Selon une étude qui a analysé le risque d'extinction de 224 espèces de plantes, la survie du maïs, de l'avocat et de la tomatille dépend du sauvetage de leurs cousins respectifs en Mésoamérique !
[EN VIDÉO] Plus d'un million de graines conservées au Svalbard Global Seed Vault La plus grande réserve de graines au monde se situe sur l'archipel du Svalbard, en Norvège. Elle a été conçue pour faire face à la diminution de la biodiversité et de la diversité génétique. L'« Arche de Noé végétale » abrite ici plus d'un million de semences du monde entier.
Le changement climatique global affecte les plantes et remodèle les écosystèmes. Si les espèces cultivées reçoivent une attention accrue concernant leur protection, une espèce qui n'est pas cultivée ou ne présente pas d'intérêt écologique évident, comme c'est le cas d'une espèce-ingénieur par exemple, risque plus facilement de s'éteindre.
Cette tendance est pourtant trompeuse car, s'il est possible de préserver localement des cultures par la mise en place de serres par exemple, cela ne signifie pas que l'espèce cultivée s'adapte au changement climatique. Les solutions locales peuvent, de plus, entraîner une perte de diversité génétique chez l'espèce cultivée et limiter sa résilience face à un environnement changeant. Afin de favoriser cette résistance, il est donc primordial de conserver une importante variété génétique chez celle-ci mais également au sein des espèces du même genre qui pourraient éventuellement s'hybrider avec elle et lui permettre de s'adapter à de nouvelles conditions environnementales.
Une étude parue dans le journal Plants, People, Planet a permis d'analyser le risque d'extinction de 224 espèces de plantes génétiquement proches notamment du maïs, de l'avocat, de la vanille, des piments, des haricots, des courges, des pommes de terre, du coton et de la tomatille. Les espèces analysées proviennent de Mésoamérique (centre et sud du Mexique, Guatemala, Salvador et Honduras), qui constitue une source de nombreuses cultures, un centre pour leur domestication ainsi qu'un réservoir de diversité génétique pour ces espèces.
De multiples menaces sur les espèces sauvages
Parmi les 224 espèces considérées, l'étude révèle que 35 % (soit environ 78 espèces) sont menacées d'extinction, d'après les critères de la liste rouge de l'UICN. Les causes principales responsables de ce constat sont la modification de l'habitat naturel des espèces pour l'agriculture et l'élevage, les espèces invasives et les pathogènes, l'utilisation d'herbicides ainsi que l'exploitation forestière et le prélèvement excessif de ces espèces.
L'étude rapporte que, parmi le genre Vanilla, les huit espèces présentes dans la région sont en danger ou en danger critique d'extinction. Parmi le coton du genre Gossypium, 92 % des taxons sont menacés, 60 % des espèces d'avocat (Persea) le sont également. Parmi les taxons du maïs, des genres Zea et Tripsacum, 44 % et 33 % des espèces sont menacées, respectivement.
Selon José Sarukhán, coordonnateur national de la Commission nationale mexicaine pour la connaissance et l'utilisation de la biodiversité (Conabio), la diversité génétique de ces espèces est sous-représentée dans les banques de gènes.
Or, puisque la Mésoamérique est un « pôle d'origine et de domestication des principales cultures », la connaissance et la préservation de cette diversité génétique est d'une importance majeure pour comprendre comment un groupe d'espèce peut s'adapter à des environnements très différents les uns des autres. De plus, la préservation des espèces apparentées aux plantes cultivées revêt un intérêt culturel primordial car les populations locales en utilisent certaines en tant que médicaments.
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