Une fois séchées et congelées, certaines bactéries peuvent survivre pendant des centaines de millions d’années. Même exposées à un rayonnement ionisant intense. Pour peu qu’elles soient protégées par une épaisseur de terre. De là à imaginer que des bactéries pourraient encore survivre dans le sous-sol de Mars, il n’y a plus qu’un pas…


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    Sur notre Terre, les spores de Bacillus, une bactériebactérie que l'on trouve généralement dans les sols, peuvent résister à des conditions difficiles pendant des millions d'années. C'est déjà un exploit. Mais ce n'est presque rien à côté de ce que peut endurer Deinococcus radiodurans. Cette bactérie est l'un des organismes les plus radiorésistants que les scientifiques connaissent. À tel point qu'ils l'appellent « Conan la bactérie » !

    Des chercheurs de l’université Northwestern (États-Unis) montrent aujourd'hui que Deinococcus radiodurans pourrait survivre dans les conditions extrêmes qui règnent sur Mars. Et ce, pendant des centaines de millions d'années. De quoi relancer l'espoir de trouver des traces de vie sur la Planète rouge. Mais aussi un peu les inquiétudes quant à de possibles contaminationscontaminations. Car de telles bactéries pourraient être ramenées sur Terre dans des échantillons. De futurs colons ou touristes de l'espace pourraient aussi contaminer Mars en emportant par inadvertance avec eux quelques-unes d'entre elles.

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    Des micro-organismes terrestres pourraient résister aux conditions de vie sur Mars

    Pour en arriver à cette conclusion, les chercheurs ont exposé leurs échantillons -- de « Conan la bactérie » et de plusieurs autres -- à des températures froides et dans un environnement sec, à de fortes doses de rayonnement gamma et de protons pour simuler les radiations qui arrivent jusque dans le proche sous-sol de Mars. Ils ont aussi exposé des échantillons à des doses moindres pour avoir un aperçu de ce qui se passerait pour des micro-organismesmicro-organismes plus profondément enfouis dans le sol.

    <em>Deinococcus radiodurans</em> vue en micrographie électronique à transmission. © Michael Daly, <em>Uniformed Services University</em>, Bethesda, Wikipédia. Domaine public
    Deinococcus radiodurans vue en micrographie électronique à transmission. © Michael Daly, Uniformed Services University, Bethesda, Wikipédia. Domaine public

    Des bactéries incroyablement résistantes

    Des travaux passés avaient déjà montré qu'en suspension dans un liquide, Deinococcus radiodurans pouvait survivre à 25 000 graysgrays. C'est l'équivalent de 1,2 million d'années de radiations reçues à une dizaine de centimètres sous la surface de la Planète rouge. Mais cette fois, les chercheurs concluent que, lorsque la bactérie est séchée, congelée -- comme c'est probablement le cas sur Mars -- et profondément enfouie dans le sol, elle peut résister à quelque 140 000 grays. Pour se faire une idée, cela correspond à peu près à 28 000 fois la dose qui tuerait un être humain !

    Les chercheurs de l'université de Northwestern rapportent ainsi que « Conan la bactérie » pourrait survivre jusqu'à 280 millions d'années. Pour peu qu'elle soit protégée par une dizaine de mètres de sol martien. Le tout, semble-t-il, du fait de la structure génomiquegénomique du micro-organisme. En effet, les plasmidesplasmides correspondent normalement à de petits fragments d’ADN circulaires présents dans les cellules bactériennes, mais indépendants du génomegénome de la bactérie. Or, chez Deinococcus radiodurans, chromosomeschromosomes et plasmides sont liés et maintenus dans un alignement parfait qui aide à les réparer lorsqu'ils sont endommagés par un rayonnement intense.

    Selon les chercheurs, si la vie est effectivement apparue à un moment de l'histoire de Mars, les futures missions envoyées sur place pour en trouver des traces pourraient bien être couronnées de succès. D'abord parce que les impacts de météorites rebattent régulièrement les cartes de l'environnement martien et pourraient avoir permis un repeuplement et une dispersion intermittente de Deinococcus radiodurans depuis la disparition de l'eau à la surface de la Planète rouge. Et ensuite, même si toute forme de vie viable devait avoir depuis disparue, des macromolécules et virus auraient bien pu leur survivre beaucoup plus longtemps.