Une toute nouvelle étude sur les bienfaits de la restriction calorique chez l’humain suggère qu’elle contribue à une meilleure santé musculaire, en modifiant l’expression des gènes liés au vieillissement. Une légère diminution des calories ingérées tous les jours serait suffisante pour être bénéfique.


au sommaire


    Il existe de nombreuses études sur les bienfaits d'une diminution des apports caloriques chez l'animal et chez l'Homme. Les résultats d'une nouvelle recherche des National Institutes of Health mettent en évidence les mécanismes par lesquels la restriction calorique est bénéfique pour la santé des muscles au niveau inflammatoire, et en particulier pour les personnes âgées. « Étant donné que l'inflammation et le vieillissement sont étroitement liés, la restriction calorique représente une approche puissante pour prévenir l'état pro-inflammatoire qui se développe chez de nombreuses personnes âgées », a déclaré Luigi Ferrucci, coauteur de l'étude publiée dans Aging Cell.

    Pour l'étude CALERI, 90 personnes ont consenti à une biopsie du muscle de la cuisse, prélevée avant l'étude et lors des suivis une et deux années plus tard. Si l'objectif était de réduire l'apport calorique quotidien de 25 %, les participants du groupe qui devaient manger moins ont réussi à atteindre une réduction de 12 %.

    La restriction calorique module l’expression de certains gènes

    Les chercheurs ont voulu comprendre les fondements moléculaires des avantages observés lors de précédentes recherches sur la restriction calorique chez l'humain. Ils ont effectué une analyse complète du séquençage de l'ARN sur les muscles squelettiques prélevés, afin de comparer l'expression des gènesgènes entre les témoins et les participants restreints en caloriescalories. Chez ces derniers, les gènes responsables de la production d'énergieénergie et du métabolismemétabolisme étaient régulés à la hausse, alors que les gènes inflammatoires régulés à la baisse réduisaient l'inflammation.

    En conclusion, la restriction calorique permet de moduler la transcriptiontranscription des gènes liés à la réponse au stress et à la longévité dans le muscle humain. L'étude suggère que même une petite réduction des calories ingérées au quotidien est bénéfique pour vieillir en bonne santé.


    Manger moins pourrait ralentir notre vieillissement

    Article de Stéphanie Le GuillouStéphanie Le Guillou, publié le 10 mars 2023

    Et si diminuer nos apports caloriques pouvait nous permettre de vivre plus longtemps ? Premier du genre, un essai randomiséessai randomisé mené chez l'Homme a évalué les effets de la restriction calorique sur le vieillissement. Quels sont les résultats ?

    Alors que les effets néfastes du surpoids sur notre santé sont de mieux en mieux connus et que la littérature scientifique abonde, très peu de données sont disponibles sur l'impact d'une restriction calorique « raisonnable » chez l'Homme. Des données chez la souris sont en faveur d'une amélioration de l'état de santé. Pour la première fois, un essai randomisé a été mené chez des humains en bonne santé et les résultats ont été publiés dans la prestigieuse revue Nature Aging.

    Une restriction calorique de 25 % pendant 2 ans

    Les personnes incluses dans l'étude étaient toutes adultes et en bonne santé. Les participants avaient entre 20 et 50 ans (38 ans en moyenne). Il y avait une majorité de femmes (70 %). Deux groupes ont été constitués au hasard. Une partie des participants (105 personnes) s'est engagée à diminuer de 25 % la quantité de calories ingérées pendant 2 ans. Une autre partie (59 personnes) a continué de manger comme à son habitude, sans restrictions.

    Comment estimer le taux de vieillissement des participants ?

    L'épigénétique définit comment les gènes vont être utilisés dans chaque cellule. En effet, si toutes nos cellules contiennent les mêmes gènes, ils ne s'expriment pas de la même façon dans une cellule de la peau ou dans une cellule du cerveaucerveau. La méthylation de l’ADN est un des mécanismes épigénétiques qui permet le contrôle de l'expression des gènes. Ce taux évolue en fonction de l'âge et du vieillissement de la personne. À partir d'échantillons sanguins prélevés au début de l'étude, à 12 mois puis à 24 mois, les auteurs ont mesuré le taux de méthylationméthylation de l'ADNADN des volontaires via 3 méthodes différentes, ce qui leur a permis d'évaluer l'âge biologique des personnes.

    Le taux de méthylation de l'ADN permet d'évaluer l'âge biologique. © Siarhei, Adobe Stock
    Le taux de méthylation de l'ADN permet d'évaluer l'âge biologique. © Siarhei, Adobe Stock

    Si l'âge biologique de chaque participant a bien augmenté entre le début et la fin de l'étude, il a progressé plus vite dans le groupe qui a continué de manger normalement ! Cependant, la différence est faible (2 à 3 %) et n'a pu être mise en évidence qu'avec une seule des 3 méthodes.

    La restriction calorique des participants s'est avérée plus faible que les 25 % prévu au départ. En effet, ceux-ci n'y sont pas toujours parvenus ! En moyenne, la restriction calorique était plutôt de l'ordre de 12 %. De manière intéressante, l'effet sur le vieillissement était dépendant de la dose de calories ingérées. En effet, plus les personnes avaient réussi à diminuer leur apport calorique, plus l'effet sur le vieillissement était important.

    Vieillissement et durée de vie

    D'autres études sont maintenant nécessaires avant de pouvoir tirer des conclusions. En particulier, des essais de plus longue duréedurée. Amélioration de l'état de vieillissement cellulaire signifie sans doute davantage « amélioration de l'état de santé de la personne » que « allongement de la durée de vie », par exemple.