En août 2014, le lanceur russe Soyouz avait raté leur mise à poste de deux satellites Galileo et suscité une éphémère polémique sur l’avenir de cette constellation et l’intérêt d’utiliser ce lanceur russe en Guyane. La nécessité pour l’Europe de disposer de son propre GPS n'est plus à démontrer et le Soyouz a toute sa place dans la gamme des lanceurs d’Arianespace. Aujourd’hui on remet donc les compteurs à zéro. Un Soyouz est de nouveau installé sur son pas de tir avec deux autres satellites Galileo à lancer ce soir.

au sommaire


    Le lanceur Soyouz, sans les satellites qu'il transportera, installé sur son pas de tir du Centre spatial guyanais. © Esa, Cnes, Arianespace, service optique CSG

    Le lanceur Soyouz, sans les satellites qu'il transportera, installé sur son pas de tir du Centre spatial guyanais. © Esa, Cnes, Arianespace, service optique CSG

    Moins d'un an après l'échec de la mise en orbite de deux satellites Galileo, les 5 et 6 sur les 30 que comptera la constellation lorsqu'elle sera complète, le lanceur russe SoyouzSoyouz s'apprête à repartir. Dans la nuit d'aujourd'hui à samedi, il décollera à 22 h 46, heure de Paris, avec à son bord les satellites 7 et 8. Pour cette mission VS11, la performance demandée au lanceur est de 1.597 kgkg, dont environ 1.428 kg représentent la masse des deux satellites Galileo à séparer sur l'orbite circulaire visée à 23.522 km d'altitude et inclinée à 55,040°. Du décollage à la séparationséparation du dernier des deux satellites, la mission est prévue pour durer 3 h 47 mn.

    C'est avec confiance qu'Arianespace et l'Agence spatiale européenneAgence spatiale européenne ont autorisé la reprise du déploiement de la constellation Galileoconstellation Galileo. En effet, les causes de l'échec qui avait entraîné en août 2014 l'injection des 5e et 6e satellites Galileo sur une orbite plus basse que celle qui était visée sont connues et ont été corrigées. Il s'agissait du gelgel de la ligne d'alimentation en hydrazine de l'étage supérieur du lanceur. Depuis, cette version du lanceur Soyouz a été utilisée avec succès à plusieurs reprises, notamment pour le lancement réalisé en décembre 2014 depuis le Centre spatial guyanais qui a permis de mettre en orbite quatre nouveaux satellites de la constellation O3B.

    Le composite supérieur du lanceur Soyouz avec à l'intérieur deux satellites de la constellation Galileo. © Esa, Cnes, Arianespace, service optique CSG

    Le composite supérieur du lanceur Soyouz avec à l'intérieur deux satellites de la constellation Galileo. © Esa, Cnes, Arianespace, service optique CSG

    Ces vols préliminaires à la reprise du déploiement de la constellation Galileo étaient une exigence de la Commission européenne, qui finance le projet. À cette contrainte s'est greffée une polémique inutile née de la volonté d'un petit nombre de politiciens du Parlement européen de se passer de ce lanceur russe pour le déploiement de la constellation, prétextant des relations tendues avec la Russie à la suite de crise ukrainienne et des doutes sur la fiabilité du lanceur. Mais avec 1835 tirs au compteur, Soyouz est un lanceur fiable et il est tout de même celui qui envoie en sécurité dans l'espace des hommes et des femmes depuis plusieurs décennies. Si la NasaNasa, l'Agence spatiale européenne, le Cnes et Roscosmos n'hésitent pas à lui confier leurs astronautesastronautes et cosmonautescosmonautes, l'Europe peut bien lui confier quelques satellites...

    Certes, pour déployer la constellation Galileo, ArianespaceArianespace prévoit d'utiliser la version ES d'Ariane 5Ariane 5, celle de l'ATV, pour en lancer quatre par tir. Cependant, si le lanceur et son adapteur satellite sont prêts, OHB (qui construit les satellites avec Surrey Satellite Technology) ne les a toujours pas qualifiés pour un lancement à bord d'une Ariane 5.

    Après ce lancement, Arianespace poursuivra le déploiement des autres satellites Galileo cette année avec deux autres missions Soyouz dans le courant de cette année. La question de la pérennité du lanceur russe en Guyane devra se poser à l'horizon 2020 au moment de l'entrée en service de la future Ariane 6, déclinée en deux configurations. La version de base de ce lanceur (Ariane 62) visera un coût d'utilisation d'environ 70 millions d'euros le tir, comparable à celui du Soyouz, en hausse continue depuis son premier vol en Guyane.

    Ce nouveau lanceur européen se destine à capter le marché des satellites institutionnels de l'Europe et donc aura un impact négatif sur le carnet de commandes du Soyouz russe. Cependant, l'essor de projet de constellations de satellites, dont certaines comptent plusieurs centaines de satellites (648 pour le projet OneWebOneWeb), ouvre de nouvelles opportunités commerciales, de sorte qu'Arianespace sera très heureuse de disposer avec le Soyouz d'un lanceur capable de capter une partie de ce marché.