La Terre n'est pas le centre de l'Univers, la vie terrestre basée sur l'eau serait-elle également exotique et rare ? On cherche depuis des décennies à répondre à cette question difficile. Un article co-écrit par la célèbre planétologue Sara Seager, qui a proposé de chercher de la vie sur Vénus, explore rapidement la question de l'importance de l'eau pour la vie dans le cosmos observable et fait le point sur les alternatives qui ont été imaginées.


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    Sur Terre, il nous paraît évident que l'existence de la vie est étroitement liée à celle de l'eau liquide. Mais il nous semblait indiscutable aussi que la Terre était plate et que le Soleil tournait autour. Des siècles de recherches scientifiques nous ont appris qu'il ne fallait pas toujours se fier aux évidences et questionner ce qui semblait non questionnable et c'est d'ailleurs de cette façon qu'EinsteinEinstein a remis en cause nos concepts d'espace et de temps, ou encore qu'Heisenberg a fait sa découverte de la mécanique quantique matricielle en considérant que, dans l'atome, les électrons n'avaient pas de trajectoires contrairement à ce que laissaient penser des expériences avec par exemple des chambres à bulles exhibant des semblants de trajectoires pour les particules chargées.

    Ni animal, ni plante, ni champignon, le blob est l'une des plus étranges créatures du règne animal. Ressemblant à une drôle de gelée gluante, son intelligence lui permet pourtant d'aider les ingénieurs à concevoir des villes mieux organisées ! © Futura

    Les chimistes et des biologistes se penchent donc sur la question de savoir si des formes de vie exotiquesexotiques ne pourraient pas être découvertes aussi sur des mondes sans eau. Certains ont même spéculé sur l’existence de formes de vie basées sur le silicium et pas sur le carbone. Un article aujourd'hui déposé récemment sur arXiv par la célèbre astronomeastronome et planétologue canado-américaine Sara Seager, actuellement professeure au Massachusetts Institute of Technology (MIT), fait un point rapide avec des collègues sur l'état des recherches sur des alternatives à l'eau pour la vie. Il y a quelques années, elle avait proposé l'existence de formes de vie dans l'atmosphère acide de Vénus.


    Chaque étoile que nous voyons dans le ciel a au moins une planète en orbite autour d'elle, explique l'astronome Sara Seager dans cette conférence en 2015. Alors que savons-nous de ces exoplanètes, et comment pouvons-nous en savoir plus ? Seager présente son ensemble d'exoplanètes préféré et montre une nouvelle technologie qui peut aider à collecter des informations à leur sujet – et même nous aider à rechercher des exoplanètes avec de la vie. Pour obtenir une traduction en français assez fidèle, cliquez sur le rectangle blanc en bas à droite. Les sous-titres en anglais devraient alors apparaître. Cliquez ensuite sur l'écrou à droite du rectangle, puis sur « Sous-titres » et enfin sur « Traduire automatiquement ». Choisissez « Français ». © TED

    Des extraterrestres gorgés d'acide sulfurique ?

    On sait depuis longtemps que l'eau a des propriétés chimiques particulières que l'on cherche d'ailleurs à mieux comprendre avec les équationséquations de la mécanique quantique. Ainsi, elle augmente de volumevolume quand elle gèle. C'est un solvantsolvant que l'on considère comme presque universel de sorte que bien des espèces chimiquesespèces chimiques peuvent s'y trouver en solution, ce qui permet de nombreuses interactions entre molécules et donc des réactions pouvant mener à des composés complexes comme l’ANR.

    Sara Seager et ses collègues commencent par considérer que, pour qu'une forme de vie utilise un autre solvant que l'eau sur une exoplanèteexoplanète, il faut qu'un large éventail de moléculesmolécules organiques puisse exister dans ce solvant et que le solvant lui-même puisse se trouver en abondance sur des exoplanètes prometteuses. Enfin, le solvant ne doit pas dissoudre toutes les molécules et il doit jouer un rôle dans le métabolismemétabolisme.

    Sur ces critères, on peut éliminer l'ammoniacammoniac (NH3) qui est très facilement décomposé par la lumièrelumière ultraviolette.

    En revanche, on peut se poser des questions sur l'acide sulfuriqueacide sulfurique concentré (H2SO4). D'ordinaire, il est extrêmement dangereux pour la vie sur Terre mais on connaît des extrêmophiles qui résistent à des pH élevés et l'on sait que, comme l'eau, il peut posséder en solution de nombreux ionsions. On ne sait pas cependant si une grande variété de molécules pourrait y survivre.


    Sommes-nous seuls dans l’Univers ? Vous vous êtes peut-être déjà posé la question… On peut trouver des réponses dans les films, la littérature ou les bandes dessinées de science-fiction et notre imaginaire est peuplé de créatures extraterrestres ! Mais que dit la science à ce sujet ? Le site AstrobioEducation vous propose de partir à la découverte de l’exobiologie, une science interdisciplinaire qui a pour objet l’étude de l’origine de la vie et sa recherche ailleurs dans l’Univers. À travers un parcours pédagogique divisé en 12 étapes, des chercheurs et chercheuses de différentes disciplines vous aideront à comprendre comment la science s’emploie à répondre aux fascinantes questions des origines de la vie et de sa recherche ailleurs que sur la Terre. © Société française d'Exobiologie

    De la vie sans eau sur Titan ?

    La molécule la plus prometteuse est celle du dioxyde de carbonedioxyde de carbone (CO2) et ça tombe bien puisque que l'on sait que les atmosphèresatmosphères de Mars et de VénusVénus sont principalement composées de CO2. En fait, une exoplanète avec des étendues de dioxyde de carbone liquide pourrait précisément être très intéressante pour les exobiologistes. Un bémol toutefois, on ne sait pas s'il pourrait vraiment permettre un métabolisme complexe.


    L'eau liquide, condition nécessaire à la vie ? Par Kristin Bartik, EMNS, Université libre de Bruxelles. Une vidéo du parcours éducatif AstrobioEducation. © Société française d'Exobiologie

    On ne peut pas exclure non plus qu'une forme de vie exotique basée à la fois sur l'eau, l'ammoniac et le dioxyde de carbone existe. Un endroit pour tenter de vérifier cette hypothèse s'impose tout de suite : les lacs et les mers d'hydrocarburehydrocarbure de TitanTitan. On pourrait donc avoir des surprises avec la mission Dragonfly (« libellulelibellule » en français) de la NasaNasa. Son lancement est programmé à l'horizon 2027 pour un atterrissage et le début des opérations dès 2034 si tout va bien.