Les prévisions climatiques ne prennent pas suffisamment en compte l'effet refroidissant des tempêtes de sable, selon l'université de Californie. Car si cette poussière du désert est bien connue pour la fonte des neiges qu'elle provoque, son pouvoir d'atténuation du réchauffement climatique a jusqu'à maintenant été sous-estimé.   


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    Les poussières soulevées par les tempêtes de sable ont masqué une partie du réchauffement climatique lié aux activités humaines, selon une étude de l’université de Californie (UCLA) publiée dans Nature Reviews Earth & Environment. Depuis le XIXe siècle, la présence de cette poussière dans l'atmosphère a progressé de +30 à +55 %. Celle-ci provient majoritairement d'Asie et d'Afrique du Nord, à l'instar des nuages de sable du Sahara qui atteignent régulièrement la France. D'une manière générale, certains aspects des tempêtes de sable contribuent au réchauffement climatique, pendant que d'autres ont un effet atténuant et refroidissant sur le climat.

    Jusqu'à maintenant, les nuagesnuages de sable qui peuvent voyager sur des milliers de kilomètres étaient davantage perçus comme un phénomène aux conséquences négatives pour la Planète. Quand la poussière du désertdésert est emportée par les grands courants d'altitude et tombe sur les montagnes enneigées et les glaciersglaciers, cela leur fait absorber plus de chaleurchaleur : le blanc de la neige a pour conséquence de renvoyer les rayons vers le ciel, mais la couleurcouleur noire les absorbe et la couche de neige ou de glace fond encore plus vite. C'est notamment ce qui se produit en France lorsque le sable du Sahara voyage jusqu'à notre pays et recouvre les sommets et pentes enneigées des Pyrénées et des Alpes.

    L'effet refroidissant des particules de poussières sur le climat est majoritaire  

    Mais l'effet refroidissant des particules de poussières est finalement bien plus grand, selon les scientifiques californiens. D'après les auteurs de l'étude, la quantité de poussières qui s'est élevée dans l'atmosphère ces dernières années a pu permettre d'atténuer le réchauffement climatique actuel à hauteur de 8 %. Les poussières atténuent l'intensité des rayons du soleilsoleil et leur interaction avec des moléculesmolécules présentes dans l'atmosphère crée un processus légèrement refroidissant. Du côté des océans, ces particules de poussières ont également un effet refroidissant : le phosphorephosphore et le ferfer contenus dans les poussières jouent le rôle d'engrais pour le phytoplanctonphytoplancton. Cela booste la croissance de cet organisme marin qui absorbe alors davantage de CO2, un gaz à effet de serregaz à effet de serre, permettant ensuite au climat de moins se réchauffer.  

    Les poussières qui s'élèvent dans l'atmosphère après les tempêtes de sable ont un effet refroidissant sur le climat. © twenty20photos
    Les poussières qui s'élèvent dans l'atmosphère après les tempêtes de sable ont un effet refroidissant sur le climat. © twenty20photos

    Les modèles climatiques ont tendance à sous-évaluer l'effet des tempêtes de sable

    Ce paramètre pourrait légèrement modifier les prévisions des modèles climatiquesmodèles climatiques : l'augmentation significative de ces poussières dans l'atmosphère n'est en effet pas bien prise en compte par les modèles actuels. Mais il ne faut pas s'attendre à un changement renversant dans les résultats. Le climat va continuer à se réchauffer de manière inquiétante, mais peut-être légèrement moins que ce que les scientifiques envisageaient. Leur objectif est désormais d'arriver à mieux intégrer ce « paramètre poussières » dans les calculs informatiques. Les auteurs de l'étude précisent que les conclusions actuelles sur l'évolution du réchauffement climatique, même si elles n'intègrent pas assez l'effet du sable dans l'atmosphère, restent tout de même très proches de la vérité.

    Cependant, il ne faut pas trop compter sur les tempêtes de sable, bien qu'en augmentation, pour changer le futur de la planète : cette relative bonne nouvelle sur leur effet refroidissant s'accompagne d'une autre nouvelle, moins réjouissante. Comme beaucoup de scientifiques le pensaient, l'effet des gaz à effet de serre sur le réchauffement a probablement été sous-évalué jusqu'à maintenant, malgré des prévisions déjà alarmistes !

    Et même s'ils ont constaté une augmentation des tempêtes de sable ces dernières années, les scientifiques avouent être incapables de prédire leur évolution dans le futur : cette tendance va-t-elle se poursuivre avec davantage de poussières envoyées dans  l'atmosphère, ou non ? À ce jour, les chercheurs n'ont pas de réponse.

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