Futura vous emmène hors des sentiers battus, à la découverte de la médecine chinoise et, plus particulièrement de la réflexologie plantaire. D'aucuns pourraient penser qu'il ne s'agit que de balivernes quand d'autres n'y verront que des massages. Laissons David Tran, président fondateur de l'Institut franco-chinois de Réflexologie, nous expliquer son art et cette médecine qui existe depuis 5.000 ans. 


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    Hors des sentiers de la science occidentale, Futura s'aventure et part en exploration au cœur de la médecine chinoise. Notre guide sera David TranDavid Tran, président fondateur de l'Institut franco-chinois de Réflexologie, qui pratique la réflexologie, une technique qui considère la voûte plantaire comme une télécommande pour agir sur le reste du corps... Communément pratiquée en Chine, elle est considérée par les médecins occidentaux comme, au mieux, une technique de massage.

    Laissant à d'autres générations le soin de rapprocher ces pratiques ancestrales de réalités physiologiques, David Tran, , évoque son art comme une évidence. Le doute n'est pas de mise dans les médecines traditionnelles. Il faut y croire... La méthode scientifique n'a d'ailleurs guère de prises pour un débat. Si Futura ne cautionne en rien les affirmations sur les flux d'énergieénergie ou les cinq éléments fondamentaux de l'universunivers, on peut s'y intéresser, même avec les yeuxyeux du scientifique, quand la réflexologie, comme le reste de la médecine chinoise, affirme l'importance du psychisme dans l'évolution d'une maladie. Les médecins occidentaux constatent, eux aussi, l'effet du moral et des convictions d'un patient. Ils préfèrent parler d'effet placeboplacebo, par exemple. Des réalités sous-jacentes sont peut-être encore à découvrir...

    Qu'est-ce que la réflexologie ?

    David Tran nous donne sa vision de la réflexologie :

    La réflexologie est une médecine traditionnelle chinoise. Elle revendique cinq mille ans d'existence. Les Chinois ont toujours considéré que le pied était à la fois sentinelle et porteporte-parole de la santé physiquephysique et mentale. Les Chinois ont toujours accordé une place prépondérante à cette partie du corps bien souvent ignorée en Occident. Dans certains temples en Chine, on honore encore le culte du pied de Bouddha. On raconte que Bouddha a mesuré l'Univers en faisant sept pas dans chacune des directions de l'Espace, de la Terre, du Ciel et du Monde Intermédiaire.

    Réflexologie palmaire. © David Tran
    Réflexologie palmaire. © David Tran

    L’étymologie du mot « pied » en chinois signifie littéralement « partie du corps qui sauvegarde la santé »

    Autrefois, dans les grandes familles chinoises, l'homme pouvait avoir plusieurs concubines. Le soir, la jeune femme choisie recevait un privilège exclusif : une séance de massage des pieds. Un professionnel, en général le médecin de famille, stimulait ainsi son tonus sexuel.Cette pratique constituait une étape indispensable aux préliminaires amoureux.

    Vers 1644, l'invasion des Mandchous, que les Chinois n'estimaient guère, a mis un terme à cette coutume. Un autre usage vit le jour, le « Kien Lien », qui devint obligatoire pour les filles dès l'âge de douze ans : les jeunes filles qui désiraient entrer dans une famille bourgeoise en tant que concubine ou épouse officielle avaient des chances d'être choisies si leurs pieds ne mesuraient que dix centimètres.

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    Fillettes chinoises aux pieds bandés prise vers 1900. © DP
    Fillettes chinoises aux pieds bandés prise vers 1900. © DP

    On mit au point la technique dite du « Kien Lien » qui signifie « Lotus d'Or ». Avec une bande de tissu blanc, on rapprochait les quatre petits orteils le plus possible du talon en pliant la plante du pied en deux. Ce bandage était porté pendant deux ou trois ans. La douleur était insupportable pendant les six premiers mois. Elle diminuait progressivement jusqu'à la perte complète de toute sensibilité. Cette technique maintenait sous une continuelle tension les zones des systèmes génitaux situées au niveau du talon, c'était une sorte de réflexologie plantaire mal appliquée, soumise au bon vouloir d'un maître qui tenait à sa disposition un corps enfermé, toujours prêt à répondre à ses désirs et à assurer la fécondation souhaitée.

    En Chine, le pied est considéré comme la racine de l'arbrearbre. Quand la racine n'absorbe plus l'eau de la terre, l'arbre meurt. Quand une partie du corps fonctionne mal, l'énergie vitale est entravée, elle ne parvient plus à circuler dans l'organe malade. Elle retourne vers le pied. Au niveau de la plante, on trouve alors un point sensible. Cette sensibilité signale la déficience de l'organe correspondant.

    Le réflexologue expérimenté sent sous ses doigts une enflure, des grains de sablesable, des cristaux : ce sont les toxinestoxines. Celles-ci bloquent l'influx nerveuxinflux nerveux et l'énergie vitale. Le thérapeute intervient alors en utilisant différentes techniques de pressionpression et de stimulationstimulation sur ces points sensibles qu'on appelle « points réflexes ».

    L’exercice quotidien du Sumo ( Demi-Dieu ), de plus de 130 kilos, consiste à taper chaque pied sur le tatami plus de 300 fois. © DR
    L’exercice quotidien du Sumo ( Demi-Dieu ), de plus de 130 kilos, consiste à taper chaque pied sur le tatami plus de 300 fois. © DR

    L'accumulation de stressstress, une mauvaise hygiène de vie, le manque de sport, les soucissoucis familiaux ou professionnels, une prise importante de médicaments créent un excès de tension. Le corps explose. Avant d'exploser, le corps s'exprime. Il nous parle par les pieds.

    La réflexologie est une médecine à la fois préventive et curative. Son but est d'identifier et de soigner la cause des déficiences physiques ou psychiques, énergétiques ou fonctionnelles ; puis, de rétablir le pouvoir d'auto-guérisonguérison du corps. La méthode est simple à pratiquer et naturelle.

    Tout le monde peut l'apprendre, à condition de respecter certaines règles. La première est le fondement même de cette médecine ancestrale : tout est lié dans le corps. La seconde règle est plus difficile à intégrer pour un esprit formé à la culture occidentale : le but de la réflexologie est de soigner la cause, et pas seulement les symptômessymptômes de la maladie.

    Pour les Chinois, le pied est une partie spirituelle du corps. Toucher le pied, c'est toucher l'âme de la personne. C'est aussi une partie du corps qui garde le contact en permanence avec le sol, la Terre, l'Univers. Par le pied, le corps se recharge en énergie tellurique. Il existe un lien entre tous les organes comme il existe un lien entre physique et psychique, corps et Univers.

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    La médecine traditionnelle chinoise

    En médecine orientale, le pied fait partie d'une thérapiethérapie ancestrale. Il reçoit toutes les énergies captées par les mains et les achemine par les voies énergétiques appelées « méridiensméridiens» en acupunctureacupuncture. Il régule la circulation de l'énergie vers toutes les parties du corps.

    Le pied est une sorte de télécommande. Les points réflexes sont considérés comme les touches de la télécommande. Quand un organe ou une partie du corps fonctionnent mal, l'énergie vitale est entravée. Sa circulation est gênée dans la zone concernée. Elle retourne vers le pied et se focalise sur un point de la plante des pieds qui devient sensible. Cette sensibilité ponctuelle signale la déficience de l'organe correspondant. Tout se passe comme dans une voiturevoiture dont les témoins lumineux signalent, en clignotant ou en s'allumant, telle ou telle défaillance.

    Les points réflexes sont répartis dans tout le corps. Le pied en compte le plus grand nombre, il est donc le récepteur le plus riche, le plus sensible au massage. Il est le messager par excellence. Il exprime les maux, physiques et psychiques. Le réflexologue expérimenté les interprète. Par ses techniques de stimulation, il lui transmet le message thérapeutique.

    Les médecins chinois ont étudié tous les phénomènes pathologiquespathologiques et forgé leurs principes thérapeutiques à partir du pied. Ils ont mis au point une « zonothérapie » qui est présentée dans le Grand Livre de la médecine chinoise. Son titre en chinois, Huang Di Nei Jing, signifie « médecine interne et énergétique ».

    La réflexologie occupe une place importante dans la vie quotidienne des Chinois. On soigne les enfants dès qu'ils commencent à marcher. La préventionprévention est l'âme de la médecine chinoise, elle est un moyen de garder une communication permanente avec le corps. Elle est l'amie qui dit Bonjour, écoute, interprète et sauvegardesauvegarde la santé de votre corps.

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    Réflexologie chez les enfants. © David Tran
    Réflexologie chez les enfants. © David Tran

    Soins préventifs vs soins curatifs

    En Chine, on rémunère les médecins pour leurs soins préventifs, quand on est en bonne santé. On ne règle pas la consultation lorsqu'on est malade. On considère que c'est une conséquence de l'incapacité du médecin qui n'a pas assuré les soins préventifs. La médecine chinoise n'appréhende pas les pathologiespathologies à la manière de la médecine classique occidentale.

    Face à une demande de soins, la médecine classique propose de soulager immédiatement le symptôme perturbateur. La pathologie est identifiée, nommée, classée avec son registre de remèdes, chimiques ou chirurgicaux. Quelquefois, un simple remède de confort sera proposé. Ce qui apparaît comme important, c'est de donner une réponse immédiate. D'éliminer le symptôme.

    La médecine chinoise s'efforce de situer chaque pathologie dans une histoire. Elle lui reconnaît un passé, qui peut se transformer en passif bien plus tard dans la vie du sujet. Le médecin cherche à retrouver le lien intrinsèque entre l'histoire du patient, et ce qui, en médecine chinoise, s'apparente à un cri : la maladie qui se déclare est ici perçue d'abord comme un appel de détresse.

    La maladie qui se déclare est ici perçue d’abord comme un appel de détresse

    Le patient nous dit qu'il a mal au reinrein ou au sein. Le mal avance masqué au travers d'une manifestation physique. Le médecin chinois, à ce moment d'évolution de la maladie, soigne autant par sa maîtrise des techniques thérapeutiques que par la circulation de la parole et de la confiance. Il s'agit de « dés-enfouir » la cause occultée du mal, de l'identifier en clair. La médecine, telle que nous la concevons en Occident, considère le corps de façon extrêmement morcelée, morceau par morceau. Le patient se sent souvent dépossédé de lui-même. Il arrive qu'il démissionne. La médecine chinoise apprend au patient à se battre non pas contre son propre corps et sa maladie, mais pour et avec lui-même.

    Quand la maladie s'enfouit dans le non-dit

    Lorsque la maladie est à un stade plus avancé, la médecine classique commence à utiliser des médicaments forts. AntibiotiquesAntibiotiques, cortisonecortisone et chimiothérapiechimiothérapie sont déployés. Cette étape est un bras de ferfer entre maladie et médicaments. Face à cette lutte, la maladie peut alors choisir de s'intérioriser et de progresser en silence. Elle est bien réelle mais elle n'apparaît plus. Elle s'est enfouie dans le non-dit. Elle étouffe son cri. Elle tait toute forme d'appel au secours. Elle a sorti l'arme la plus fatale : le silence qui tue. Elle développe une armure insensible à toute action médicamenteuse. Les traitements n'arrivent plus à atteindre le mal. Le mal mûrit à l'intérieur de son bouclier. Il mûrit en douce, jusqu'à la mort.

    La médecine classique fait appel à sa plus puissante armada. Mais la seule réponse qu'elle obtient, c'est une grande fatigue du corps. Et la maladie continue sa course silencieuse vers la mort. Le chemin fatal peut s'appeler cancercancer ou sclérose en plaquessclérose en plaques. Le langage qu'a choisi le corps s'est tourné vers l'intérieur, il a choisi le registre de la destruction totale.

    La maladie se nourrit aussi des émotions qui traversent l’être

    À ce stade crépusculaire de l'évolution de la maladie, la médecine chinoise attend le miracle du corps. Si le corps réagit bien, tout est encore possible. L'issue dépendra de l'énergie dont dispose le sujet souffrant. L'énergie héréditaire ou ancestrale. Mais aussi l'énergie développée par l'hygiène de vie, alimentaire et environnementale. Ces facteurs pèseront de tout leur poids. Le sujet décidera-t-il de transformer sa façon de vivre ? S'il ne le fait pas, aucune médication ne peut plus lui venir en aide. L'aide décisive ne peut venir que de l'intérieur, de la volonté de survivre du sujet souffrant.

    La maladie a sa vie propre. Elle fonctionne comme un organisme. Elle traverse tous les âges de la vie. Elle se nourrit aussi des émotions qui traversent l'être. Elle est sensible à l'environnement affectif du patient. À son mode de vie. Elle réagit et respire différemment si l'énergie intérieure et environnementale est positive.