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    Véronique Audibert Pestel tombe sous le charmecharme du Cambodge lors d'un de ses documentaires. Elle y découvre également les problématiques du pays, notamment celle du braconnage. C'est ainsi qu'elle fonde l'association « Poh Kao, des tigrestigres et des Hommes », dans le but de protéger le tigre du Vietnam.

    Tigre d'Indochine. © A.Savin LAL
    Tigre d'Indochine. © A.Savin LAL

    « Nos interventions visent à renforcer la capacité des personnes à maîtriser leur propre développement en respect de la biodiversitébiodiversité. Il reste des tigres aujourd'hui, mais très peu à l'état sauvage. Il y en a même davantage en captivité chez des particuliers aux États-Unis que dans des zoos ! »

    Véronique Audibert Pestel portant un bébé tigre. © Guillaume Beau de Loménie, <a target="_blank" href="http://pohkao.org/">Poh Kao</a> des tigres et des Hommes
    Véronique Audibert Pestel portant un bébé tigre. © Guillaume Beau de Loménie, Poh Kao des tigres et des Hommes

    Cette ancienne réalisatrice de documentaires, qui vit 7 mois sur 12 au Cambodge, a créé après dix années de travail sur le terrain, en août 2006, « Poh Kao, des tigres et des Hommes », une association qui milite pour la défense du tigre indochinois. Elle partage ce dévouement unique pour préserver l'équilibre si fragile de l'Homme, de l'animal et de la forêt cambodgienne avec la cofondatrice de l'association : Claire Marion-Pham.

    C'est en tournant un documentaire en 2000 qu'elle a rencontré des locaux, qui l'ont amenée à la découverte de cette région, de cette forêt et aux problèmes de braconnage auxquels devait faire face la faunefaune locale. 

    C'est aujourd'hui à son tour de sensibiliser les villageois de la province de Ratanakiri (Cambodge) à l'importance et à la richesse de la faune sauvage locale, et de les aider dans des domaines aussi divers que l'agriculture, la santé animale et l'éducation. Les populations locales n'ont pas connaissance de la rareté des espècesespèces avec lesquelles elles vivent. Plus largement, la population du pays, à 82 % rurale, ne sait pas que la faune qui l'entoure est exceptionnelle et n'a donc pas les moyens de l'apprécier comme une richesse patrimoniale. La diversité de la faune est perçue comme banale, ancestrale et non menacée.

    Deux tigres d'Indochine (<em>Panthera tigris corbetti</em>). © Kabir Balie, CC by 2.5
    Deux tigres d'Indochine (Panthera tigris corbetti). © Kabir Balie, CC by 2.5

    Les objectifs de l'association sont de préserver le tigre et la biodiversité exceptionnelle du Cambodge, d'enrayer la chasse et l'utilisation des animaux sauvages à travers un développement durable des communautés, et de diffuser des connaissances sur l'environnement et la faune. Poh Kao, des tigres et des Hommes met au service des populations locales les compétences de professionnels dans les domaines de l'agricultureagriculture, de l'élevage, de la santé animale et de la sensibilisation à la protection du tigre et de la faune. Ses deux axes prioritaires sont d'agir auprès des populations des forêts primaires, là où le tigre et la faune sont chassés, et d'agir auprès des utilisateurs de parties du tigre et d'animaux sauvages menacés d’extinction, à savoir les médecins traditionnels et leurs patients. Poh Kao, des tigres et des Hommes favorise ainsi un développement qui les éloigne de leur précarité et les amène à voir leur environnement comme un patrimoine à protéger.

    La stratégie de l'association repose sur deux axes prioritaires

    Le développement, parce que les ethnies minoritaires qui vivent dans ces forêts n'ont reçu l'aide de personne et n'ont eu d'autre choix que de répondre à la demande pressante des trafiquants pour survivre, et la sensibilisation parce que la population est peu informée du caractère rarissime de son patrimoine naturel, qu'elle voit comme banal et non menacé. Le principe fondamental qui gouverne Poh Kao, des tigres et des Hommes est de faire des populations locales les acteurs principaux de ce programme, lequel vise à renforcer leur capacité à maîtriser leur propre développement dans le respect de la biodiversité.

    Un tigre dans la nature (<em>Panthera tigris corbetti</em>). © Accipiter, CC by 3.0, 2.5, 2.0, 1.0
    Un tigre dans la nature (Panthera tigris corbetti). © Accipiter, CC by 3.0, 2.5, 2.0, 1.0

    Améliorer le quotidien des populations pour protéger le tigre

    Le programme global concerne différents volets. Le premier porteporte sur l'eau, avec l'amélioration sanitaire relative aux maladies infectieuses et pour une agriculture durable, notamment via le forage d'un puits en 2007. 

    Un autre objectif concerne l'élevage, pour un apport nutritionnel qui remplace la viande de chasse et pour une valeur économique marchande. Une attention particulière est portée aux cultures, avec un apport nutritionnel et une valeur marchande enrichis. Une formation aux cultures maraîchères est ainsi dispensée. L'éducation est aussi un volet important, pour que les adultes et futures générations voient leur environnement comme un patrimoine à protéger. Des ateliers de sensibilisation à la protection du tigre ont été mis en place avec l'institutrice de l'école.

    L'écotourisme est privilégié afin de sensibiliser au fait qu'un animal vivant vaut plus cher qu'un animal mort. Enfin, une action est menée autour des médecines traditionnelles, pour que médecins et patients développent la médecine par les plantes. Ce programme a démarré en 2005, à travers un premier accord de principe avec les villageois : leur apporter des alternatives de développement pour leur permettre de cesser d'alimenter le commerce des trafiquants par la chasse. En août 2008, le programme est devenu plus officiel par la signature d'un contrat avec les villageois, qui les engage à arrêter la chasse avec en contrepartie le lancement des volets d'agroélevage avec Conservation International (CI) - une organisation à but non lucratif qui cherche à protéger les « points chaudspoints chauds » de biodiversité, en partenariat avec des ONG et des peuples indigènesindigènes - et Agronomes et vétérinaires sans frontières (AVSF), une association de solidarité internationale qui intervient depuis plus de 30 ans en Amérique centrale et du Sud, en Asie et en Afrique, pour que les hommes vivent de la terre durablement. Présente dans 18 pays, l'association met son expertise au service des petits agriculteurs et mène 77 programmes de développement pour préserver et gérer durablement les ressources naturelles (eau, terres, forêts...).