Le mystérieux Stonehenge a été construit en suivant la trajectoire de notre Soleil. Mais les archéoastronomes pensent que le site cache également un lien étroit avec notre Lune. Et dans les mois qui viennent, ils vont avoir une occasion unique de mettre leur théorie à l’épreuve grâce à un événement astronomique exceptionnel.


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    Tous les 18 à 19 ans, il se produit dans notre ciel, un phénomène étonnant. Tous les 18,6 ans, exactement. Les Anglophones parlent de « major lunar standstill ». Parce qu'à ce moment-là, la Lune semble s'arrêter de bouger. Les astronomesastronomes ont aujourd'hui une explication. Ce phénomène se produit quand notre satellite atteint sa déclinaison maximale. Comprenez qu'il se trouve alors dans sa position la plus éloignée par rapport à l'équateuréquateur terrestre. Cela arrive selon un cycle régulier gouverné par les forces gravitationnellesforces gravitationnelles à la fois de la Terre, du Soleil et d'autres corps célestes.

    Envie d'en apprendre plus sur Stonehenge ? Franck Menant vous explique tout dans cet épisode de Futura dans les Étoiles. © Futura

    C'est l'occurrence assez unique, dans une carrière scientifique, de ce phénomène de « major lunar standstill » que des chercheurs britanniques veulent saisir pour explorer le lien qui pourrait exister entre Stonehenge et notre Lune. Car les scientifiques pensent que la première phase de constructionconstruction du monument mystérieux a pu coïncider avec un « arrêt lunaire majeur ». Et cela pourrait expliquer pourquoi certaines pierres de Stonehenge se trouvent alignées avec les positions extrêmes de la Lune.

    La Lune bientôt dans des positions extrêmes

    Il faut savoir que le « major lunar standstill » correspond aussi à un moment où notre satellite naturel atteint ses positions les plus septentrionales et les plus méridionales les plus éloignées les unes des autres dans notre ciel. La Lune se lève et se couche alors à des endroits sur l'horizon que le Soleil n'atteint jamais. Cela aurait bien pu avoir une signification pour nos lointains ancêtres. Peut-être y ont-ils vu une période où la divinité lunaire prenait le dessus sur la divinité solaire. Et organisé en conséquence des célébrations religieuses, spirituelles ou sociales.

    Le saviez-vous ?

    Le blog du site de Stonehenge rappelle que l’observation de l’alignement de pierres de Stonehenge avec les positions extrêmes de la Lune dans notre ciel remonte à plus de 60 ans. De manière indépendante par un professeur d’astronomie d’une part et un astronome amateur d’autre part.

    « De nos jours, contrairement à ce qui se passe pour le Soleil, suivre les extrêmes de la Lune n'est pas simple. Cela nécessite des mesures spécifiques, un timing et des conditions météorologiques particulières. Nous voulons comprendre un peu ce que c'était que de vivre ces levers et couchers de lune extrêmes et d'être témoins de leurs effets visuels sur les pierres, explique Amanda Chadburn, chercheuse invitée à l'Université de Bournemouth, dans un communiqué de l’université de Leicester. Nous allons documenter tout ça à travers des images dans l'espoir de percer la relation complexe entre le paysage, les pierres de Stonehenge et la Lune au cours d'un "arrêt lunaire majeur" ».

    Des pierres de Stonehenge alignées avec la Lune ?

    Les archéoastronomes commenceront leurs travaux en ce printemps 2024 et étudieront le « major lunar standstill » jusqu'à la mi-2025. Ils s'intéresseront notamment à la partie sud-est de Stonehenge. Entre 3 000 et 2 500 ans avant J.-C., en effet, la population enterrait là des restes incinérés. Autour du cercle de pierres -- bien avant qu'il n'existe -- et dans les « Aubrey Holes », 56 fosses qui ont pu, à l'origine, abriter des poteaux de boisbois ou de pierres. Or cette direction est également celle de la position la plus méridionale de la Lune.

    Les scientifiques pensent que les mouvements lunaires de type <em>« major lunar standstill »</em>, uniques dans une génération, ont pu être remarqués au début de Stonehenge et ont donc influencé la conception ultérieure du monument. © <em>English Heritage</em>, CC by-4.0
    Les scientifiques pensent que les mouvements lunaires de type « major lunar standstill », uniques dans une génération, ont pu être remarqués au début de Stonehenge et ont donc influencé la conception ultérieure du monument. © English Heritage, CC by-4.0

    Autre point qui attira l'attention des chercheurs, le grand axe du rectangle formé par les quatre « Station Stones ». Il est également orienté en direction du lever de lune le plus au sud. Était-ce intentionnel ? Et si oui, quel en était l'objectif ? Les réponses que les archéoastronomes apporteront à ces questions dans les mois qui viennent seront d'autant plus importantes que les « Station Stones » ont servi, bien plus tard, à construire le grand cercle de pierres de Stonehenge. De quoi, potentiellement, établir un lien durable entre les cycles lunaires et l'architecture du lieu.

    Notez que l'organisme chargé de la gestion du patrimoine historique d'Angleterre, English Heritage, diffusera, en direct, le lever de lune le plus au sud de Stonehenge.