Des bactéries infectieuses pour l'Homme ont survécu un certain temps dans des environnements martiens recréés en laboratoire sur Terre. C'est une nouvelle intéressante pour les exobiologistes en quête de micro-organismes martiens bien vivants mais cela pose des questions pour la colonisation de la Planète rouge.


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    Dans sa tentative de comprendre sa place dans le cosmoscosmos observable, si elle est unique et seule ou pas, la noosphère continue activement à chercher des formes de vie ailleurs que sur Terre dans le Système solaire. On a longtemps pensé que la Planète rouge était très prometteuse à cet égard et même qu'elle pouvait être habitée. Mais comme Futura l'avait expliqué dans un précédent article, quand en 1965 la sonde Mariner 4 de la Nasa a survolé Mars, elle a fait voler en éclats les espoirs de ceux qui pouvaient penser que des romans comme le célèbre Chroniques martiennes de Ray Bradbury étaient peut-être autre chose que de la science-fiction.

    Les instruments de la sonde révélaient en effet une absence de boucliers magnétiques et confirmaient la présence d'une atmosphèreatmosphère ténue et froide, peu propice aux écoulements d'eau liquide, si ce n'est sous forme de saumuresaumure éventuellement colonisable par les équivalents de certains extrêmophiles observés sur Terre. En conséquence de quoi, les rayons cosmiques et l'absence d'une couche d'ozonecouche d'ozone pour la protection contre les UVUV ne devaient pas non plus faciliter les choses à des formes de vie éventuelles à la surface de Mars. De sorte que dès cette époque, l'espoir de trouver des formes de vie multicellulaires sur la Planète rouge a été largement abandonné.

    Mais peut-être pouvait-on y trouver des micro-organismesmicro-organismes et c'est bien leur détection que l'on a tenté de faire dans les années 1970 avec les fameuses missions Viking. Les résultats ont été décevants mais aussi problématiques avec l'expérience Labeled Release (comme l'ont montré des tests sur des échantillons provenant du désertdésert d'Atacama, elle pouvait détecter 5 à 10 cellules bactériennes par gramme de sol) conduite par les atterrisseurs sur Mars. Les orbiteurs ramenaient, eux, des images d'un passé beaucoup plus accueillant, avec des écoulements importants d'eau liquide il y a plus de trois milliards d'années.


    Sommes-nous seuls dans l’Univers ? Vous vous êtes peut-être déjà posé la question… On peut trouver des réponses dans les films, la littérature ou les bandes dessinées de science-fiction et notre imaginaire est peuplé de créatures extraterrestres ! Mais que dit la science à ce sujet ? Le site AstrobioEducation vous propose de partir à la découverte de l’exobiologie, une science interdisciplinaire qui a pour objet l’étude de l’origine de la vie et sa recherche ailleurs dans l’Univers. À travers un parcours pédagogique divisé en 12 étapes, des chercheurs et chercheuses de différentes disciplines vous aideront à comprendre comment la science s’emploie à répondre aux fascinantes questions des origines de la vie et de sa recherche ailleurs que sur la Terre. © Société française d'Exobiologie

    Une bactérie qui semblait se reproduire malgré les conditions martiennes

    Les exobiologistes n'ont pas chômé depuis les années 1970 pour étudier déjà sur Terre des formes de vie sous forme de micro-organismes dans des conditions similaires à celles que l'on pouvait trouver sur Mars, notamment en AntarctiqueAntarctique ou en ArctiqueArctique et même dans les déserts arides et froids de l'Amérique du Sud en hautes altitudes, là ou le rayonnement ultraviolet est plus intense.

    On a ainsi découvert des bactériesbactéries capables de résister à des doses incroyablement élevées de rayons cosmiques comme Deinococcus radiodurans qui dans des expériences a survécu à une irradiation équivalente à celle qu’elle aurait reçue à une dizaine de centimètres sous la surface de Mars pendant 1,2 million d'années.

    Des bactéries méthanogènes élevées dans des conditions martiennes ont montré également une certaine résistance et aujourd'hui on apprend, via un article publié dans la revue Astrobiology, qu'une équipe internationale composée de spécialistes des radiations, de biologistes et d'experts en maladies infectieuses a découvert quatre types de bactéries capables de survivre à une exposition à l'environnement hostile de Mars.

    Serratia marcescens, PseudomonasPseudomonas aeruginosa, Klebsiella pneumoniae et Burkholderia cepacia, toutes les quatre connues pour infecter les humains ont donc été mises dans des containers sur des sols artificiels similaires à ceux avec du régolithe martien, sans oxygèneoxygène, à basses températures et exposées aux radiations ionisantes.

    Trois de ces bactéries ont tout de même survécu pendant 21 jours et l'une d'elles, Pseudomonas aeruginosa, semblait même se multiplier et prospérer.

    C'est un résultat intéressant pour un exobiologiste cherchant la vie sur Mars mais ce n'est pas forcément une bonne nouvelle pour l'exploration ou la colonisation humaine de Mars. En effet, des bactéries terrestres apportées par des missions habitées pourraient muter au point de survivre particulièrement bien sur Mars et d'être mortelles pour des Homo sapiensHomo sapiens.