Grâce aux données fournies par les sondes Voyager, en train de sortir du système solaire, une énigme astrophysique est en passe d'être résolue : celle de la stabilité du nuage interstellaire local à travers lequel fonce notre système solaire. Le champ magnétique local y est plus intense que prévu, protégeant le nuage du souffle des supernovae.

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    Les bulles de gaz coronal dont celle entourant le Soleil (Représentation d'artiste). Crédit : Wikimedia commons

    Les bulles de gaz coronal dont celle entourant le Soleil (Représentation d'artiste). Crédit : Wikimedia commons

    Les astrophysiciensastrophysiciens savent depuis longtemps que notre système solaire est plongé dans un nuagenuage d'hydrogène et d'hélium d'une trentaine d'années-lumière de diamètre et porté à une température comparable à celle de la surface du Soleil, c'est-à-dire 6.000 kelvinskelvins. Or, ils savent aussi que ce nuage interstellairenuage interstellaire local (ainsi l'appelle-t-on) est lui-même plongé dans une série de bulles de gazgaz coronal portées à des températures de plusieurs millions de degrés. Ce sont les restes des explosions de plusieurs supernovaesupernovae datant d'une dizaine de millions d'années environ.

    Ces observations sont paradoxales. En effet, le souffle des explosions des supernovae aurait dû volatiliser le nuage local depuis longtemps. Comment expliquer sa remarquable stabilité ? En faisant intervenir de la matière noirematière noire comme pour le gaz intergalactique entourant les amas de galaxiesamas de galaxies ?

    Une explication bien plus probable et qui plus est directement soutenue par des observations vient d'être avancée dans un article de Nature par un groupe de chercheurs utilisant les données sur les champs magnétiqueschamps magnétiques mesurées par Voyager 1 et surtout Voyager 2Voyager 2 dans leur périple au-delà de l'héliopausehéliopause de notre système solaire.

    Le nuage local avec les étoiles Sirius, Procyon entourant le Soleil. En jaune, la direction du mouvement du Soleil et en bleu la direction du centre de la Galaxie. Crédit : Linda Huff (<em>American Scientist</em>) Priscilla Frisch (<em>University of Chicago</em>)
    Le nuage local avec les étoiles Sirius, Procyon entourant le Soleil. En jaune, la direction du mouvement du Soleil et en bleu la direction du centre de la Galaxie. Crédit : Linda Huff (American Scientist) Priscilla Frisch (University of Chicago)

    Une bulle de plasma de 650 années-lumière nous entoure

    Contrairement à ce que l'on pensait, le nuage local est particulièrement magnétisé par un champ dont l'intensité dépasse les 4 microgauss (celui de la Terre est de l'ordre de 0,5 gauss, c'est-à-dire 50 microteslas). Il y a donc une densité d'énergieénergie magnétique qui peut s'opposer à la pressionpression exercée par les bulles de gaz coronal chaud des supernovae ayant explosé récemment dans le voisinage du nuage local.

    Le diamètre de la bulle locale entourant le système solaire est d'environ 650 années-lumière. Elle est située dans le bras d'OrionOrion de la Voie lactéeVoie lactée et il est probable qu'elle a été laissée par la supernova à l'origine du pulsarpulsar Geminga.

    La pression exercée par le nuage local est compensée par celle de l'héliosphèrehéliosphère solaire et l'influence du champ magnétique du Soleil. Cette découverte implique donc que la taille de l'héliosphère pourrait changer de façon substantielle lors de son voyage autour du bulbe de la Voie lactée et ses collisions avec d'autres nuages interstellaires fortement magnétisés. Ces nuages pourraient en effet l'être plus que l'on ne le pensait jusqu'à maintenant puisqu'on a l'exemple même du nuage local. Or les limites de l'héliosphère influencent le flux de rayons cosmiquesrayons cosmiques bombardant le système solaire. On pourrait donc s'attendre à des surprises dans le futur, ou inversement dans l'histoire passée du système solaire.