La Réunion, ou île Bourbon, est un volcan posé sur le fond de l'océan Indien et qui en a émergé il y a trois ou quatre millions d'années. L'activité volcanique, incessante, et l'érosion, la plus intense au monde, a sculpté des paysages inimaginables et vertigineux, envahis par une nature jeune et puissante. De la vanille au piton de la Fournaise, des forêts de fougères arborescentes au désert de la plaine des Sables, des lagons miniatures aux « îlets » perchés dans les montagnes, ne ratez pas cette balade !

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    Situé au cœur de l'océan Indien, l'archipel légendaire des Mascareignes ne comporte que trois îles : Maurice et sa cadette Rodrigues, et l'île de la Réunion, la seule qui soit pratiquement toujours restée française depuis la prise de possession par la France au dix-septième siècle, sous le nom d'île Bourbon. La capitale de l'île est la grande ville blanche de Saint-Denis.

    À deux pas des canons du Barachois, on retrouve le souvenir de l'enfant du pays, Roland Garros, pionnier de l'aviation, champion et héros de la première guerre mondiale. Son nom a été également donné à l'aéroport de Saint-Denis, ainsi qu'à l'aéroclub local.

    Partons découvrir la côte est

    Des fleurs de vanille, <em>Vanilla planifolia</em>, grande spécialité de l'île. © Llez - CC BY-SA 3.0

    Des fleurs de vanille, Vanilla planifolia, grande spécialité de l'île. © Llez - CC BY-SA 3.0

    À Sainte-Suzanne, on peut visiter la belle maison coloniale du Grand Hazier et, bien sûr, la vanilleraie. C'est là que l'on peut tout savoir sur la culture de cette orchidéeorchidée originaire du Mexique, importée dans l'île vers 1820. À l'époque, la vanille ne se reproduisait pas, car l'insecte qui la fécondait au Mexique n'existe pas à la Réunion. C'est un jeune esclave noir, Edmond Albius, qui découvrit la méthode, encore utilisée de nos jours, consistant à « marier » à la main chaque fleur de vanille.

    Contrairement à celle de Tahiti, cueillie à maturité, les gousses de la vanille Bourbon éclatent lorsqu'elles mûrissent. On les cueille donc vertes, et on les trempe un instant dans de l'eau à 65 °C, un bain dont elles sortent avec leur couleurcouleur marron. On les stocke alors dans des caisses en bois et il faudra près d'un an pour que la vanille soit prête à la vente.

    La cascade Niagara, lieu de promenades familiales, à côté des champs de canne à sucre. © Thierry Caro - CC BY-SA 2.0

    La cascade Niagara, lieu de promenades familiales, à côté des champs de canne à sucre. © Thierry Caro - CC BY-SA 2.0

    Non loin de Sainte-Suzanne, la chute baptisée Niagara n'est qu'une des nombreuses cascades que nous admirerons au cours de notre voyage autour de l'île de la Réunion. Plus sur la côte, vers l'est, l'église Sainte-Anne est curieusement tarabiscotée et servit d'ailleurs de décor à un film de Truffaut (La sirène du Mississippi).

    Les diverses religions cohabitent paisiblement à la Réunion, les plus grandes comme les cultes les plus étranges, tel le curieux culte de saint Expedit, dont les chapelles rouge sang se retrouvent un peu partout dans l'île. Au piton Sainte-Rose, cette église a été, dit-on, sauvée par un miracle quand, en 1977, une coulée de lave s'immobilisa juste avant de la détruire. Rebaptisée Notre Dame des laves, l'église est aujourd'hui le but de pèlerinages. Plus au sud, enfin, s'étend la région de l'île connue sous le nom de sud sauvage : les éruptions du volcan de la Fournaise y ont sculpté un rivage abrupt et déchiqueté.

    Il y a aussi des plages à la Réunion

    Sur la côte ouest de la Réunion, une barrière de corailcorail protège un lagon peu profond, on y trouve une quarantaine de plages, dont la belle plage de Boucan-Canot. Près d'ici, au village de Saint-Paul, un cimetière abrite les tombes de quelques personnages légendaires, comme le fameux pirate La Buse ou Leconte de Lisle, poète, né à Saint-Paul en 1818. Du petit port de Saint-Gilles, on peut s'embarquer pour de nombreuses sorties en mer, excursions ou plongées. Si vous aimez les fleurs tropicales, ne manquez pas le Jardin d'Eden, qui abrite plus de 700 espècesespèces de plantes. En continuant jusqu'à Saint-Leu, vous pourrez visiter l'observatoire des tortuestortues, et tout apprendre sur cette espèce en danger d'extinction : Kelonia compte même une tortue très sociable qui vient d'elle-même se faire caresser.

    Plage de Boucan-Canot vue du cap Homard. © Dval027 - CC BY-SA 3.0

    Plage de Boucan-Canot vue du cap Homard. © Dval027 - CC BY-SA 3.0

    Les tortues de mer, hélas, se font rares dans les parages de la Réunion. On peut y observer assez fréquemment des dauphins et, à la saisonsaison hivernale, des baleines à bossebaleines à bosse qui viennent frayer et mettre bas dans les eaux de l'archipel des Mascareignes. L'association Abyss réunit une équipe de passionnés, amoureux de ces grands cétacés, et qui établissent, avec une longue patience, une relation avec les baleines. L'association procède également à un travail passionnant d'étude du langage des cétacés. Actuellement, le surf est interdit à la Réunion, suite à plusieurs attaques de requins et on étudie diverses solutions pour rendre plus sûre la baignade dans les régions non protégées par le récif.

    Les exceptionnels cirques de la Réunion

    Le massif volcanique qui constitue l'île de la Réunion a connu, il y a 450.000 ans, de fantastiques événements éruptifséruptifs. Des effondrementseffondrements de grande ampleur ont creusé au centre de l'île trois immenses cirques. Le plus facilement accessible d'entre eux est le cirque de Salazie. Dans ces endroits magnifiques mais très accidentés s'installèrent d'abord les esclaves marrons, en fuite, puis les « petits blancs des hauts », fils de famille ruinés. On redécouvre ici un art de vivre, on y cultive le chouchou (un légume appelé christophinechristophine aux Antilles) ou le cresson.

    Vue du cirque de Salazie. © B. Navez - CC BY-SA 3.0

    Vue du cirque de Salazie. © B. Navez - CC BY-SA 3.0

    Jusqu'en 1948, le village de Hellbourg dut sa prospérité à des sources thermalessources thermales. On venait de loin « prendre les eaux » ici... Mais une série de cyclonescyclones et d'éboulements ont fini par faire disparaître ces sources. Aujourd'hui, le village entretient soigneusement ses belles case coloniales. Non loin d'ici, mais accessible seulement par un dur sentier de randonnée, ou en hélicoptèrehélicoptère, au bout d'une gorge étroite aux murailles à pic, se dévoile le Trou de FerFer... Les quelques minutes que vous passerez, suspendus face à ces parois verticales, face à la chute qui tombe de 300 m de haut dans le Bras de Caverne resteront pour vous un souvenir inoubliable.

    Le cirque de Mafate est le plus difficile d'accès. On ne peut l'atteindre qu'à pied, au long d'un chemin d'une beauté à vous couper le souffle. Les habitants des petits villages perchés sur les « îlets » du cirque de Mafate voient bien plus souvent un hélicoptère qu'une automobileautomobile. À 1.400 m d'altitude, le relais de Mafate possède un barbar et un gîte bienvenus pour les marcheurs qui ont atteint la Nouvelle au bout de plusieurs heures de marche. Il y aussi une petite école.

    Îlet à Cordes, dans le cirque de Cilaos. © Dunog - Domaine public

    Îlet à Cordes, dans le cirque de Cilaos. © Dunog - Domaine public

    Pour atteindre le troisième cirque, celui de Cilaos, on prend la route des TamarinsTamarins, qui compte plus de 120 ouvrages d'art. Cette voie a grandement facilité la circulation sur la côte ouest de la Réunion. Il faut ensuite prendre une route qui compte près de 400 virages pour atteindre Cilaos. La jolie petite ville de Cilaos est renommée pour ses eaux thermales... et pour son vin.

    Impossible, également, d'oublier les célébrissimes lentilleslentilles de Cilaos, qui comptent - et c'est vrai ! -parmi les meilleures du monde. De la paroi rocheuse tombe la très haute cascade de Fleur jaune, qui se prête à une fabuleuse randonnée, escalade et canyoning, qui vous laissera aussi quelques beaux souvenirs. Enfin, comme un porteporte-avions entouré de deux précipices, l'îlet à Cordes, le bout du bout du monde, est paisible, et consacré à l'agricultureagriculture.

    Les forêts primaires, royaume des fougères arborescentes

    Des fougères arborescentes dans la forêt de Bébour. © Geolina163 - CC BY-SA 4.0

    Des fougères arborescentes dans la forêt de Bébour. © Geolina163 - CC BY-SA 4.0

    À l'est du cirque de Cilaos, deux vastes plaines le séparent du volcan de la fournaise ; c'est par ici que l'on se dirige vers la forêt de Belouve. Les forêts de Bébour et Belouve sont avant tout des forêts primaires en excellent état, composées en grande partie des troncs tortueux des tamarins, sur lesquels poussent des plantes épiphytes. Mais l'espèce végétale reine dans ces hauts de la Réunion est la fougèrefougère arborescente. Par millions, elles se dressent sur les flancs de ces montagnes abruptes.

    Le volcan de la Fournaise, actif et surprenant

    Le piton de la Fournaise et le piton Rouge vus depuis le Morne Langevin. © B. Navez - CC BY-SA 3.0

    Le piton de la Fournaise et le piton Rouge vus depuis le Morne Langevin. © B. Navez - CC BY-SA 3.0

    À l'extrémité sud-est de la Réunion, la zone connue sous le nom de Grand Brûlé témoigne de la vigueur du volcan de la Fournaise, dont les éruptions coupent irrégulièrement la route. Pour atteindre le volcan, il faut monter, depuis la plaine des Palmistes, jusqu'au NezNez de Bœuf ; le long de la route, on pourra observer le spectaculaire cratère Commerson. Puis on traverse la plaine des SablesSables.

    Enfin, du Pas de Bellecombe, on découvrira l'imposante silhouette du volcan de la Fournaise, au centre de l'Enclos. À vos pieds, l'étrange cônecône volcanique du Formica Leo doit son nom à sa ressemblance avec le piège que le fourmilion tend aux insectes dont il se nourrit. Quant au volcan proprement dit, il connaît régulièrement des éruptions tonitruantes. Celle de 2007, la plus puissante depuis longtemps, a vu le plancherplancher de l'un des deux cratères du sommet, le cratère Dolomieu, s'effondrer soudainement. En 2010, une nouvelle éruption a de nouveau illuminé le ciel de la Réunion. Et puis la Fournaise s'est calmée, et momentanément rendormie jusqu'en juin 2014. En 2015, elle a offert aux Réunionnais une salve de trois éruptions en février, mai et juillet.