Bien que l’égalité des genres soit souvent centrée sur des problèmes féminins, l’inégalité affecte également les hommes. C’est ce que rappelle une étude parue dans le Journal of Marriage and Family. Elle montre que la dépendance économique des hommes à leur femme pourrait affecter leur santé, si ceux-ci ont une vision stéréotypée des rôles dans un couple.
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Consciemment ou non, chaque personne renferme des stéréotypes de genre. Et ceux-ci peuvent avoir des conséquences de différentes ampleurs. Une étude publiée dans le Journal of Marriage and Family rapporte ainsi que lorsque les hommes sont dépendants financièrement de leur compagne, leurs stéréotypes peuvent affecter leur santé. Cette découverte ne surprend pas Joeun Kim, docteur en sociologie et démographie à la Pennsylvania State University. Il rappelle que l'égalité des genres « ne concerne pas que les femmes, mais une véritable égalité entre les sexes, les hommes portent aussi des fardeaux imposés par la société ». Parmi ceux-ci, « la pressionpression d'être le gagne-pain de la famille » pourrait être plus délétère que ce que l'on pensait.
Selon le bureau de recensement des États-Unis, les femmes étaient 30 % à gagner davantage que leur compagnon en 2017. Ce nombre semble similaire en France, puisque l'Insee attestait en 2014 qu'une Française sur quatre seulement gagne plus que son conjoint. Et dans ces cas-là, l'homme peut ressentir un fort stress. L'étude expose que plus ce dit homme a une vision traditionnelle du couple, plus être dépendant des revenus de sa femme le stresse. Il n'a probablement plus l'impression de remplir le rôle qui lui incombe, se trouvant dès lors dans une situation fort inconfortable.
La charge allostatique des rôles genrés
Pour en arriver à cette conclusion, les chercheurs ont mesuré les charges allostatiques de 348 hommes hétérosexuels vivant en couple. Cet indice est un marqueur biologique de la façon dont le stress chronique épuise le corps. Normalement, le stress est bénéfique à l'organisme, puisqu'il permet de faire face à un défi. Mais ce stress peut devenir chronique, et ainsi, néfaste. Le corps passe en physiologie de défense et se fatigue inutilement. C'est notamment le cas lorsque nous sommes dans l'incapacité de réagir pour mettre fin à l'objet de notre stress... En l'occurrence, un revenu plus élevé que le sien.
En parallèle, les chercheurs ont estimé les opinions masculines sur les rôles genrés, avec des questions portant sur le partage des tâches ménagères ou sur la garde des enfants, par exemple. Ensuite, ils ont comparé les deux ensembles de résultats. Ils ont d'abord observé qu'il n'y a pas de corrélation entre « une partenaire avec un salaire plus élevé » et « une charge allostatique élevée ». Par contre, il semble y avoir une corrélation entre ces deux facteurs et « une vision traditionnelle du couple ». Ainsi, les hommes étant convaincus par des rôles moins stéréotypés en fonction du genre paraissent moins stressés que leurs confrères.
Et cette information pourrait avoir son importance si l'on considère qu'une charge allostatique élevée contribue au développement de maladies chroniques.
Machisme : les misogynes ont plus souvent des problèmes de santé mentale
Article publié le 04/12/2016, écrit par Marie-Céline RayMarie-Céline Ray
Les machos ne sont pas que nuisibles aux femmes : ils se font aussi du mal à eux-mêmes. Une recherche montre que les hommes les plus sexistes ont une moins bonne santé mentale et sont moins enclins à rechercher de l'aide pour leurs problèmes psychologiques.
Les inégalités entre les sexes perdurent au travail comme à la maison et de nombreuses femmes souffrent de harcèlement et de comportements sexistes au quotidien. Et si les hommes qui affichent leur machisme étaient en fait psychologiquement fragiles ? C'est ce que suggère une recherche de l'université Bloomington (Indiana), publiée par l'American Psychological Association.
Dans cette étude, les auteurs ont mené une méta-analyse avec 78 recherches impliquant au total 19.453 participants. Pour savoir si les hommes étudiés se conformaient à des normes masculines, les chercheurs ont utilisé une échelle appelée Conformity to Masculine Norms Inventory-94, et ses variantes.
Parmi les normes censées décrire un comportement typiquement masculin se trouvaient : le désir de gagner, le besoin de contrôler ses émotions, la prise de risque, la violence, la domination, la promiscuité sexuelle (comportement de playboy)), l'autonomieautonomie, l'importance donnée au travail (primauté au travail), le pouvoir sur les femmes, le mépris pour l'homosexualité, la poursuite d'un statut. Pour évaluer la santé mentale, les chercheurs se sont concentrés sur trois dimensions : une santé mentale négative (par exemple de la dépression), une santé mentale positive (par exemple avec de la satisfaction de soi) et la recherche d'une aide psychologique (par exemple, la recherche de conseils).
Santé mentale négative chez ceux qui adhèrent aux normes masculines
D'après les résultats, les hommes qui se voient comme des playboys ou comme ayant du pouvoir sur les femmes auraient une moins bonne santé mentale. Le fait de se conformer à des règles masculines était corrélé à un mauvais fonctionnement social.
Les hommes qui adhéraient aux normes masculines cherchaient également moins à se faire soigner pour leurs problèmes. En revanche, le fait de donner la primauté à son travail n'était associé à aucun facteur de santé mentale.
Pour Joel Wong, principal auteur de l'article, « en général, les individus qui se conforment fortement aux normes masculines ont tendance à avoir une mauvaise santé mentale et des attitudes moins favorables à la recherche d'aide psychologique ». D'après lui, le sexisme qui se manifeste par un comportement de playboy et le pouvoir sur les femmes ne serait pas qu'un comportement injuste vis-à-vis de la gent féminine : ce sexisme aurait aussi un effet néfaste sur les hommes eux-mêmes.