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    Le plomb fut utilisé, en alliage, pour fabriquer les caractères d'imprimerie. Ces caractères mobilesmobiles, placés sur des plaques, composaient le texte d'une page, qui était ensuite imprimée sur des feuilles de papier. Il fallait ensuite enlever tous les caractères de plomb de la plaque, et placer les nouveaux pour composer une nouvelle page du livre.

    Caractères mobiles d'imprimerie en plomb. © Stux - Domaine public

    Caractères mobiles d'imprimerie en plomb. © Stux - Domaine public

    La fabrication des caractères d’imprimerie

    Une fonte de caractères est un ensemble de glyphes, c'est-à-dire de représentations visuelles de caractères, d'une même police d'écriture, de même stylestyle, corps et graisse. Ainsi, l'Helvetica romain gras 10 points est une fonte, et l'Helvetica romain gras 12 points est une autre fonte. La fonte de caractères se distingue de la police d'écriture qui regroupe tous les corps et graisses. Ainsi, Helvetica est une police d'écriture. Aujourd'hui, on confond souvent fonte et police, notamment dans l'informatique. Le terme « fonte » vient du fait que les premières fontes de caractères étaient faites d'un alliage de plomb d'étain et d'antimoine fondu afin de reproduire plusieurs caractères identiques à partir d'un moule unique. 

    Le premier livre européen imprimé avec des caractères mobiles est La grammaire latine de Donatus en 1451 par Gutenberg. La première édition latine de la Bible est celle dite « Bible à quarante-deux lignes », en 1453 par Gutenberg. Le premier livre imprimé en français est La Légende dorée de Jacques de Voragine par Barthélémy Buyer en 1476 à Lyon.

    La fabrication des caractères était une opération longue et difficile, en cinq phases :

    • dessiner l'alphabet à reproduire ;
    • le dessin en relief et inversé de la lettre était gravé à l'extrémité d'un poinçonpoinçon d'acieracier ;
    • celui-ci était frappé dans une matrice de cuivrecuivre ;
    • la matrice était justifiée pour que l'espacement et l'alignement des lettres soient réguliers ;
    • la matrice était insérée dans un moule recevant l'alliage en fusionfusion, c'est la fonte du caractère, et sortait alors un caractère métallique inversé.

    La réussite dépendait de la qualité du poinçon et de la matrice.

    Gutenberg et l'évolution de l'imprimerie

    Il s'appelait Johan Gensfleish zur Laden zum Gutenberg. Novateur dans l'usage des caractères métalliques mobiles, il est considéré comme l'inventeur de l'imprimerie typographique en Europe. Son invention va révolutionner les méthodes traditionnelles de production des livres.

    Gutenberg, considéré comme l'inventeur de l'imprimerie typographique en Europe. © Domaine public

    Gutenberg, considéré comme l'inventeur de l'imprimerie typographique en Europe. © Domaine public

    Jean Gutenberg fait son apprentissage pour devenir orfèvre. Il se forme à la ciselure et à la maîtrise des alliages. En 1450, il persuade le riche orfèvre Johann Fust de l'aider à financer son projet. Il lui prête 800 florins et devient son associé avec un contrat très contraignant. À l'époque, le seul livre capable d'un succès immédiat est la Bible de Saint Jérôme, la Biblia Latina.

    La <em>Bible </em>de Gutenberg. © Raoul 654, Licence de documentation libre GNU, version 1.2

    La Bible de Gutenberg. © Raoul 654, Licence de documentation libre GNU, version 1.2

    C'est à cette époque que Gutenberg perfectionne :

    • la technique de production des caractères en métalmétal échangeables et égaux (alliage de plomb, ferfer, étain et antimoine) à l'aide de timbres d'acier coupés, des matrices de cuivre et d'un instrument à couler ;
    • la presse à bras ;
    • l'encre d'impression.

    Composée à partir de la Vulgate de Saint Jérôme, la Bible de Gutenberg est considérée comme l'œuvre la plus technique et la plus esthétique de l'imprimerie de Gutenberg. Chaque page, présentée comme une page manuscrite et composée de caractères gothiques textura, se divise en deux colonnes de 42 lignes chacune. Achevée en été 1456, la « Bible à 42 lignes » a été imprimée à environ 180 exemplaires. Quarante-huit d'entre eux sont conservés et 12 sont imprimés sur parchemin.

    L'imprimerie et Venise, l'art de la typographie

    Les imprimeursimprimeurs vénitiens ont sans doute publié les plus beaux livres jamais imprimés. En Italie, Conrad Sweynheim et Arnold Pannartz, anciens assistants de Johann Fust à Mayence, installèrent la première presse italienne, en 1464, dans le monastère bénédictin de Subiaco dans les Apennins. Leur édition de Ciceron (1465) utilisait Antiqua, caractère plus arrondi que le gothique.

    Les frères de Spire obtinrent du Doge le privilège pour imprimer. Auparavant, en 1468, ils avaient déjà donné un « CicéronCicéron », Epistolae ad familiares, en utilisant un caractère clair et lisible inspiré de Subiaco. Lorsque Jean meurt fin 1469, Wendelin son frère continua leur œuvre mais ne put conserver les privilèges. Originaire de Sommevoire, et employé par Gutenberg, c'est à Venise que Jenson établit sa renommée de maître-imprimeur où il commença comme assistant de Jean et Wendelin de Spire.

    En 1470 il fonda la première société commerciale typographique baptisée Nicolaus Jenson Sociique. La société introduit un sceau typographique. La perfection de ses travaux en ont fait « le prince de l'art typographique ». L'apport majeur de Jenson à la typographie est son caractère romain qui marque le passage de la calligraphiecalligraphie à la composition typographique. Jenson va libérer la minuscule ne conservant que quelques doubles lettres. Il va ainsi unifier la minuscule calligraphique avec la capitale latine, en donnant à la lettre latine le jeu des pleins et des déliés.

    Romain de Jenson.

    Romain de Jenson.