Récurrente et s'insinuant dans notre conscient collectif pour alimenter nos peurs irrationnelles, cette question revient régulièrement sur le devant de la scène des réseaux sociaux, d'autant plus en cette période de confinement quelque peu anxiogène : le VIH se transmet-il par les piqûres des moustiques ? Chassons les idées reçues avec le Canal Détox de l'Inserm qui décortique pourquoi cela est impossible. 


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    Il est impossible d'être infecté par le virus de l'immunodéficience humaine (VIH) par le biais d'une piqûre de moustiquemoustique. Pourtant, la question continue d'être régulièrement débattue sur certaines plateformes en ligne et sur les réseaux sociauxréseaux sociaux. Si les connaissances sur la transmission de ce virus à l'origine de la maladie du Sida sont aujourd'hui bien établies par les scientifiques, elles ne sont pas toujours bien connues de tous. Faisons le point avec Canal Détox.

    Le VIH ne peut pas être transmis à l'Homme par les moustiques, à la différence des virus Zika ou des parasitesparasites du paludisme. Tout d'abord, il n'est pas si facile pour un virus de se diffuser par le biais des moustiques, qu'il s'agisse ou non du VIH. On pourrait penser qu'il suffit à l'insecteinsecte d'ingérer un virus lors d'un repas sanguin sur une personne infectée pour qu'il puisse le transmettre à une personne saine lors du repas suivant. En fait, c'est un peu plus compliqué que cela.

    Il n’est pas si facile pour un virus de se diffuser par le biais des moustiques, qu’il s’agisse ou non du VIH

    En effet, après avoir été ingéré pendant un repas sanguin, un virus doit résister à l'environnement hostile présent dans l'intestin du moustique (acidité, enzymesenzymes de digestion...). Il doit ensuite atteindre les cellules de la paroi de l'intestin et y trouver un point d'ancrage pour pouvoir entrer dans les cellules et s'y reproduire, ce qui, là encore, n'est pas sans difficulté.

    Ensuite, après augmentation de la charge viralecharge virale (c'est-à-dire la quantité de virus), le virus doit être libéré dans le corps du moustique, infecter les glandes salivairesglandes salivaires et s'y multiplier à nouveau. Et c'est seulement là que, stocké avec la salivesalive anticoagulante au niveau des cavités des glandes salivaires (lumenlumen), il pourrait être injecté à un nouvel hôte, lors d'un prochain repas sanguin du moustique. 

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    Qu'on se le dise : il est impossible d'attraper le virus de l’immunodéficience humaine (VIH) en se faisant piquer par un moustique ! © COM Salud, Flickr
    Qu'on se le dise : il est impossible d'attraper le virus de l’immunodéficience humaine (VIH) en se faisant piquer par un moustique ! © COM Salud, Flickr

    Chaque virus a ses exigences bien spécifiques

    Par ailleurs, tous les virus ne sont pas identiques : certains virus pénètrent et se reproduisent plus facilement que d'autres dans les cellules. C'est le cas des virus Zika ou Chikungunya. Le virus de l’hépatite C et le VIH sont à l'inverse beaucoup plus « exigeants » : ils n'infectent que quelques types de cellules bien spécifiques qui ne sont pas présentes chez toutes les espècesespèces.

    Chez l'humain, les cibles du VIH sont principalement les lymphocytes T auxiliaires, les monocytesmonocytes, les macrophagesmacrophages et les cellules dendritiques. Ces cellules sont essentielles au bon fonctionnement du système immunitairesystème immunitaire. Le virus est en effet capable de reconnaître et de s'arrimer à des « points d'ancrage » ou marqueurs exprimés à la surface de ces cellules, les récepteurs CD4. C'est pour lui le moyen de se répliquer et de se diffuser dans l'organisme.

    Les cellules du moustique en revanche ne présentent pas ces points d'ancrage à leur surface. Même si un moustique se nourrit du sang d'une personne infectée par le VIH, celui-ci ne pourrait donc pas pénétrer dans ses cellules. En outre, même si c'était le cas, il ne pourrait s'y multiplier, en l'absence de facteurs cellulaires essentiels à sa reproduction. Le VIH ne peut donc en aucun cas infecter le moustique et être transmis à un individu de manière « active ».

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    Et de manière passive alors ? La trompe du moustique peut-elle être un vecteur de transmission si l'insecte qui vient de se repaître du sang d'un individu séropositifséropositif pique tout de suite un autre individu ? Là encore, pour deux raisons, c'est impossible. En effet, la trompe du moustique, que l'on appelle le « proboscis », contient en réalité deux canaux distincts : un pour aspirer le sang et un autre, plus petit, pour injecter la salive.

    La circulation s'y faisant à sens unique, le seul moyen pour un moustique de pouvoir transmettre le virus serait qu'il soit infecté et que ce pathogènepathogène se retrouve dans sa salive après s'être multiplié. Comme on l'a vu plus tôt, le VIH ne pouvant se reproduire dans les cellules du moustique, cette possibilité peut être écartée. Par ailleurs, il s'agit d'un virus instable qui ne survit pas longtemps hors des cellules dans lesquelles il se reproduit ou dans les fluides corporels.

    Enfin, on peut ajouter que, même si un moustique avec un proboscis recouvert de sang contaminé piquait tout de suite un individu non séropositif, il serait incapable de lui transmettre le virus. La charge virale contenue dans les quelques lymphocyteslymphocytes contaminés qui seraient transmis à cet individu serait en effet trop faible.

    Dans une publication parue il y a déjà plus de 20 ans, il a été démontré qu'il faudrait dix millions de piqûres de moustiques infectés pour que la charge virale transmise passivement par le proboscis soit suffisante et conduise à infecter une personne.