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Une vue d'artiste de l'observatoire Gaia, quand il sera à son poste au point de Lagrange L2, à 1,5 millions de km de la Terre. Pendant au moins cinq ans, cet instrument d'astrométrie spatiale observera minutieusement plus d'un milliard d'objets de la Voie lactée, représentée ici en arrière-plan. © Esa
Les astronomesastronomes du monde entier ont ce jeudi 19 décembre les yeuxyeux tournés vers le Centre spatial guyanais (CSG). La très attendue mission Gaia, de l'Esa, débute avec le lancement d'une SoyouzSoyouz ST-B. L'événement est retransmis en direct par l'Esa et sur une page spéciale de Futura-Sciences. Vous y suivrez les opérations à partir de 9 h 45 (heure de Métropole). Jean-Pierre Luminet, astronome passionné, est présent au CSG pour commenter l'événement. Sur notre page, vous pourrez laisser des commentaires et vous retrouverez les articles que nous avons consacrés à cette mission préparée depuis de nombreuses années.
C'est en effet un événement pour l'astronomie. Le satellite de deux tonnes sera injecté sur la trajectoire qui l'amènera à 1,5 million de kilomètres de la Terre, autour du point de Lagrange L2 du système Terre-Soleil. Dans cette zone où s'annulent les gravités terrestre et solaire, protégé par un pare-soleil efficace, GaiaGaia (Global astrometric interferometer for astrophysics)) regardera les étoiles avec ses deux télescopestélescopes identiques (1,45 x 0,50 m d'ouverture) formant une image sur 106 capteurscapteurs CCDCCD totalisant un milliard de pixelspixels. Son travail est ingrat : mesurer les distances, les positions et les vitessesvitesses des objets qu'il surveillera. Il le fera avec une précision exceptionnelle : sept microsecondes d'arc, soit 7/3.600.000.000 de degré. Cette mission d'astrométrie est un travail de fourmifourmi, d'autant que Gaia s'apprête à cartographier ainsi plus d'un milliard d'objets de la Voie lactée. Lancé en 1989, le satellite Hipparcos, qui a ouvert le domaine de l'astrométrie spatiale, avait positionné 100.000 étoiles.
Un éclaté de l'observatoire Gaia, d'une masse au décollage de 2,1 t. Les deux télescopes, identiques et orientés à 106,5° l'un par rapport à l'autre, ont des miroirs rectangulaires (1,45 x 0,5 m). Le pare-soleil (10,5 m de diamètre), sur lequel sont installés six panneaux solaires, protège les instruments de la lumière du Soleil. © Idé
L'astrométrie, un travail précieux dans de multiples domaines
La tâche évoque l'astronomie de position, que pratiquaient les astronomes d'avant les lunettes et les télescopes, mais elle reste fondamentale aujourd'hui. Connaître avec davantage de précision les positions et les mouvementsmouvements des étoiles, c'est aussi mieux comprendre la formation des galaxiesgalaxies. Comme il analysera aussi le spectre des astresastres, Gaia donnera du grain à moudre aux astrophysiciensastrophysiciens qui s'intéressent au fonctionnement interne des étoiles.
Il servira également à estimer l'influence de la matière noire et participera à la chasse aux exoplanètes par la méthode des transitstransits (affaiblissement de la luminositéluminosité d'une étoile lorsqu'une de ses planètes passe dans la ligne de visée). Enfin, il pourrait détecter des déviations de la lumièrelumière provenant d'astres plus lointains par effet gravitationnel. Cette mission, prévue pour durer cinq ans, est donc ambitieuse, et si le lancement réussit, l'observatoire Gaia ne manquera pas d'alimenter régulièrement l'actualité astronomique, au même titre que Herschel, HubbleHubble, Kepler, SohoSoho et d'autres télescopes spatiaux.