Des chercheurs ont identifié un mécanisme moléculaire qui explique pourquoi les filles résisteraient mieux que les garçons à ces troubles du neurodéveloppement lors de la vie fœtale. Ces travaux confirment l’importance du placenta dans le développement du cerveau.

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    Le sexe influence le risque de maladie : c'est vrai pour l'hypertensionhypertension, le diabète, mais aussi pour des troubles nerveux. Ainsi, après la puberté, les femmes sont plus touchées que les hommes par la dépression et l'anxiété. En revanche, les garçons souffrent plus souvent de troubles du neurodéveloppement : autisme, schizophrénie ou troubles de l'attention. Pour ces derniers, la cause se trouve peut-être dans le développement in utero. Les embryons masculins seraient plus sensibles au stress maternel prénatal.

    Le saviez-vous ?

    Pendant la vie embryonnaire, le placenta fournit les nutriments et facteurs de croissance nécessaires au développement du fœtus. Le placenta comprend des cellules provenant de l’embryon, ce qui signifie que les gènes présents sur les chromosomes X et Y peuvent conduire à des différences dans le fonctionnement du placenta.

    L'approche des auteurs est plutôt originale puisqu'elle s'oriente vers le placentaplacenta. Cet organe éphémère est sensible à des changements du milieu maternel : l'expression des gènesgènes, la morphologiemorphologie du placenta, son poids, peuvent varier en fonction de l'alimentation de la mère, sa consommation d'alcoolalcool, ses infections ou son stress. Pour mieux comprendre les différences entre embryons masculins et féminins, des chercheurs de l'université du Maryland se sont intéressés à une enzymeenzyme qui joue un rôle dans la santé placentaire : OGT, ou O-linked N-acetylglucosamine transferase. OGT agit sur le profil d'expression des gènes en fonction du sexe.

    Dans leur article paru dans Nature Communications, les chercheurs montrent que l'enzyme OGT protège les embryons femelles de perturbations au cours de la vie in utero, grâce à des régulations épigénétiques. Les ARNmARNm Ogt et les protéinesprotéines OGT sont plus nombreux dans les placentas d'embryons féminins que masculins, à la fois chez la souris et chez l'Homme.

    Le placenta permet les échanges entre la mère et le fœtus. © 7activestudio, Fotolia

    Le placenta permet les échanges entre la mère et le fœtus. © 7activestudio, Fotolia

    Les modifications épigénétiques influencent le développement du cerveau

    Dans un communiqué, Tracy Bale, une des auteurs de l'étude, a expliqué que « le gène OGT est sur le chromosomechromosome X, et semble fournir au fœtusfœtus féminin un niveau de protection à des perturbations de l'environnement maternel ». OGT échapperait à l'inactivation du chromosome X : chez l'embryon féminin, les deux copies du gène seraient actives, contre une seule chez l'embryon masculin.

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    OGT agirait par l'intermédiaire de modifications épigénétiques appelées H3K27me3, qui correspondent - comme cette abréviation l'indique - à une triméthylation (me3) de la lysinelysine 27 (K27) de l'histonehistone H3. La modification des histones est un des mécanismes épigénétiques influençant l'expression de gènes. Les profils d'expression des gènes dans le placenta contribuent à des différences dans le développement de l'hypothalamus, une région souvent impliquée dans les troubles du neurodéveloppement, comme l'autisme ou la schizophrénieschizophrénie.

    Cette voie pourrait aider à expliquer pourquoi nous voyons cette profonde différence neurodéveloppementale chez les humains

    Par l'entretien de niveaux importants de H3K27me3 dans le placenta, l'embryon féminin obtient ainsi une meilleure résistancerésistance au stress maternel que les embryons masculins. Pour Tracy Bale, « cette voie pourrait aider à expliquer pourquoi nous voyons cette profonde différence neurodéveloppementale chez les humains ».

    La chercheuse avait déjà montré que chez la souris un stress touchant le père pouvait affecter le développement du cerveaucerveau de la descendance : le stress peut altérer les spermatozoïdesspermatozoïdes par épigénétique, ce qui se répercute sur le développement du petit.