Que le réchauffement climatique allait mettre les récifs coralliens en danger, les scientifiques le savaient depuis longtemps déjà. Mais de nouveaux travaux montrent aujourd’hui une réalité qu’ils n’avaient pas osé imaginer. Car, avec des températures de 1,5 °C supérieures à celles de l’ère préindustrielle, les coraux auront bien de la peine à trouver des refuges viables pour eux sur notre Terre.


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    Un récif corallien, c'est bien plus qu'un simple assemblage de coraux. C'est un écosystème marin complexe. L'un des écosystèmes les plus riches en biodiversité. Dans les milieux autorisés, il se murmure que les récifs coralliens offrent nourriture, refuge et même protection à pas moins d'un quart de la vie marine. Plus de 4.000 espèces de poissons. Et ils constituent de fait, on l'imagine aisément, une source non négligeable de revenus et de nourriture pour de nombreuses personnes. Un demi-milliard, selon les estimations.

    Le saviez-vous ?

    Il existe des coraux dans toutes les eaux et à toutes les profondeurs. Mais les récifs coralliens les plus importants du monde se trouvent à moins d’une vingtaine de mètres de profondeur. Dans les eaux tropicales. Du côté de l’Australie — avec la fameuse Grande Barrière de Corail de quelque 2.000 kilomètres de long —, de la Nouvelle-Calédonie et du Belize.

    Malheureusement, les coraux s'épanouissent dans une plage de température assez spécifique. Ce qui les rend particulièrement vulnérables aux variations du climatclimat. Ainsi, avec le réchauffement climatique anthropique et non seulement la hausse de la température des océans, mais aussi la multiplication et l'intensification des vaguesvagues de chaleurchaleur marines, les récifs coralliens sont en danger. De plus en plus d'épisodes de blanchiment -- une décoloration qui fragilise le corailcorail et dont il lui faut une dizaine d'années pour se remettre -- et même de mort des coraux sont rapportés.

    En 2018, le Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat (GiecGiec) alertait. Si notre TerreTerre devait se réchauffer de seulement 1,5 °C par rapport aux moyennes préindustrielles -- ce qui correspond au meilleur des cas des engagements de l'Accord de Paris sur le climat --, entre 70 et 90 % des récifs coralliens pourraient disparaître. Aujourd'hui, des chercheurs de l’université de Leeds (Royaume-Uni) rendent une conclusion encore plus tranchée. À 1,5 °C de réchauffement, 99 % des coraux auront à faire face à des vagues de chaleur trop fréquentes pour qu'ils puissent se rétablir. Or, +1,5 °C, c'est le point où nous en serons dès le début des années 2030 si des mesures drastiques de réduction de nos émissionsémissions de gaz à effet de serre ne sont pas prises immédiatement.

    Ici, la proportion de récifs coralliens susceptibles de survivre aux vagues de chaleur (R<em>efugia</em>) ou non (<em>Exposed</em>), des vagues de chaleur qui accompagneront un réchauffement climatique de 1,5° ou de 2 °C. © Dixon et <em>al.</em>
    Ici, la proportion de récifs coralliens susceptibles de survivre aux vagues de chaleur (Refugia) ou non (Exposed), des vagues de chaleur qui accompagneront un réchauffement climatique de 1,5° ou de 2 °C. © Dixon et al.

    Une seule solution : limiter nos émissions de gaz à effet de serre

    À partir de données historiques, d'images satellites et de projections climatiques, les chercheurs montrent plus exactement que, alors qu'au cours de ces dernières décennies, 84 % des coraux tropicaux ont pu avoir suffisamment de temps entre deux vagues de chaleur pour se rétablir d'épisodes de blanchiment, dans un monde plus chaud de 1,5 °C, ils ne seront plus que... 0,2 % ! Et les scientifiques sont parvenus à identifier les seuls refuges thermiques qui pourraient subsister. Du côté de la Polynésie et du Triangle de corail -- une petite région du Pacifique dans laquelle baignent la Malaisie, l'Indonésie, les Philippines et les îles Salomon. Grâce à un taux de réchauffement moindre et à des épisodes de remontée vers la surface d'eaux plus froides.

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    La Grande Barrière de Corail a diminué de moitié ces 30 dernières années

    Ainsi, les chercheurs appellent à mettre en œuvre des opérations de protection de ces refuges. Des actions visant à éliminer les autres facteurs de stressstress comme la pêchepêche, le tourisme, la pollution de l’eau. Ou des actions qui favorisent la résistancerésistance, la récupération ou la migration des coraux. Mais les scientifiques soulignent que ces opérations ne peuvent être envisagées que sur le court terme car, avec un réchauffement de 2 °C, ils prévoient déjà que plus aucun des refuges de coraux ne pourra subsister.

    De quoi confirmer une fois de plus qu'il est urgent de limiter nos émissions de gaz à effet de serregaz à effet de serre. Qu'il ne s'agit pas seulement de tenir les engagements de l'Accord de Paris sur le climat, mais de réussir à les dépasser. Pour les coraux aussi, c'est une question de vie... ou de mort !