Ötzi, l’homme des glaces, est loin d’avoir livré tous ses secrets. On savait déjà que cet homme, assassiné dans les Alpes il y a plus de 5 000 ans, n’était pas en très bonne forme au moment de sa mort. Une nouvelle étude révèle qu’il aurait de plus été infecté par un champignon pathogène.


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    En 1991, des alpinistes découvraient par hasard le corps momifié par le froid d’un homme mort il y a plus de 5 200 ans dans les Alpes. La dépouille surnommée Ötzi devient rapidement célèbre en raison de son parfait état de conservation, mais surtout des incroyables circonstances de sa mort. Les nombreuses études vont en effet conclure que l'homme, âgé de 45 ans, n'est pas mort naturellement, mais a été assassiné d'une flèche dans le dosdos.

    Les intestins infestés par des parasites

    Les blessures retrouvées sur son corps ont en effet permis de reconstruire avec une précision surprenante le déroulement des faits, que l'on considère aujourd'hui comme le premier meurtre documenté de l’histoire humaine. Mais, outre ces précieuses informations, l’analyse biologique d’Ötzi a révélé de très nombreux détails sur sa santé et son environnement, ce qui a permis aux scientifiques de dresser un tableau inédit des conditions de vie en Europe, à la fin du Néolithique.

    Parmi toutes ces révélations, on découvre qu'Ötzi était loin d'être en parfaite santé au moment de sa mort. Souffrant d'arthrosearthrose, de calculs biliairescalculs biliaires, les poumonspoumons encrassés, il était également porteur de la maladie de Lymela maladie de Lyme et de diverses bactériesbactéries pathogènespathogènes et parasitesparasites intestinaux.

    Reconstitution d'Ötzi. © gumtau, Flickr, CC by nc-sa 2.0
    Reconstitution d'Ötzi. © gumtau, Flickr, CC by nc-sa 2.0

    Un champignon responsable d’une maladie mortelle chez… les chauves-souris

    Et ce n'est pas fini. Car une nouvelle étude révèle la présence dans ses intestins d'un champignonchampignon appelé Pseudogymnoascus destructans. Un champignon que l'on connaît bien aujourd'hui, puisqu'il est responsable d'une maladie mortelle touchant largement les colonies de chauves-souris en Amérique du Nord. La santé d'Ötzi aurait-elle été pire encore que ce que l'on pensait jusqu'à présent ?

    <em>Pseudogymnoascus destructans</em> est responsable d'une maladie que l'on appelle le « nez blanc » chez les chauves-souris. © Gudrun Wibbelt, Andreas Kurth, David Hellmann, Manfred Weishaar, Alex Barlow, Michael Veith, Julia Prüger, Tamás Görföl, Lena Grosche, Fabio Bontadina, Ulrich Zöphel, Hans-Peter Seidl, Paul M. Cryan, and David S. Blehert, <em>Wikimedia Commons</em>, domaine public
    Pseudogymnoascus destructans est responsable d'une maladie que l'on appelle le « nez blanc » chez les chauves-souris. © Gudrun Wibbelt, Andreas Kurth, David Hellmann, Manfred Weishaar, Alex Barlow, Michael Veith, Julia Prüger, Tamás Görföl, Lena Grosche, Fabio Bontadina, Ulrich Zöphel, Hans-Peter Seidl, Paul M. Cryan, and David S. Blehert, Wikimedia Commons, domaine public

    Eh bien, peut-être pas. Car il s'agit d'un champignon qui ne se développe pas à des températures supérieures à 20 °C. Le corps humain est donc trop chaud. Pour les chercheurs, auteurs de l'étude publiée sur le site BioRxiv, il semble vraisemblable qu'Ötzi ait consommé accidentellement ces champignons pathogènes et qu'ils ne se soient développés dans ses intestins qu'après sa mort, profitant des froides températures de l'environnement alpin. Tout au plus, le champignon aurait pu causer à notre homme des problèmes de peau ou respiratoires. On en est presque soulagés pour lui !