Deux nouvelles superterres viennent d'être dénichées par une équipe internationale d'astronomes, orbitant toutes deux autour de l'étoile LP 890-9. Et l'une d'entre elles se trouverait dans la zone d'habitabilité !


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    Deux nouvelles superterres s'ajoutent aujourd'hui au tableau des exoplanètes découvertes. Dénichées grâce aux télescopes du projet Speculoos (Search for habitable Planets EClipsing ULtra-cOOl Stars) qui consiste à chercher des planètes habitables autour d'étoiles peu lumineuses et froides, elles orbitent autour de l'étoile LP 890-9, aussi appelée TOI-4306 ou Speculoos-2.

    Cette petite étoile naine rouge se situe à quelque 100 années-lumière de la Terre, et se trouve être la deuxième étoile la plus froide autour de laquelle on n'ait jamais retrouvé des exoplanètes ! Après Trappist-1, l'étoile la plus froide connue pour héberger des planètes, 7 à son actif ! Les deux nouvelles découvertes ont été détaillées dans une étude parue dans la revue Astronomy & Astrophysics.

    Des périodes orbitales de 2 et 8 jours, pourtant l'une des deux se situe dans la zone d'habitabilité

    Les deux planètes orbitent rapidement autour de leur étoile : la plus interne effectue un tour complet en seulement 2,73 jours, et l'autre, en 8,46 jours ! La planète intérieure, appelée LP 890-9b, dépasse de 30 % la taille de la Terre. Détectée initialement par le télescope spatialtélescope spatial Tess (pour Transiting Exoplanet Survey SatelliteTransiting Exoplanet Survey Satellitede la NasaNasa, qui détecte des exoplanètes proches par la méthode des transitstransits, elle a ensuite été confirmée, puis caractérisée, grâce à Speculoos.

    « Tess recherche des exoplanètes par la méthode des transits, en surveillant simultanément la luminositéluminosité de milliers d'étoiles, en recherchant les légers obscurcissements qui pourraient être provoqués par des planètes passant devant leurs étoiles », explique Laetitia Delrez dans un communiqué, première auteure de l'étude et chercheuse postdoctorale à l'Université de Liège.

    « Cependant, un suivi avec des télescopes au sol est souvent nécessaire pour confirmer la nature planétaire des candidats détectés et affiner les mesures de leurs tailles et propriétés orbitalesorbitales. » En effet, le télescope Tess est peu sensible aux infrarougesinfrarouges, et l'étoile LP 890-9 émet principalement dans ce domaine.

    Comparaison entre le système LP 890-9 et le Système solaire interne. Le système LP 890-9 est beaucoup plus compact : ses deux planètes pourraient facilement tenir à l'intérieur de l'orbite de Mercure, la planète la plus interne de notre Système solaire. © Adeline Deward, Rise-Illustration
    Comparaison entre le système LP 890-9 et le Système solaire interne. Le système LP 890-9 est beaucoup plus compact : ses deux planètes pourraient facilement tenir à l'intérieur de l'orbite de Mercure, la planète la plus interne de notre Système solaire. © Adeline Deward, Rise-Illustration

    Quant à la deuxième planète, la plus extérieure, c'est elle qui attire le plus l'attention des chercheurs : baptisée LP 890-9c et d'une taille similaire à LP 890-9b, elle se situerait dans la zone d'habitabilité bien qu'elle ait une période orbitalepériode orbitale très courte : seulement 8,5 jours !

    « Bien que cette planète orbiteorbite très près de son étoile, à une distance environ 10 fois plus courte que celle de MercureMercure autour de notre SoleilSoleil, la quantité d'irradiationirradiation stellaire qu'elle reçoit est encore faible, et pourrait permettre la présence d'eau liquideliquide à la surface de la planète, à condition d'avoir une atmosphèreatmosphère suffisante, explique Francisco J. Pozuelos, coauteur de l'étude et chercheur à l'Institut d'AstrophysiqueAstrophysique d'Andalousie. C'est parce que l'étoile LP 890-9 est environ 6,5 fois plus petite que le Soleil et a une température de surface deux fois moins élevée que celle de notre Étoile. Cela explique pourquoi LP 890-9c, bien qu'elle soit beaucoup plus proche de son étoile que la Terre ne l'est du Soleil, pourrait encore avoir des conditions propices à la vie. »

    Le saviez-vous ?

    Le terme « superterre » ou « super-Terre » désigne une exoplanète dont la masse est comprise entre un dixième de celle de la Terre et 5 fois sa masse. Le terme, que l'on associe souvent à une planète rocheuse d'une masse similaire à la Terre, est assez récent ; il a été introduit en 2002 à la suite de l'utilisation de « super-earth » dans une revue scientifique. Bien que l'on parle souvent de planète tellurique située dans la zone d'habitabilité lorsque l’on désigne une superterre, la nature de celle-ci n'est pas forcément rocheuse : il existe des superterres gazeuses !

    Une cible de premier choix pour de la recherche de vie par James-Webb

    Cette découverte est ainsi encourageante pour la recherche de vie : l'étoile LP 890-9 devient l'une des principales cibles de choix pour James-Webb, après les planètes du système Trappist-1 ! Selon Laetitia Delrez, elle serait même une cible de premier choix, notamment pour la plus grande traçabilitétraçabilité chimique de son atmosphère.

    « Cette comparaison ne tient cependant pas compte du fait que LP 890-9c est situé près de la limite intérieure de la zone habitable et pourrait donc avoir une atmosphère particulièrement riche en vapeur d'eau, ce qui renforcerait alors ses signaux atmosphériques. De plus, les modèles diffèrent souvent quant à la position exacte de cette limite intérieure de la zone habitable en fonction des caractéristiques de l'astreastre. La découverte du LP 890-9c offre donc une opportunité unique pour mieux comprendre et contraindre les conditions d'habitabilité autour des étoiles les plus petites et les plus froides de notre voisinage solaire », conclut-elle.

    Vue d'artiste du système Trappist-1 comparé au Système solaire. La surface de chaque planète Trappist-1 est basée sur des scénarios physiques possibles. La zone verte correspond à la « zone habitable » d'eau liquide. © Nasa/JPL-Caltech
    Vue d'artiste du système Trappist-1 comparé au Système solaire. La surface de chaque planète Trappist-1 est basée sur des scénarios physiques possibles. La zone verte correspond à la « zone habitable » d'eau liquide. © Nasa/JPL-Caltech