Les plantes sont très sensibles aux changements climatiques. En France, les dates de certaines récoltes sont déjà avancées et ce n’est pas fini. Quelles seront les cultures qui en seront avantagées et celles qui seront défavorisées ? Comment vont pouvoir s’adapter les agriculteurs ? 


au sommaire


    La phénologie (étude des variations du cycle de vie des végétaux) est le premier marqueur du changement climatique, selon l'INRA. Grâce à cela, le climat de la Bourgogne a pu être reconstitué très précisément depuis 1370 en étudiant les dates des vendanges de pinot noir dans la région. Cette étude permet aujourd'hui de se rendre compte du réchauffement récent de la planète. Depuis 40 ans, la hausse des températures a ainsi fait avancer les dates des vendanges de 15 jours en moyenne dans les principales régions vinicoles.

    Printemps plus précoces et automnes plus tardifs

    Globalement, le réchauffement allonge la saison de végétation des plantes de 2,3 à 5,2 jours par décennie, assure l'INRA. En 2100, les plantes herbacées pourraient pousser deux semaines de plus par an, estime une étude américaine. D'après les données Climator, un projet destiné à évaluer l'impact du changement climatique sur l'agriculture française, le maïsmaïs pourrait ainsi être récolté avec un mois et demi d'avance par rapport à la période actuelle dans quelques décennies en Saône-et-Loire. Depuis les années 1990, les dates de semis dans le département ont déjà été avancées de 15 jours. Autre effet bénéfique probable : la raréfaction des gelées automnales. À l'inverse, des périodes de sécheresse plus fréquentes amèneront les agriculteurs à devoir irriguer leurs champs plus tôt. Le réchauffement devrait surtout conduire à une très forte instabilité climatique, avec des dates de récoltes très variables d'une année sur l'autre. 

    En France, les dates des vendanges ont été avancées de 15 jours en moyenne depuis 40 ans. © Dom21fr, Flickr
    En France, les dates des vendanges ont été avancées de 15 jours en moyenne depuis 40 ans. © Dom21fr, Flickr

    Les plantes gagnantes et les perdantes

    Le réchauffement climatique va favoriser certaines plantes au détriment d'autres espècesespèces. Le maïs, le tournesoltournesol ou la betterave apprécient les températures élevées alors que le bléblé et l'orgeorge souffrent quand il fait trop chaud. Il existe même des « seuils critiques » pour certaines espèces : le blé est, par exemple, stérilisé quand la température dépasse les 29 °C durant la phase de floraison (autour de la mi-mai). Les légumes seront eux aussi à la peine. Selon une étude de 2018, une hausse globale des températures de 4 °C entraînerait une réduction de près d'un tiers des récoltes de légumes, surtout en Europe du Sud, en Afrique et en Asie du Sud.

    Le casse-tête des agriculteurs

    La modification du calendrier agricole engendra en tous cas de nouveaux problèmes pour les agriculteurs. Des sols trop humides empêchent, entre autres, les engins agricoles d'intervenir dans les parcelles, et une incertitude sur les volumesvolumes des récoltes risque d'engendrer des problèmes de dimensionnement de stockage. Une plus grande variabilité climatique va aussi conduire à une plus grande volatilitévolatilité des cours mondiaux des denrées agricoles.