Avec une température moyenne de 42 °C en surface, la nouvelle exoplanète Gliese 12 b découverte à 40 années-lumière de la Terre a de quoi faire rêver. Rare exemple d’une exo-Vénus tempérée, son habitabilité reste maintenant suspendue à la présence ou non d’une atmosphère.


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    En 2021, des astrophysiciensastrophysiciens faisaient la découverte d'une petite étoile froide située à environ 40 années-lumière de la Terre. Anodin ? Pas vraiment. Car depuis quelques années, Tess (Transiting Exoplanet Survey Satellite), le chasseur d’exoplanètes de la Nasa, nous a montré que ce type d'étoiles, les naines rouges, abritent souvent des systèmes planétaires notamment composés de petites planètes rocheusesplanètes rocheuses.  

    Rare découverte d’une exo-Vénus a priori tempérée

    Une équipe de scientifiques s'est donc penchée sur le cas de Gliese 12, en recherchant des signes de transit d'une ou de plusieurs exoplanètes autour de cette étoile. Et là, bingo ! Dans un article publié dans la revue Monthly Notices of the Royal Astronomical Society, les chercheurs dévoilent leur nouvelle découverte : Gliese 12 b. Loin d’être une exoplanète exotique, comme il en existe beaucoup dans le catalogue qui ne cesse d'être implémenté jour après jour, Gliese 12 b s'avère être une exoplanète rocheuse de la taille de VénusVénus, c'est-à-dire un peu plus petite que la Terre. Même si la découverte d'exo-Terre (ou d'exo-Vénus) devient presque banale grâce aux moyens de détection de plus en plus perfectionnés dont nous disposons, Gliese 12 b possède tout de même une spécificité qui lui donne un intérêt bien particulier. Car elle présente une température de surface qui la fait entrer dans la catégorie des planètes potentiellement habitables. Avec 42 °C en moyenne, Gliese 12 b s'avère en effet être une planète tempérée, un peu plus chaude que la Terre (dont la température moyenne est de 15 °C). Une découverte qui est particulièrement rare, la plupart des exoplanètes rocheuses étant le plus souvent soit gelées, soit surchauffées.

    Comparaison entre la Terre et les différentes estimations de taille de Gliese 12 b. Les trois exemples sont présentés avec des scénarios atmosphériques différents, absence d'atmosphère à gauche, atmosphère terrestre au milieu, et atmosphère vénusienne à droite. © Nasa, JPL-Caltech, R. Hurt (Caltech-IPAC)
    Comparaison entre la Terre et les différentes estimations de taille de Gliese 12 b. Les trois exemples sont présentés avec des scénarios atmosphériques différents, absence d'atmosphère à gauche, atmosphère terrestre au milieu, et atmosphère vénusienne à droite. © Nasa, JPL-Caltech, R. Hurt (Caltech-IPAC)

    Avec cette température, en tout cas, Gliese 12 b présente le potentiel d'abriter des océans d'eau liquideliquide en surface. Or, on sait à quel point l'eau est un élément crucial pour un éventuel développement d'une vie extraterrestre.

    La question critique de l’atmosphère

    Encore faudrait-il que la planète possède une atmosphèreatmosphère. Et ça, les scientifiques n'en ont pour l'instant aucune idée. L'estimation de la température de surface repose ainsi sur l'hypothèse que la planète... n'en possède pas ! Si c'est le cas, cela mettrait un terme à la question de son habitabilité. Si elle en possède une, tout reste par contre possible, dans un sens comme dans l'autre. Car si la présence d'une atmosphère peut permettre, comme c'est le cas sur Terre, le maintien de conditions constantes et optimales pour le développement d'une activité biologique, l'exemple de Vénus nous montre que la situation peut vite dégénérer. Une atmosphère trop dense ferait certainement basculer Gliese 12 b dans la catégorie des enfers surchauffés, avec des températures bien loin des 42 °C estimés actuellement.

    Bien qu'elle présente de fortes similarités avec la Terre, Vénus a une atmosphère épaisse qui piège la chaleur dans un effet de serre incontrôlé (<em>runaway greenhouse</em>), ce qui en fait la planète la plus chaude de notre Système solaire. © Nasa, JPL-Caltech
    Bien qu'elle présente de fortes similarités avec la Terre, Vénus a une atmosphère épaisse qui piège la chaleur dans un effet de serre incontrôlé (runaway greenhouse), ce qui en fait la planète la plus chaude de notre Système solaire. © Nasa, JPL-Caltech

    Une future cible pour le JWST

    Quoi qu'il en soit, Gliese 12 b est actuellement l'une des exoplanètes les plus prometteuses. Une cible idéale pour les yeuxyeux perçant du télescope spatial James-Webbtélescope spatial James-Webb (JWST). L'avantage de Gliese 12 b est qu'elle effectue un transit devant son étoile, ce qui n'est pas le cas de toutes les exoplanètes découvertes à ce jour. En passant devant son étoile (par rapport à notre point de vue bien sûr), elle fait ainsi légèrement varier sa luminositéluminosité. C'est notamment ce qui a permis de la découvrir. Mais cela devrait également permettre au JWST d'étudier la composition de son atmosphère. Lors d'un transit, la lumière de l'étoile traverse en effet l'atmosphère de son exoplanète (si elle en possède une). En fonction de la composition atmosphérique, certaines longueurs d'ondelongueurs d'onde sont alors absorbées. Au final, le spectrespectre de couleurscouleurs capté par le télescope peut permettre de définir quelles moléculesmolécules sont présentes.

    En attendant ces futures analyses, il est certain que même si Gliese 12 b s'avère être un monde habitable, elle restera très différente de la Terre. La planète orbiteorbite en effet à très courte distance de son étoile et effectue une révolution complète en seulement 12 jours ! Malgré le fait que son étoile ne représente que 27 % de la taille de notre SoleilSoleil, sa quantité d'énergieénergie reçue est donc 1,6 fois supérieure à celle que nous recevons. Dans ce contexte, les caractéristiques de l'atmosphère vont jouer un rôle crucial.

    Dans tous les cas, Gliese 12 b devrait apporter des informations essentielles à la compréhension de notre propre Système solaireSystème solaire. En présentant certainement des conditions intermédiaires entre Vénus et la Terre, elle permettra en effet de mieux comprendre quels facteurs déterminent l’évolution de ce type de planètes rocheuses.