La décennie 2010, c’est sans doute celle que l’histoire retiendra comme celle au cours de laquelle les effets du réchauffement climatique sont devenus indéniables. En voici quelques exemples, encore plus marquants vus d’en haut…


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    Sécheresse meurtrière en Éthiopie, vague de chaleurchaleur et feux de forêt en Russie, explosion de la plate-forme de forage Deepwater Horizon et marée noire sans précédent aux États-Unis. La décennie 2010 n'avait pas bien commencé. Depuis, nos émissions de CO2 n'ont fait que croître. Passant d'une concentration de moins de 390 parties par million dans l'atmosphère au début de la décennie à plus de 410 parties par million aujourd'hui ! Avec des conséquences dramatiques sur notre Planète...

    Le saviez-vous ?

    Conséquence directe de l’augmentation de la concentration de CO2 dans notre atmosphère : la hausse des températures. Ainsi, la décennie 2010 aura-t-elle été la plus chaude jamais enregistrée avec sept des dix années les plus chaudes à son palmarès, 2014, 2018, 2017, 2015 et 2016 trustant même les cinq premières places !

    Vers une planète sans glace ?

    La calotte glaciaire de Barnes en juillet 2010. © Nasa
    La calotte glaciaire de Barnes en juillet 2010. © Nasa
    La même calotte glaciaire en juillet 2019. © Nasa
    La même calotte glaciaire en juillet 2019. © Nasa

    Des Tropiques aux Alpes en passant par le Groenland, partout dans le monde, les glaces fondent. Et l'exemple de la calotte glaciairecalotte glaciaire de Barnes, sur l'île de Baffin, dans l'ArctiqueArctique canadien en constitue un triste symbole. Elle existe depuis plus de 100.000 ans, mais le réchauffement climatique y fait aujourd'hui des ravages. Sur les images fournies par le satellite TerraTerra de la NasaNasa, il apparaît clairement que la calotte s'est retirée depuis 2010. Retirée et assombrie. Ce qui pourrait bien accélérer sa disparition.

    Même si celle-ci ne devrait pas intervenir avant quelques siècles, le fait que nous puissions observer de réels changements en seulement une décennie demeure inquiétant !

    En août 2019, l'Islande organisait des funérailles nationales pour le premier glacierglacier que le pays a perdu à cause du réchauffement climatiqueréchauffement climatique. Le premier, mais certainement pas le dernier, car comme on peut lire sur la plaque commémorative déposée à l'attention des générations futures : « Au cours des 200 prochaines années, tous nos glaciers devraient suivre le même chemin. Ce monument atteste que nous savons ce qui se passe et ce qui doit être fait. Vous seul savez si nous l'avons fait. »

    La barrière de Larsen C en 2012. © Nasa
    La barrière de Larsen C en 2012. © Nasa
    L’iceberg A68 s’éloignant de la barrière de larsen C, à l’automne 2017. © Nasa
    L’iceberg A68 s’éloignant de la barrière de larsen C, à l’automne 2017. © Nasa

    En AntarctiqueAntarctique aussi, la Planète montre des signes de faiblesse, du côté de la barrière de Larsen.

    La barrière de Larsen, c'est une gigantesque barrière de glacebarrière de glace, sur la côte est de la péninsulepéninsule Antarctique. Elle se décomposait en réalité en trois segments de barrière appelés Larsen A, Larsen B et Larsen C. La barrière Larsen A s'était déjà désintégrée en 1995. En 2002, cela avait été au tour de la barrière Larsen B. La décennie 2010 aura été celle de la chute de la barrière Larsen C, la plus grande des trois.

    En 2016, des fissures ont commencé à se former. Et en juillet 2017, c'est un iceberg gigantesque qui s'en est détaché : près de 6.000 km2, soit l'équivalent du département du Gard... et de 10 % de la barrière !

    La nouvelle zone libre devant la plate-forme a aussitôt été déclarée zone protégée. Et l'iceberg poursuit à l'heure actuelle sa route vers le nord. Quant au reste de la barrière Larsen C, les chercheurs ignorent encore ce qui va en advenir. Même si la configuration particulière du lieu semble vouloir la protéger d'une désintégration brutale.

    Des eaux qui montent et qui descendent

    Autre conséquence connue du réchauffement climatique : la montée du niveau de la mer. Le résultat de la fontefonte des glaces, mais aussi de la dilatationdilatation thermique des eaux due à la hausse des températures. Des observations satellites de la Nasa montrent ainsi que, depuis 2010, le niveau de la mer est monté de quelque 4 centimètres, mettant en danger des milliers d'individus.

    Autrefois, la mer d’Aral — ici en 2010 — était le quatrième plus grand lac du monde. © Sentinel Hub
    Autrefois, la mer d’Aral — ici en 2010 — était le quatrième plus grand lac du monde. © Sentinel Hub
    En 2019, le côté est de la mer d’Aral est complètement asséché. © Sentinel Hub
    En 2019, le côté est de la mer d’Aral est complètement asséché. © Sentinel Hub

    Mais la crise climatique que nous connaissons a aussi pour effet de provoquer l'assèchement de certaines zones. Ainsi, la mer d'Aralmer d'Aral qui a commencé à se retirer bien avant 2010. Depuis qu'un projet soviétique d'irrigationirrigation a réduit son alimentation à peau de chagrin dans les années 1960. Le réchauffement climatique a ensuite amplifié le phénomène. Le climatclimat de la région s'est asséché et la mer à son tour. Entraînant un peu plus la région vers un destin désertique. Ce que l'on appelle un cercle vicieux.

    Un climat bouleversé

    Ailleurs, les événements météorologiques extrêmes se sont multipliés. Et ont pris une ampleur sans précédent. Suite à des périodes de sécheresse inhabituelles, des incendies ont d'abord ravagé l'Arctique et l'Amazonie, puis l'Australie depuis plusieurs semaines.

    L’ouragan Dorian, le 1<sup>er</sup> septembre 2019 au large des Bahamas, après son passage en catégorie 5 et son pic d’intensité. © Rainclaw7, Noaa, Wikipedia, CC by-sa 4.0
    L’ouragan Dorian, le 1er septembre 2019 au large des Bahamas, après son passage en catégorie 5 et son pic d’intensité. © Rainclaw7, Noaa, Wikipedia, CC by-sa 4.0

    Et tout le monde se souvient du terrible ouragan Dorian -- apparu le 24 août 2018 et disparu le 10 septembre -- qui est resté au-dessous des Bahamas pendant 48 longues heures. Un ouraganouragan d'une puissance incroyable. Le plus puissant -- avec celui de la fête du Travail en 1935 -- au moment de toucher terreterre.

    Des forêts qui disparaissent

    Au Pérou, la déforestation fait des ravages. © <em>Nasa Earth Observatory</em>
    Au Pérou, la déforestation fait des ravages. © Nasa Earth Observatory

    Les forêts pourraient nous aider à maintenir -- ou à rétablir -- l'équilibre du climat sur notre Planète. Mais partout, des opérations de déforestation continuent d'être menées. Au Pérou, par exemple, en bordure du bassin amazonien, la région de Madre de Dios -- un haut lieu de la biodiversitébiodiversité -- est peu à peu détruite pour l'agricultureagriculture, l'élevage et l'exploitation forestière. Et même plus récemment, l'extraction d'or. Entre 2013 et 2018, ce ne sont pas moins de 206 km2 de forêt qui ont disparu. Avec une nette accélération sur la dernière année d'observation...

    Les énergies renouvelables, une note d’optimisme ?

    Un time-laps du parc solaire construit dans les années 2010 au cœur du désert de Tengger (Chine). Le plus grand parc solaire au monde qui couvre aujourd’hui l’équivalent de plus de 13 fois la surface de Monaco. © Sentinel Hub

    Finalement, s'il est une question plus au centre de la problématique que d'autres, c'est bien celle de notre consommation -- et de fait, de notre production -- d'énergieénergie. Tout ce qui fonctionne à partir de pétrolepétrole, de gazgaz ou de charboncharbon émet du CO2 et participe au réchauffement climatique. La solution, pas si évidente que ça, il faudra en reparler : passer aux énergies renouvelables. Au solaire et à l'éolien, notamment, dont les coûts ont chuté respectivement de 90 % et de 70 % depuis le début des années 2010.

    La bonne nouvelle, c'est que la production d'électricité renouvelable dans le monde a été multipliée par quatre au cours de ces dix dernières années. Selon le BP Statistical Review of Wolrd Energy de 2019, la production est ainsi passée de 550 térawatts/heure en 2008 à 2.500 térawatts/heure en 2018.

    La moins bonne, c'est que cette montée en puissance est tout juste suffisante à compenser l'augmentation de la consommation mondiale qui accompagne la croissance de la population et de l'économie. Et, avec le recul ou la stagnation d'autres sources faibles en carbonecarbone comme l'hydraulique ou le nucléaire, le poids des énergies vertueuses -- du point de vue empreinte carbone -- n'est passé que de 32 % à 35 % !

    Dans le monde, les ventes de véhicules électriques, <em>a priori</em> moins émetteurs de CO<sub>2</sub>, ont explosé au cours de la décennie 2010. Elles ont presque doublé chaque année, passant de quasiment rien à environ 1,30 million en 2018 — surtout en Chine. Mais elles restent infimes face aux presque 80 millions de voitures thermiques vendues en parallèle. © Olivier Le Moal, Adobe Stock
    Dans le monde, les ventes de véhicules électriques, a priori moins émetteurs de CO2, ont explosé au cours de la décennie 2010. Elles ont presque doublé chaque année, passant de quasiment rien à environ 1,30 million en 2018 — surtout en Chine. Mais elles restent infimes face aux presque 80 millions de voitures thermiques vendues en parallèle. © Olivier Le Moal, Adobe Stock

    Aujourd'hui, les experts s'accordent à dire que si nous voulons limiter le réchauffement climatique à 2 °C au-dessus des températures préindustrielles, il nous faudra, chaque année, quintupler notre capacité de production renouvelable jusqu'en 2040. C'est dire le chemin qu'il nous reste à parcourir...

    Et l'image vue du ciel du plus grand parc solaire au monde, construit au cours des années 2010 en Chine, doit aussi attirer notre attention sur les questions que soulève la production d'énergie photovoltaïqueénergie photovoltaïque. Car l'extraction et l'exploitation du siliciumsilicium qui sert à la fabrication des cellules solaires coûtent cher, tant d'un point de vue environnemental que sociétal : certains panneaux photovoltaïques contiennent des éléments toxiques ou dont les ressources sont soumises à risque d'épuisement.

    L'énergie solaire est, par définition, intermittente et elle nécessite donc le recours à des solutions de stockage. Des solutions pas toujours des plus vertes. Aux chercheurs qui développent ces nouvelles technologies revient la lourde tâche de trouver des solutions innovantes et totalement respectueuses de l'environnement.