Nouvelle image encore plus détaillée d’Ultima Thulé, le corps céleste le plus lointain et le plus ancien jamais exploré par une sonde spatiale.


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    Des confins du Système solaire, à plus de 6,6 milliards de kilomètres de la Terre, la sonde New HorizonsNew Horizons continue de transférer les images et les données qu'elle a glanées il y a deux mois, le Jour de l'an, lors de son survolsurvol inédit de 2014 MU69. La Nasa vient de dévoiler ce qui est, à ce jour, l'image la plus détaillée de cet objet de la ceinture de Kuiper. Elle a été capturée par le télescope Lorri (Long-Range Reconnaissance Imager), quelque six minutes et demie avant le passage de la sonde au plus près -- à 3.200 kilomètres -- de l'astéroïde. Sa résolutionrésolution de 33 mètres par pixelpixel permet à présent de mieux appréhender ses reliefs, comme ses apparentes boursouflures et ses formes circulaires visibles notamment sur Ultima, la plus grande partie du corps céleste. On distingue beaucoup mieux aussi les petits cratères d'impact au niveau du terminateur, éclairés par une lumièrelumière rasante.

    « Soit ces caractéristiques sont des cratères produits par des impacteursimpacteurs, soit des fosses de sublimationsublimation, des fosses d'effondrementeffondrement ou quelque chose de complètement différent, a fait savoir John Spencer, responsable scientifique adjoint de la mission au SwRI. En tout cas, cela fait l'objet de débats dans notre équipe scientifique. »

    Neuf images traitées composent cette vue la plus détaillée de 2014 MU69, surnommé Ultima Thulé. Photos prises avec la caméra Lorri de la sonde New Horizons, le premier janvier 2019, à 6.628 kilomètres de l’astéroïde, soit six minutes et demie avant son passage au plus proche. © Nasa, SwRI, JHUAPL
    Neuf images traitées composent cette vue la plus détaillée de 2014 MU69, surnommé Ultima Thulé. Photos prises avec la caméra Lorri de la sonde New Horizons, le premier janvier 2019, à 6.628 kilomètres de l’astéroïde, soit six minutes et demie avant son passage au plus proche. © Nasa, SwRI, JHUAPL

    Une mission à haut risque

    La Nasa et le directeur scientifique de la mission, Alan Stern, ont rappelé combien cette prise de données au vol d'un corps céleste si éloigné fut périlleuse. Non seulement, il fallait s'assurer que la route était dégagée pour la sonde mais elle devait aussi prendre les images au bon moment quand l'astreastre serait dans le champ étroit de sa caméra. Le risque existait, en effet, qu'un seul morceau d'Ultima Thulé n'apparaisse sur les photos.

    « Pour obtenir ces images, nous devions savoir exactement où se trouvaient, à tout moment, Ultima et New Horizons, qui se croisaient à plus de 49.000 km/h dans la pénombrepénombre de la ceinture de Kuiperceinture de Kuiper, à un milliard de kilomètres de PlutonPluton, a indiqué Alan Stern. Ce fut une observation beaucoup plus difficile que tout ce que nous avions tenté lors de notre survol de Pluton en 2015. »

    Animation créée à partir de 14 images prises par la caméra Lorri de New Horizons lorsqu'elle était à seulement 6.640 kilomètres de l'astéroïde 2014 MU69, l'objet le plus lointain jamais exploré. © Nasa, SwRI, JHUAPL

    Chapeau encore aux « pilotes » de la sonde pour le succès de cette approche d'un objet si lointain (44 fois plus loin du SoleilSoleil que de la Terre) et à l'équipe technique sans laquelle nous n'aurions pu voir à quoi ressemble « l'objet le plus primitif jamais rencontré par un vaisseau spatial ». Qualifié de « bonhomme de neige » de par sa forme, 2014 MU69 est en réalité beaucoup plus aplati qu'il n'y paraît. Une surprise et une énigme pour les chercheurs de la mission qui tentent d'en découvrir plus.

    Voir aussi

    FarFarOut, le nouvel objet le plus lointain du Système solaire


    New Horizons : nouvelles images détaillées d'Ultima Thulé

    Article de Rémy DecourtRémy Decourt publié le 26 janvier 2019

    La Nasa vient de rendre publique une image d'Ultima ThuléUltima Thulé qui a été retravaillée de façon à la rendre plus nette et montrer des détails jusqu'alors insoupçonnés.

    La vue la plus détaillée d'Ultima Thulé transmise en janvier 2019. © Nasa, JHUAPL, SwRI
    La vue la plus détaillée d'Ultima Thulé transmise en janvier 2019. © Nasa, JHUAPL, SwRI

    Plus de trois semaines après le survol d'Ultima Thulé - l'objet le plus loin du Soleil jamais observé par une sonde -, l'équipe scientifique de la mission a débuté le retraitement de chaque image. Le but est d'améliorer la netteté globale et la définition des détails. Ce processus, appelé déconvolution, amplifie également le grain de l'image lorsqu'elle est visualisée à contrastecontraste élevé. Au cours du mois prochain, de nouvelles images seront disponibles, en couleurcouleur cette fois-ci, et avec une résolution encore améliorée.

    Une première image retraitée a été rendue publique et le résultat est bluffant. La qualité initiale de l'image, floue et bruitée, ne permettait pas de discerner les détails les plus petits susceptibles d'être visibles, compte tenu de la résolution de la caméra de New Horizons. Elle limitait aussi l'exploitation scientifique de l'image qui n'en demeurait pas moins exceptionnelle quand on sait dans quelles conditions la sonde New Horizons a photographié Ultima Thulé (un passage unique à 3.500 kilomètres du centre de l'astéroïde, au plus près, à quelque 50.500 kilomètres par heure !).

    L’étape intermédiaire entre blocs rocheux et protoplanètes

    Avec une résolution originale de 135 mètres par pixel, c'est-à-dire que chaque détail visible mesure environ 400 mètres (il faut trois pixels pour discerner nettement quelque chose), cette image revisitée montre de nouveaux détails topographiques que les scientifiques ne soupçonnaient pas, notamment le long du terminateur, la limite jour-nuit (en haut de l'image). De nombreuses petites fosses allant jusqu'à environ 700 mètres de diamètre sont maintenant visibles. Sur la plus petite des deux parties de l'objet, on estime à environ 7 kilomètres le diamètre de la grande structure circulaire. Les scientifiques ne sont pas encore en mesure de dire si ces fosses (dépressions) sont des cratères d'impact ou des structures géologiques résultant d'autres processus, tels que des effondrements, ou provoqués par des éjectas de matériaux volatils mis à l'airair libre.

    Ultima Thulé, avant (image de gauche) et après traitement de l'image (à droite). © Nasa, SwRI, JHUAPL
    Ultima Thulé, avant (image de gauche) et après traitement de l'image (à droite). © Nasa, SwRI, JHUAPL

    Les deux parties d'Ultima Thulé présentent aussi de nombreux motifs lumineux et sombres, dont l'origine est à ce jour inconnue. L'un des plus étonnants est certainement ce collier lumineux qui semble marquer une frontière entre les deux blocs rocheux.  Étonnement, elles ne sont pas identiques. L'une a des structures et des dispositifs géologiques que l'autre n'a pas.

    Si ces images améliorées fournissent de nouvelles informations, elles amènent aussi de nouvelles questions. Ultima Thulé, qui est le fossilefossile de la formation des planètes le plus vieux et certainement le mieux conservé jamais observé par une sonde, a beaucoup à nous raconter sur les processus, par accrétionaccrétion, de la naissance des planètes. « Nous assistons à une représentation physiquephysique du début de la formation des planètes, figée dans le temps », expliquait Jeff Moore qui dirige l'équipe de géologiegéologie et géophysique de la mission lors de la diffusiondiffusion des premières images d'Ultima Thulé. Mais pour tout savoir (ou presque) sur Ultima Thulé, il faudra tout de même patienter encore plusieurs mois, le temps que toutes les données raflées lors du passage de New Horizons soient transmises jusqu'à la Terre. À cette distance, un signal radio émis par la sonde met six heures et neuf minutes avant d'atteindre la Terre.

    Quant à la sonde New Horizons, elle poursuit son voyage au fin fond du Système solaire sans but fixe, bien que l'équipe de la mission ait une autre cible vers laquelle mettre le cap. Elle se situe aujourd'hui à environ 6,64 milliards de kilomètres du Soleil et s'en éloigne de 50.500 kilomètres chaque heure !


    New Horizons : premières images détaillées d'Ultima Thulé, l'objet le plus lointain jamais exploré

    Article de Xavier DemeersmanXavier Demeersman, publié le 03/01/2019

    Voici à quoi ressemble 2014 MU69, surnommé Ultima Thulé. Un bonhomme de neige ! Trois ans après avoir révélé au monde le visage de Pluton, la sonde New Horizons marque à nouveau l'Histoire en approchant et photographiant un fossile de la formation du Système solaire, circulant dans la ceinture de Kuiper, à plus de 6,6 milliards de kilomètres. C'est le monde le plus éloigné jamais visité par un vaisseau terrestre.

    L'équipe de New Horizons continue de nous faire rêver en nous faisant découvrir progressivement Ultima Thulé, au fur et à mesure que les données collectées par la sonde arrivent. Hier soir, mercredi 2 janvier, soit quelques heures seulement après le passage du vaisseau à 3.500 kilomètres du centre de l'objet de la ceinture de Kuiper, Alan Stern et ses collègues nous ont régalés en dévoilant les premières images détaillées de l'astéroïde.

    Maintenant, il est clair qu'Ultima Thulé, de son vrai nom 2014 MU69, n'est pas double. Il s'agit en réalité d'un binairebinaire par contact. (Un peu comme la comètecomète Tchouri suivie durant deux ans par la sonde RosettaRosetta.) Alors que sur les images du 31 décembre (voir article plus bas), on imaginait volontiers une quille de bowling ou une cacahuètecacahuète, il est difficile à présent de ne pas voir un bonhomme de neige dans cet assemblage de corps glacés. On pense aussi au robotrobot BB-8.

    2014 MU69 <em>alias</em> Ultima Thulé photographié à 28.000 kilomètres de distance, le premier janvier, une demi-heure avant le passage de New Horizons au plus près de l'objet de la ceinture de Kuiper. Sa période de rotation est estimée à 15 heures. © Nasa, SwRI, JHUAPL
    2014 MU69 alias Ultima Thulé photographié à 28.000 kilomètres de distance, le premier janvier, une demi-heure avant le passage de New Horizons au plus près de l'objet de la ceinture de Kuiper. Sa période de rotation est estimée à 15 heures. © Nasa, SwRI, JHUAPL

    Un fossile du Système solaire figé dans le temps

    Les chercheurs ont décidé de surnommer le petit élément, Thulé et le plus grand, Ultima. Le premier mesure 14 kilomètres de diamètre et le second, 19 kilomètres. L'ensemble est long de 31 kilomètres. Les deux sphères sont probablement collées ensemble depuis l'aubeaube du Système solaire. Mais à peine collées et leur collision s'est certainement produite avec lenteur, à une vitessevitesse de quelques kilomètres par heure, supposent les chercheurs. Les astronomesastronomes sont ravis. C'est un véritable fossile que New Horizons a frôlé le jour de l'an. L'astre a beaucoup à nous raconter sur les processus, par accrétion, de la naissance des planètes. « Nous assistons à une représentation physique du début de la formation planétaire, figée dans le temps », explique Jeff Moore qui dirige l'équipe de géologie et géophysique de la mission. « New Horizons est comme une machine à remonter le temps qui nous ramène à la naissance du Système solaire ». Rangé au frais, dans la ceinture de Kuiper, à plus de 6 milliards de kilomètres de la Terre, Ultima Thulé n'a pas beaucoup changé depuis 4,6 milliards d'années.

    Des images encore plus détaillées de la surface d'Ultima Thulé seront dévoilées ce soir.

    Première image couleur d’Ultima Thulé prise à environ 137.000 kilomètres, le premier janvier à 05 h 08 heure de Paris. D’une résolution supérieure, l’image centrale a été capturée par l’instrument Lorri (<em>Long-Range Reconnaissance Imager</em>). L’image de droite combine celle de Lorri et celle de gauche, en couleur, prise avec la caméra MVIC (<em>Multispectral Visible Imaging Camera</em>). Et surprise : 2014 MU69 est plutôt rouge ! © Nasa, SwRI, JHUAPL
    Première image couleur d’Ultima Thulé prise à environ 137.000 kilomètres, le premier janvier à 05 h 08 heure de Paris. D’une résolution supérieure, l’image centrale a été capturée par l’instrument Lorri (Long-Range Reconnaissance Imager). L’image de droite combine celle de Lorri et celle de gauche, en couleur, prise avec la caméra MVIC (Multispectral Visible Imaging Camera). Et surprise : 2014 MU69 est plutôt rouge ! © Nasa, SwRI, JHUAPL

    New Horizons a réussi le survol d'Ultima Thulé : premières images

    Article de Xavier Demeersman publié le 2 janvier 2019

    Les équipes de la sonde New Horizons (ingénieurs et scientifiques) ont passé le réveillon du nouvel an ensemble, les yeuxyeux rivés sur leurs écrans pour surveiller tous les signes vitaux de leur vaisseau qui, à plus de 44 fois la distance entre la Terre et le Soleil - et un décalage horaire de six heures -, frôlait Ultima Thulé. La sonde qui réalisa en juillet 2015 le premier survol de la célèbre et lointaine Pluton marqua une nouvelle fois l'histoire en réussissant son rendez-vous avec l'astéroïde 2014 MU69, surnommé Ultima Thulé.

    Ultima Thulé, car l'astre est à ce jour le monde le plus lointain jamais exploré par une machine humaine. « New Horizons a réalisé la performance la plus poussée de tous les temps », s'est réjoui le chef de la mission Alan Stern, du Southwest Research Institute. Mais comme les records sont faits pour être battus et que de toute façon la sonde poursuit sa route, ce ne sera probablement pas son ultime étape. Les chercheurs de la mission songent d'ailleurs à rechercher une autre cible vers laquelle mettre le cap. Surtout dans cette région lointaine et méconnue qu'est la ceinture de Kuiper, qui regorge d'autres « Thulé », véritables fossiles de la formation du Système solaire.

    À gauche, image prise par l’instrument Lorri de New Horizons le 31 décembre 2018. À droite, représentation artistique d’Ultima Thulé avec son axe de rotation. © Nasa, SwRI, JHUAPL
    À gauche, image prise par l’instrument Lorri de New Horizons le 31 décembre 2018. À droite, représentation artistique d’Ultima Thulé avec son axe de rotation. © Nasa, SwRI, JHUAPL

    Ultima Thulé est-il double ?

    Pour tout savoir (ou presque) sur Ultima Thulé, témoin de la naissance des planètes, il faudra tout de même patienter environ 20 mois, le temps que toutes les données raflées lors de son passage unique à 3.500 kilomètres du centre de l'astéroïde, ce premier janvier, soient transmises au goutte-à-goutte jusqu'à la Terre, à plus de six heures-lumière - et 6,6 milliards de kilomètres - de là. Mais que l'on se rassure, cette première semaine de 2019, s'annonce intense et trépidante, Alan Stern et son équipe nous donnant rendez-vous tous les soirs pour faire le point et partager les dernières informations.

    Le feuilleton a d'ores et déjà commencé et le moins que l'on puisse dire est que les premières données et mesures reçues aiguisent notre appétit. Alors, à quoi ressemble 2014 MU69 ? Les images, encore floues, acquises le 31 décembre - quand New Horizons était à un peu moins d'un million de kilomètres d'Ultima -, nous montrent un corps allongé qui n'est pas sans évoquer aux Américains une quille de bowling. Mais alors, une quille de 32 kilomètres de longueur et de 16 kilomètres de largeur. Est-ce que tout cela tient ensemble ou Ultima est-il double ? La question demeure..., surtout depuis les observations faites en divers points de la Terre, il y a plusieurs mois, quand l'objet est passé devant une étoileétoile.

    En tout cas, les chercheurs peuvent se vanter d'avoir déjà résolu un mystère qui les tenaillait depuis quelques jours, celui de la luminositéluminosité de l'astre qui ne variait pas en dépit de sa rotation. C'est parce que l'un des pôles de l'axe de rotation d'Ultima fait face à New Horizons, ont-ils fait savoir... un peu comme une hélice.

    Rendez-vous demain pour la suite de l'exploration de cette terraterra incognita qui promet d'être savoureuse.