Le contrôle strict de la glycémie est l'une des directives majeures que donnent les médecins à leur patients diabétiques. En effet, un taux de glucose sanguin anormalement élevé trop souvent peut conduire à une inflammation chronique, voire à des nécroses au niveau des micro-vaisseaux qui se entraînent des problèmes de vue ou des amputations. Mais la glycémie ne serait pas le promoteur principal de cette inflammation si l'on en croit les résultats d'une expérience in vitro très récente. 


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    Le diabète de type 2 est une véritable épidémie mondiale. En France, 3,3 millions de personnes sont traitées par voie médicamenteuse pour cette pathologie d'après de récentes données de Santé Publique France. Malgré le contrôle strict imposé aux patients concernant leur glycémie, les complications surviennent tôt ou tard si l'on ne modifie pas son mode de vie. Selon une équipe de l'Université du Kentucky, le glucose ne serait pas le responsable majeur de l'inflammation chez les personnes diabétiquesdiabétiques

    L'inflammation au cœur de la cellule immunitaire 

    Quelques petits rappels pour commencer. L'inflammation est un processus vital, nos cellules immunitaires sont chargées de l'engendrer lorsque cela est nécessaire, par exemple, lors de l'attaque d'un corps étranger (virusvirus, bactériesbactéries, etc.). C'est lorsque ce processus devient chronique que cela pose problème. Quand le corps se met en état d'alerte permanent et fait circuler des patrouilles immunitaires tous azimutsazimuts, c'est le début des ennuis. En effet, exacerbée et constante, l'inflammation ne donne rien de bon : douleurdouleur, endommagement des cellules, des tissus, des parois ; l'inflammation à bas bruit est désormais accusée de faire le lit des maladies chroniques. C'est pourquoi comprendre d'où vient l'inflammation est primordial pour pouvoir l'amoindrir afin de l'utiliser à bon escient. 

    L'inflammation à bas bruit est désormais accusée de faire le lit des maladies chroniques

    Le métabolisme lipidique en cause 

    C'était le but de l'expérience in vitroin vitro conduite par ces chercheurs américains. Les scientifiques ont prélevé des cellules immunitaires (des lymphocyteslymphocytes Th17) à des patients sains et diabétiques pour tenter de comprendre ce qui promouvrait la sécrétionsécrétion de cytokinescytokines (des petites moléculesmolécules messagères informant que la cascade inflammatoire doit être déclenchée). Leur hypothèse de départ, en accord avec la théorie dominante, était que la glycolyseglycolyse (la réaction biochimique utilisant du glucose pour produire de l'énergieénergie) allait stimuler l'inflammation au sein des cellules immunitaires.

    Leurs résultats se sont révélés être totalement opposés à leur hypothèse de départ : la glycolyse ne stimulait pas plus la production de cytokines que dans les cellules saines. Le problème se situerait au niveau du fonctionnement mitochondrial et du métabolismemétabolisme lipidique, plus précisément à l'endroit où se trouve une navette (la navette acyl-carnitine) qui transporte les lipideslipides vers la mitochondriemitochondrie (les centrales énergétiques de nos cellules) pour se faire oxyder et produire de l'énergie.

    Le problème se situerait au niveau du fonctionnement mitochondrial et du métabolisme lipidique, plus précisément à l'endroit où se trouve une navette (la navette acyl-carnitine) qui transporte les lipides vers la mitochondrie (en vert sur la photo). © vchalup, Fotolia
    Le problème se situerait au niveau du fonctionnement mitochondrial et du métabolisme lipidique, plus précisément à l'endroit où se trouve une navette (la navette acyl-carnitine) qui transporte les lipides vers la mitochondrie (en vert sur la photo). © vchalup, Fotolia

    « Depuis des décennies, la plupart des personnes atteintes de diabète de type 2 avaient pour objectif de contrôler leur glycémie de manière agressive afin de réduire le risque de complications diabétiques. Nos données fournissent une explication sur la raison pour laquelle les personnes, dont le contrôle glycémique est efficient, peuvent néanmoins voir la maladie progresser et des complications apparaître », affirme Barbara Nikolajczyk, auteure principale de l'étude. L'expérience devra néanmoins être reproduite et confirmée in vivoin vivo et les investigateurs devront réfléchir à l'intégration des résultats à la théorie, si ces derniers sont confirmés par de plus amples études.

    Diabète : de l'importance du mode de vie 

    Découvrir les causes et les mécanismes de l'inflammation pour aider les patients diabétiques est une bonne chose. Cependant, nous assistons encore, même si cela est absolument nécessaire, à une vision réductionniste (l'opposé d'une vision globale) de la maladie : on identifie une voie métabolique dérégulée qui pourrait faire l'objet d'un traitement médicamenteux. D'un autre côté -- on ne comprend pas toujours pourquoi --, l'adoption d'un mode de vie protecteur (alimentation, activité physiquephysique, stressstress, sommeilsommeil, etc.) est considérablement plus efficace qu'une thérapiethérapie médicamenteuse pour traiter le diabète de type 2. Pour les personnes qui sont en mesure de changer leur mode de vie, c'est la meilleure option afin de gagner en qualité de vie, se passer de médicaments la plupart du temps et parfois même, guérir en inversant la maladie lorsque le diabète est très récent et d'évolution lente. 

    Le saviez-vous ?

    On peut inverser la progression de certains diabètes de type 2 récents avec une diète drastiquement hypocalorique (800 kcal par jour pendant 3 mois dans les études cliniques réalisées) ou faible en glucides (moins de 130 grammes de glucides par jour).