En laboratoire, des chercheurs britanniques ont fait rajeunir des cellules vasculaires en leur donnant du sulfure d'hydrogène (H2S). Cette recherche marque un pas de plus pour mettre au point des médicaments pour lutter contre le vieillissement cellulaire dans des maladies liées à l’âge.

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    Qui ne rêve pas de rester éternellement jeune grâce à un élixir de jouvence ? Pour l'instant, c'est encore de la science-fiction. Mais des chercheurs de l'université d'Exeter ont obtenu des résultats encourageants, en laboratoire, sur des cellules endothéliales humaines. Ils ont utilisé pour cela du sulfure d'hydrogènesulfure d'hydrogène pour donner « un coup de jeune » au système de contrôle des gènes des cellules. Explications.

    Le vieillissement est un déclin progressif des fonctions de l'organisme ; il s'accompagne d'une augmentation de la fréquence de maladies liées à l'âge comme le cancer ou les démences. Les tissus ne fonctionnent plus correctement, souvent à cause de l'accumulation de cellules dites « sénescentes ».

    Les cellules sénescentescellules sénescentes sont des cellules âgées, qui ne se divisent pas, et dont le fonctionnement est altéré. Elles libèrent autour d'elles des cytokines pro-inflammatoires, ce qui induit la sénescence de leurs voisines. Les cellules sénescentes des tissus cardiaques et vasculaires sont associées aux troubles cardiovasculaires. C'est pourquoi il serait intéressant de supprimer les cellules sénescentes des tissus pour écarter le risque de maladies.

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    Mais à quoi est dû le vieillissement cellulaire ? Le raccourcissement des télomères, l'inflammationinflammation, les dommages à l'ADNADN sont des facteurs souvent cités. Récemment, des chercheurs ont mis en évidence un autre processus lié au contrôle des gènes. En effet, toutes nos cellules contiennent la même information génétiquegénétique, mais elle ne s'exprime pas toujours de la même façon. En vieillissant, le contrôle des gènes est moins efficace.

    Le saviez-vous ?

    Quand un gène s’exprime, une molécule d’ARN est produite dans le noyau, à partir des informations de l’ADN du gène. Chez les eucaryotes, l’ARN est épissé : des morceaux sont retirés pour donner un ARN messager (ARNm) qui sera traduit en protéine dans le cytoplasme. Si un même gène peut donner plusieurs ARNm différents et donc différentes protéines, on parle d’épissage alternatif.

    Le sulfure d’hydrogène agit sur l’épissage alternatif

    Un même gène peut être à l'origine de plusieurs protéinesprotéines différentes, grâce aux facteurs d'épissageépissage qui permettent l'épissage alternatif de l'ARNARN pré-messager. Pour mieux expliquer ce phénomène, dans The Conversation, les auteurs comparent un gène à une recette de gâteau qui pourrait être au chocolat ou à la vanille : la décision de mettre ou non du chocolat est guidée par les facteurs d'épissage.

    Dans le noyau, l’ADN du gène est transcrit en ARN qui subit un épissage <em>(splicing)</em> pour donner un ARNm qui sera traduit en protéine. L’épissage d’un même ARN peut donner lieu à plusieurs ARNm différents : c’est l’épissage alternatif. ©  Alila Medical Media, Fotolia

    Dans le noyau, l’ADN du gène est transcrit en ARN qui subit un épissage (splicing) pour donner un ARNm qui sera traduit en protéine. L’épissage d’un même ARN peut donner lieu à plusieurs ARNm différents : c’est l’épissage alternatif. ©  Alila Medical Media, Fotolia

    Lors du vieillissement, la quantité de facteurs d'épissage diminue. D'où l'idée de restaurer ces protéines dans les cellules vieillissantes. Dans leur recherche parue dans Aging, les chercheurs ont choisi de traiter des cellules endothéliales âgées avec des moléculesmolécules qui libèrent du sulfure d'hydrogène H2S.

    Le sulfure d'hydrogène est une molécule gazeuse présente naturellement dans l'organisme, qui a un rôle protecteur contre le vieillissement et la sénescence des cellules. Il est connu pour sentir l'œuf pourri. Les quantités d'H2S dans le sang diminuent avec l'âge. Mais cette molécule est aussi toxique à hautes doses, c'est pourquoi il faudrait qu'elle soit amenée directement là où elle agit, au niveau des mitochondriesmitochondries, les usines énergétiques des cellules. Ceci permettrait d'utiliser des doses plus faibles et de limiter les effets toxiques.

    Pour leur expérience, les chercheurs ont utilisé des molécules donneuses de sulfure d'hydrogène. L'une d'elles (Na-GYY4137) a permis de multiplier par un facteur 1,9 à 3,2 l'expression des facteurs d'épissage. Des molécules donneuses d'H2S qui ciblaient les mitochondries ont, quant à elles, augmenté d'un facteur 2,5 à 3,1 l'expression de deux facteurs d'épissage, SRF2 et HNRNPD. Ces données suggèrent donc que le sulfure d'hydrogène améliore l'expression des facteurs d'épissage dans les cellules, ce qui limite leur vieillissement.