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Les gymnospermes, des organismes végétaux à ovulesovules nus comme les conifères, sont apparus sur Terre voici 350 millions d'années (Ma), bouleversant quelque peu la flore de l'époque majoritairement composée de fougères. Les arbres résineux atteignirent leur apogéeapogée, avec plus de 20.000 espèces (contre 650 actuellement), près de 200 Ma plus tard, durant la période jurassique. Ils ont été à la base de nombreuses découvertes paléontologiques dans le domaine de la zoologie grâce à leur production de résine.
Beaucoup d'arthropodes aujourd'hui disparus ont peuplé la Terre ces 400 derniers millions d'années. Certains d'entre eux ont fini leur vie englués dans l'oléorésine, pour le plus grand bonheur des scientifiques. Car cette matièrematière, après avoir fossilisé sous la forme d'ambre, les a conservés durant des millions d'années. Les plus vieux insectesinsectes actuellement trouvés dans l'ambre ont au maximum 130 Ma et remontent donc au CrétacéCrétacé. Cette période a été marquée, avec le début du CénozoïqueCénozoïque, par d'importantes productions de résine, probablement pour des raisons climatiques. Des mises au jour d'insectes, entre autres, appartenant à ces époques, ne sont donc pas rares.
Trois nouvelles découvertes divulguées par Alexander Schmidt de la Georg-August-Universität à Göttingen viennent de repousser de 100 Ma l'âge des plus vieux arthropodesarthropodes préservés dans de l'ambre. Les deux acariensacariens et le moucheron retrouvés dans les Dolomites auraient en effet vécu durant le TriasTrias, voici 230 Ma. Ces informations ont été publiées dans la revue Pnas.
Ces deux acariens ont été trouvés au sein de gouttelettes d'ambre découvertes dans les Dolomites en Italie. Ils seraient âgés de 230 millions d'année. Il s'agit d'espèces nouvelles appartenant au groupe des ériophyoïdes, des parasites de plantes : Triasacarus fedelei (à gauche) et Ampezzoa triassica (à droite). © Universität Göttingen / Alexander Schmidt
Des acariens évoluaient déjà avant l’apparition des fleurs
Un affleurementaffleurement situé à proximité du village de Cortina, dans le nord-est de l'Italie, a livré lors de fouilles plus de 70.000 échantillons d'ambre (des gouttelettes) mesurant majoritairement 2 à 6 mm de long. La résine aurait été produite par une espèce de conifère aujourd'hui disparu, de la famille des chéirolepidiacés. La recherche d’inclusions a mis en évidence de nombreuses bactériesbactéries, alguesalgues, protistes et champignonschampignons, ce qui n'a rien d'exceptionnel en soi.
La surprise est venue de trois échantillons. Le premier contenait un diptère nématocère incomplet (présence d'une tête, d'un thoraxthorax, des antennes et de 4 pattes) non identifiable. Les autres pièces renfermaient deux nouvelles espèces d'acariens appartenant au groupe des ériophyoïdes, des parasitesparasites de plante comme les phytoptes. Nommés Triasacarus fedelei et Ampezzoa triassica, ils seraient les plus vieux ancêtres connus de leur groupe, fournissant de précieuses informations.
Le fait de se nourrir de gymnospermes semble être un caractère ancestralcaractère ancestral. Ce résultat est surprenant car 97 % des 3.500 espèces d'ériophyoïdes actuelles se nourrissent d'angiospermesangiospermes, c'est-à-dire de plantes à fleurs apparues durant le Crétacé (les plus vieux pollens trouvés auraient en effet 136 Ma). Autre détail étonnant, les acariens découverts possédaient déjà des adaptations morphologiques existant encore aujourd'hui, comme la présence de seulement deux paires de pattes (contre 4 chez les autres groupes d'arachnides)). Cette découverte rappelle ainsi la longue histoire évolutive des arthropodes apparus voici environ 400 Ma, bien avant le développement des premières plantes à fleurs.