« Pour Halloween, nous vous proposons un monstre, un vrai ! » C’est ce qu’auraient pu dire les chercheurs qui ont découvert un insecte monstrueux fossilisé dans de l’ambre depuis cent millions d’années.

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    La mouche-monstre Cascoplecia insolitis dans son sarcophage d'ambre. © Oregon State University

    La mouche-monstre Cascoplecia insolitis dans son sarcophage d'ambre. © Oregon State University

    Tout a commencé avec une mouche prise dans de l'ambre fossile découverte au Myanmar (ex-Birmanie). Exceptionnellement conservé, cet unique individu aurait pu passer inaperçu. « Si nous n'avions vu que les ailes de cet insecte, il n'aurait été qu'une mouche semblable à d'autres de la famille des Bibionomorpha. »

    Sauf que cette mouche avait un petit quelque chose : une corne centrale sur la tête surmontée de trois yeuxyeux. « Aucun autre insecte jamais découvert n'a eu de corne comme celle-là, et il n'y a jamais eu d'animal avec des yeux au bout d'une corne » indique George Poinar Jr., professeur de zoologie à l'Oregon State University, qui vient d'annoncer la nouvelle espèce dans Cretaceous Research.

    Vue d'artiste du monstre. Au-dessus des yeux apparaît la corne qui se termine par trois petits tubercules : des yeux surnuméraires. © <em>Oregon State University</em>

    Vue d'artiste du monstre. Au-dessus des yeux apparaît la corne qui se termine par trois petits tubercules : des yeux surnuméraires. © Oregon State University

    Cette corne devait probablement permettre à cette mouche de repérer l'arrivée de prédateurs lorsqu'elle butinait, mais cet organe ingénieux a dû être un cul-de-sac évolutif puisque l'espèce a disparu plus tard, sans descendance. Une bizarrerie de l'évolution, mais, comme le précise George Poinar, « c'était proche de la fin du crétacé inférieur, alors qu'un grand nombre d'évolutions étranges se développaient. Cette corne spécialisée dotée d'yeux doit avoir donné à cet insecte un avantage sur les très petites fleurs, mais cela ne fonctionnait plus si bien quand les fleurs ont évolué vers de plus grandes dimensions. Et alors, il s'est éteint ».

    La Mouche 3, le retour du passé

    Cascoplecia insolitis, comme George Poinar l'a nommée (du latin cascus pour ancien et insolates pour étrange) possède d'autres caractères particuliers comme des antennes de formes étranges, de longues pattes et des mandibulesmandibules vestigialesvestigiales. Ces deux dernières caractéristiques associées au pollen retrouvé sur les pattes de cette mouche suggèrent que celle-ci devait se nourrir de fleurs.

    Cette mouche a vécu pendant l'ère des dinosauresdinosaures, à une époque où les groupes modernes et les angiospermesangiospermes se diversifiaient. Certains de ses caractères étaient communs dans d'autres groupes de l'époque, mais d'autres, surtout la fameuse corne, sont uniques. « Aucun des caractères spécialisés de Cascoplecia n'est apparu jusque-là sur les Bibionidés du crétacé, affirme George Poinar, expert des organismes fossilisés dans l'ambre, et notamment des insectes. Cette mouche-licorne est une des bizarreries du crétacé et était manifestement un cul-de-sac évolutif ». Comme quoi, l'imaginaire des créateurs de monstres et d'aliens en tout genre peut être rattrapé par la réalité...