Elles avaient été identifiées par le télescope spatial Kepler. Trois exoplanètes parmi des milliers d’autres. Mais trois exoplanètes – peut-être même quatre – qui finalement… n’en seraient pas ! À en croire des données plus précises fournies par la mission Gaia, il s’agirait plutôt de petites étoiles.


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    En 1995, des astronomesastronomes annonçaient avoir débusqué une planète en orbite autour d'une étoile autre que notre Soleil. Un coup de tonnerretonnerre ! Depuis, les scientifiques en ont découvert beaucoup d'autres. Environ 5.000 dans notre Galaxie. Et sans doute plutôt 5.000 moins 3 - voire moins 4. Car des chercheurs du Massachusetts Institute of Technology (MIT, États-Unis) rapportent aujourd'hui que trois exoplanètes, et peut-être même quatre, identifiées grâce au télescope spatial Kepler sont en réalité plus vraisemblablement de toutes petites étoiles.

    Rappelons en effet qu'il existe une limite de massemasse qui permet de distinguer une planète d'une étoile. « Deux fois la masse de Jupiter, ça commence à être suspect », commente Prajwam Niraula, l'auteur principal de l'étude, dans un communiqué du MIT. Car au-dessus de cette masse, la température et la pressionpression au cœur de l'objet deviennent telles que des réactions de fusion nucléairefusion nucléaire sont initiées. Une étoile s'allume alors. Évaluer la taille et la masse d'un objet apparaît donc crucial pour le confirmer comme exoplanète.

    Ce qui a mis la puce à l'oreille des astronomes du MIT, c'est d'abord un signal étrange renvoyé par Kepler-854b. Ce qu'ils cherchaient, alors, c'était à identifier des systèmes présentant des signes de distorsion de maréemarée - ce qui se produit lorsque l'attraction gravitationnelle d'un objet donne à un autre, proche de lui, la forme d'un œuf. « Cela donne une idée de la masse du plus petit des objets en question », précise Prajwam Niraula. C'est ainsi qu'il est littéralement tombé sur Kepler-854b. « L'objet présente un signal ellipsoïdal énorme. Assez immédiatement nous avons su que cela ne pouvait pas provenir d'une planète », explique Avi Shporer, chercheur au MIT.

    Un catalogue d'exoplanètes mis à jour

    Alors l'équipe a procédé à quelques vérifications. Quand Kepler-854b a été identifiée, en 2016, les données stellaires disponibles n'étaient pas aussi précises que celles dont nous disposons aujourd'hui notamment grâce à la mission GaiaGaia. La taille de l'objet a été estimée en fonction de celle alors connue de son étoile hôte. Par la méthode des transitstransits. Elle consiste à déterminer la taille d'un objet à partir de la baisse de luminositéluminosité enregistrée pour l'étoile en arrière-plan. Mais les nouvelles données à disposition des astronomes montrent désormais que Kepler-854b atteint une taille de l'ordre de trois fois celle de JupiterJupiter. « Il est impossible que l'universunivers puisse créer une planète de cette taille », assure Avi Shporer. Celle que l'on pensait être une exoplanète n'est en réalité autre qu'une petite étoile en orbite autour d'une plus grosse.

    La surprise passée, les chercheurs ont voulu savoir s'il y avait, dans le catalogue des exoplanètes, d'autres possibles erreurs de la sorte. Pour avoir la réponse, ils sont partis en quête d'étoiles dont la taille a été revue grâce aux mesures de la mission Gaia. Ils en ont trouvé trois. Avec des supposées planètes en orbite qui finalement, affichent une taille comprise entre deux et quatre fois la taille de Jupiter. Kepler-840b et Kepler-699b ont quitté les rangs des exoplanètes pour rejoindre ceux des petites étoiles.

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    Le doute persiste pour Kepler-747b. La taille de l'objet a en effet été réévaluée à 1,8 fois celle de Jupiter. Proche donc de la fameuse limite étoile/planète. Mais penchant a priori plus du côté exoplanète. Pourtant, les astronomes notent que Kepler-747b orbite très loin de sa supposée étoile hôte. Trop loin pour être une planète aussi grosse.

    Les corrections apportées par les chercheurs du MIT vont servir, notamment à ceux qui s'appuient sur la liste des exoplanètes pour étudier la population dans son ensemble. Pour leur assurer des résultats corrects, mieux vaut éviter les intrus. Mais que des « faux positifs » se glissent dans les données devrait arriver de moins en moins souvent, nous assurent-ils. Grâce à une sensibilité des instruments qui ne cesse de progresser.