Si le nombre de contaminations par le VIH a considérablement baissé, les associations de lutte contre le Sida s'inquiètent de voir perdurer un certain nombre d'idées reçues et de préjugés qui pourraient réduire à néant des années d'efforts en matière de santé sexuelle. Paradoxalement, si la population s'estime bien informée, notamment la jeune génération, les modes de transmission et de contamination restent mal connus.
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Le virus du sida pourrait se transmettre via un tatouage, une étreinte, un verre d'eau partagé, ou une poignée de main, tandis que la pilule du lendemain, un produit de toilette intime, voire un comprimé de paracétamol constitueraient des barrières efficaces pour se prémunir du virus. Autant d'idées reçues -- et fausses -- qui circulent toujours 40 ans après la découverte du virus du Sida, et qu'il est nécessaire de combattre pour enrayer la maladie et lutter contre toute forme de stigmatisation.
L'urgence d'intensifier la prévention et l'information
D'après le sondage réalisé par l'Ifop pour Sidaction, auprès de jeunes Français âgés de 15 à 24 ans, près de huit jeunes interrogés sur dix (79 %)) se disent bien informés sur le virus du Sida, que ce soit en termes de prévention, de transmission ou de traitements. Un chiffre en constante augmentation depuis 2021 (67 %), bien que ce sentiment d'information ne se reflète pas dans les réponses concrètes fournies par les répondants sur les représentations associées au VIH/Sida.
Parmi la jeune génération, de plus en plus de personnes pensent que le virus du sida peut être transmis en se faisant tatouer ou percer (61 %), en embrassant une personne séropositiveséropositive (30 %), via la transpiration (25 %), en partageant un verre d'eau (25 %), via le siège de toilettes publiques (25 %), en mangeant dans la même assiette qu'une personne séropositive (23 %), ou en lui serrant la main (16 %).
Près de quatre sondés sur dix (38 %) estiment, par exemple, avoir moins de risque d'être infectés par le virus du Sida que les autres. Plus d'un tiers des jeunes répondants (37 %) considèrent aussi à tort qu'il existe un vaccin pour empêcher la transmission du virus, 36 % un traitement pour en guérir, et 21 % pensent, une nouvelle fois à tort, que le Sida ne touche que les homosexuelshomosexuels et les toxicomanes.
Neuf jeunes sur dix ont conscience de l'efficacité du préservatif masculinpréservatif masculin pour empêcher la transmission du virus du Sida, tout comme 77 % estiment, cette fois à raison, que le préservatif féminin est également efficace. En revanche, plus d'un quart des répondants (26 %) pensent, cette fois à tort, que la pilule contraceptive d'urgence peut elle aussi empêcher la transmission du VIH/Sida. Et le constat est le même pour le recours à un produit de toilette intime (24 %), à une pilule contraceptivepilule contraceptive classique (23 %), et même à un comprimé de paracétamol (19 %).
Ces idées reçues ne sont pas sans conséquences sur la façon dont les personnes séropositives sont perçues, et par conséquent stigmatisées. Quatre jeunes sur dix ne se sentiraient pas à l'aise s'ils apprenaient que la nounou de leur(s) enfant(s) était séropositive. Et ce malaise se ressentirait également vis-à-vis de la personne avec laquelle ils partiraient en vacances (31 %), leur médecin traitant (31 %), un collègue ou un camarade (29 %), leur meilleur(e) ami(e) (28 %), ou un enseignant (25 %).
À l'occasion de la Journée mondiale de lutte contre le Sida, voici donc 5 idées reçues à balayer d'un revers de la main
Le Sida a disparu
FAUX. Moins présent dans les médias depuis plusieurs années, le Sida n'a pas (encore) disparu. Si les traitements permettent aux personnes porteuses du VIH de « vivre mieux », ils ne les guérissent pas. De la même façon, les avancées scientifiques ont également permis de faire reculer le taux de mortalité, mais 630 000 personnes sont décédées de maladies liées au Sida dans le monde en 2022, d'après des données publiées par l'Organisation mondiale de la Santé (OMS). L'autorité sanitaire mondiale révèle également qu'environ 39 millions de personnes vivent avec le VIH dans le monde, et 1,3 million ont été nouvellement infectées, toujours en 2022.
Le VIH et le Sida, c'est pareil
FAUX. Il y a une différence entre l'infection par le VIH et le Sida. Le virus de l'immunodéficienceimmunodéficience humaine (VIH) peut, sans traitement, être responsable du syndrome d'immunodéficience acquisesyndrome d'immunodéficience acquise (Sida), phase la plus avancée de l'infection au VIH. Autrement dit, une personne qui a le Sida est forcément infectée par le VIH alors que le contraire n'est pas vrai. Une personne infectée par le VIH n'a pas forcément développé le Sida ; d'où l'importance des traitements.
Une personne porteuse du VIH sous traitement peut transmettre le virus
FAUX. Si le préservatif demeure indispensable pour prévenir tout risque de transmission, une personne prenant « un traitement antirétroviral tous les jours tel que prescrit et [atteignant] et [maintenant] une charge viralecharge virale indétectable n'a aucun risque de transmettre le virus à un partenaire séronégatifséronégatif pour le VIH », rappelle Sida Info Service. Il s'agit du fameux « I = I », à savoir Indétectable = Intransmissible.
La prise d'un contraceptif oral empêche de contracter le VIH
FAUX. Si le préservatif et la pilule permettent tous deux d'éviter une grossessegrossesse non désirée, ils n'ont pas le même pouvoir en matièrematière de transmission du VIH. Placé correctement et bien utilisé, le premier permet effectivement d'empêcher la transmission du VIH, alors que la seconde n'est absolument pas un moyen de prévention.
Le VIH peut se transmettre par un baiser
FAUX. Les méconnaissances sur les modes de transmission ont la vie dure malgré les nombreuses campagnes d'information sur le sujet. Le VIH ne se transmet ni par un baiser ni par une piqûre de moustique, ni en utilisant les toilettes publiques ni lorsque vous buvez dans le verre d'une personne séropositive.
Pour faire plus simple, il ne s'agit pas d'une maladie contagieuse, donc pas de transmission par la salivesalive, la toux, ou la transpirationtranspiration. « Le VIH se transmet le plus souvent lors de rapports sexuels non protégés s'il y a pénétration vaginale ou anale, (...) par un contact important avec du sang contaminé lors de partage de matériel d'injection ou en cas d'accidentaccident d'exposition (pour les soignants) », rappelle Santé publique France.