiction le siècle dernier, parce que la fiction d'aujourd'hui reflète la réalité du siècle prochain, la Chronique Science-fiction vous invite à réfléchir sur ce que la science-fiction peut nous dire sur notre monde, passé, actuel et futur. Ce rendez-vous du weekend est l’occasion de découvrir les fruits de la recherche sous l’angle du divertissement.
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