L’Agence spatiale européenne (ESA) et l’Agence spatiale russe (Roscosmos) collaborent pour Plasma Kristall-4 (PK-4), une expérience sur les plasmas complexes, mélanges gazeux à basse température composés de gaz ionisé, de gaz neutre et de particules microscopiques. En étudiant leur comportement en micropesanteur, les astronautes pourront valider des modèles physiques sur Terre et les appliquer dans de nombreux domaines tels que l'industrie ou la santé.


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    Depuis l'installation du laboratoire de PK-4, dans le module européen Columbus, sur la Station spatiale internationale (ISS) en 2014, plus d'une centaine d'expériences y ont été menées, et il devrait fonctionner jusqu'en 2023. Comme le souligne la Nasa, il permet à toute une communauté de scientifiques de mener une variété d'expériences qui ont un même point commun : l'utilisation de plasmas complexes.

    Qu’est-ce que le plasma ?

    La matière existe sous quatre états : solide, liquide, gazeux, et plasma. Ce dernier est composé d'électrons, d'ionsions et de gazgaz neutre, et il est partiellement ou totalement ionisé, et électriquement neutre. Il peut s'obtenir en portant un gaz à très haute température. En chauffant, l'énergieénergie est apportée, causant l'excitation des moléculesmolécules et des atomesatomes desquels les électrons se séparent des noyaux qui deviennent des ions. 

    Bien que les plasmas soient les moins communément connus des quatre états de la matièreétats de la matière, ils se trouvent partout et représentent plus de 99 % de la matière visible de l'UniversUnivers. Par exemple, le SoleilSoleil est en réalité une boule de plasma qui se trouve aussi dans la foudrefoudre, ou au cœur des flammes, mais aussi dans les écrans de télé, les néonsnéons ou les phares de voituresvoitures. Dans le domaine spatial, ils sont utilisés dans les moteurs qui propulsent les satellites. 

    Les plasmas complexes, eux, sont une catégorie particulière qui contient en plus des microparticules ou nanoparticulesnanoparticules en suspension, mais le tout se comporte comme un plasma. Les comètes, les anneaux des planètes ou la poussière interplanétaire sont tous des exemples de plasmas complexes.

    Principe de fonctionnement du laboratoire

    Les astronautesastronautes injectent des particules de poussière microscopiques qui miment les atomes dans un tube de néontube de néon ou d'argonargon. Elles se retrouvent dans un gaz chargé, des ions positifs s'accumulent autour d'elles, elles se chargent progressivement négativement et se repoussent de plus en plus, de la même façon que des atomes dans un fluide. L'interaction des composantes de cette soupe crée des cristaux de plasma. 

    L'astronaute russe Sergei Prokopev durant une expérience de Plasma Kristall-4. © Nasa
    L'astronaute russe Sergei Prokopev durant une expérience de Plasma Kristall-4. © Nasa

    Les microparticules utilisées dans ce système sont assez grandes pour être observées individuellement en vidéo microscopique. La visualisation de plasmas complexes est équivalente à celle d'un système atomique à travers un microscopemicroscope, permettant de cibler un atome et de comprendre ses mouvementsmouvements.

    Les chercheurs mènent différentes expériences, mais qui peuvent se diviser en trois catégories :

    1. L'étude des propriétés microscopiques des plasmas complexes : charge des particules, interactions fondamentales, agglomération, croissance des particules. 
    2. L'étude des propriétés macroscopiques des plasmas complexes : hydrodynamique, viscositéviscosité, thermodynamique...
    3. L'étude des propriétés de systèmes constitués de nombreuses particules : processus dynamiques tels que la cristallisation et la fontefonte, ou la nanofluidiquenanofluidique

    Il est impossible de mener ces recherches sur Terre car, au sol, certaines caractéristiques des plasmas sont masquées par la gravité. Sous l'effet de cette dernière, les particules de poussière tomberaient et ne se comporteraient pas de manière réaliste. En revanche, dans l'espace, elles fonctionnent comme le feraient les atomes dans un fluide. 

    Chambre à plasma sur Terre (à gauche) et dans l'espace (à droite). © ESA
    Chambre à plasma sur Terre (à gauche) et dans l'espace (à droite). © ESA

    Implications futures

    L'expérience PK-4 contribue à une meilleure compréhension des plasmas, amenant des progrès pour les industries qui les utilisent. Puisque cet état de matière est présent partout dans l'espace, mieux le connaître permettra de concevoir des vaisseaux spatiaux améliorés

    Les recherches à bord de l'ISS se sont déjà avérées fructueuses. Elles ont contribué au développement d'un dispositif qui désinfecte les plaies en y appliquant des plasmas froids, permettant ainsi une meilleure cicatrisationcicatrisation. Le plasma froid pourrait aussi servir à stériliser l'air en y détruisant 99,9 % des virus