Le fonctionnement de notre Planète comme la régulation du climat mondial dépend en grande partie de plusieurs méga-courants océaniques. Les scientifiques savaient déjà que le courant atlantique Amoc risquait de s'affaiblir en raison du réchauffement, mais une nouvelle étude bien plus pessimiste explique qu'un autre grand courant risque carrément de s'interrompre dans le futur.


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    Le réchauffement de l'eau de mer provoque un ralentissement des grands courants présents dans l'Atlantique et dans l'océan Austral, selon les scientifiques de l'université de Californie. Dans une nouvelle étude publiée dans Nature Climate Change, ils expliquent que si ce processus continue, c'est un immense bouleversement du climat qui se produira.

    Affaiblissement de deux courants indispensables pour réguler le climat 

    En analysant les prévisions de 36 modèles climatiques, les chercheurs ont découvert que la circulation méridienne de retournement atlantique (Amoc) et la circulation méridienne de retournement australe (ou Smoc), qui font partie de la circulation thermohaline, vont ralentir de 42 % d'ici 2100. Dans les pires scénarios de réchauffement envisagés par les modèles, la circulation méridienne de retournement australe pourrait complètement s'arrêter d'ici 2300. Le grand responsable de cet affaiblissement, voire désintégration complète, de ces courants indispensables pour réguler le climat, n'est autre que le réchauffement planétaire. Selon l'auteur principal de l'étude, J. Keith Moore, « cela provoquerait un désastre climatique mondial de même ordre que si tous les glaciers disparaissaient ».

    La circulation thermohaline globale à travers les océans. © nicolasprimola, Adobe Stock
    La circulation thermohaline globale à travers les océans. © nicolasprimola, Adobe Stock

    Aggravation du réchauffement et disparition de la vie marine

    Grâce à ce mécanisme de circulation, l'eau chaude est poussée vers le nord dans l'Atlantique en direction du Groenland et de la Norvège : elle se refroidit, s'évapore, et devient plus salée. Son poids, plus lourd, la fait alors redescendre dans les profondeurs en se dirigeant vers le sud. Ce mouvementmouvement fait aussi circuler les nutrimentsnutriments qui sont à la base de la chaîne alimentairechaîne alimentaire. De plus, cette interaction entre l'eau de mer et l'airair est à l'origine d'une réaction chimiqueréaction chimique qui permet d'absorber le CO2 et de le séquestrer dans les profondeurs de l'océan. Le phytoplancton pompe alors ce dioxyde de carbonedioxyde de carbone pour effectuer sa photosynthèsephotosynthèse. L'affaiblissement de ces grands courants océaniques aurait donc deux conséquences majeures :

    • un réchauffement aggravé du climat, car les océans ne pourraient quasiment plus absorber le CO2, l'un des principaux gaz à effet de serregaz à effet de serre ;
    • une disparition massive de la vie marine, car le phytoplancton et les autres nutriments à la base de la chaîne alimentaire seront en nette diminution et ne pourront plus voyager au gré des courants.
    La photosynthèse du phytoplancton s'effectue en partie grâce aux méga-courants de l'océan. © NOAA
    La photosynthèse du phytoplancton s'effectue en partie grâce aux méga-courants de l'océan. © NOAA

    En plus de ces deux effets principaux, la météométéo sera complètement chamboulée : un affaiblissement, même léger, de l'Amoc, aura pour conséquence d'entraîner une baisse importante des précipitationsprécipitations dans certaines régions du monde, comme l'Afrique. Les auteurs rappellent que la survie de l'humanité dépend du bon fonctionnement de cette « pompe à carbone » : sans elle, tout le CO2 que nous émettons à travers nos activités n'aura d'autre choix que de se disperser dans l'atmosphèreatmosphère, faisant exploser la hausse des températures.