La moitié des européens pense que les aliments ultra-transformés sont mauvais pour la santé... mais en consomme régulièrement. Un paradoxe qui pourrait se résoudre s'ils connaissaient les modes de transformation des aliments et cessaient d'associer les alternatives végétales à la nourriture ultra-transformée.

 


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    S'ils ont conscience des effets néfastes de la consommation d'aliments ultra-transformés sur leur santé, les Européens ne mettent pas tous les produits dans le même panier. Ils savent faire un écart pour les chips, mais pas pour les galettes de pois ou de soja.

    Les aliments ultra-transformés augmentent les risques de développer la maladie d'Alzheimer. Décryptage avec Julie Kern dans La Santé sur Écoute. © Futura

    Des dattes dans la pâte à tartiner végane, des alguesalgues et du saumonsaumon pour remplacer la viande dans les dumplings chinois, du fruit du jacquier pour préparer une imitation carnée d'un pâté de campagne... Lors du dernier Salon international de l'innovation alimentaire à Paris (SIAL), on a vu tout un tas de nouvelles recettes végétales qui avaient toutes le même objectif : améliorer la saveur de ces alternatives à la viande. Nombre de ces nouveaux aliments tentaient aussi de convaincre en promettant moins d'additifs, de colorants et autres ajouts chimiques.

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    Les viandes végétales pourront-elles être « naturelles » ?

    Pour que les substituts végétaux entrent véritablement au menu des Européens, il faudrait sans doute que les marques se concentrent davantage sur ce deuxième axe car 36 % des consommateurs du Vieux continent considèrent les morceaux de poulet végétaliens comme des aliments ultra-transformés tout comme 34 % en ce qui concerne le vromage (la version végane du fromage) révèle le dernier rapport de l'EIT Food Consumer Observatory.

     Même si la plupart des consommateurs pensent que les aliments ultra-transformés sont mauvais pour la santé, la confusion règne concernant leur mode de transformation, notamment sur les alternatives à la viande à base de plantes. © DropStock, Getty Images
     Même si la plupart des consommateurs pensent que les aliments ultra-transformés sont mauvais pour la santé, la confusion règne concernant leur mode de transformation, notamment sur les alternatives à la viande à base de plantes. © DropStock, Getty Images

    Une exception pour les chips et les bonbons

    Les Européens mangent bien des chips, des plats en sauce tout prêts ou encore des confiseries, alors pourquoi ne mangeraient-ils pas ces alternatives végétales qui n'ont plus le droit d'être désignées en France comme des steaks depuis la publication d'un décret interdisant l'utilisation de termes en lien avec la viande ?

    C'est tout le paradoxe révélé par cette enquête d'ampleur menée auprès de plus de 10 000 consommateurs dans 17 pays européens. Si 55 % d'entre eux mangent des aliments ultra-transformés au moins une fois par semaine, la même proportion (54 %) avoue éviter les substituts à la viande, non pas pour leur goût mais parce qu'ils les classent dans la catégorie des produits ultra-transformés. Cette réalité est d'autant plus marquante qu'elle concerne 53 % de consommateurs n'ayant aucune restriction alimentaire (religieuse ou médicale).

    L'information pour permettre de faire des choix éclairés

    Les Européens ont en effet parfaitement conscience des conséquences néfastes de la consommation d'aliments ultra-transformés sur leur santé : pour 65 %, ceux-ci sont malsains, et pour 67 %, ils contribuent à l'obésité, au diabète et à d'autres problèmes médicaux. Leur composition a d'ailleurs fait la Une il y a quelques semaines lors de la publication d'une étude menée conjointement par l'Inrae et l'Inserm. S'appuyant sur un échantillon de 92 000 Français, ces recherches ont révélé de possibles liens entre l'ingestion de certains additifs alimentaires émulsifiants et un risque accru de développer des cancers, notamment du sein et de la prostateprostate.

    Pour autant, 15 % des Néerlandais consomment des aliments ultra-transformés tous les jours, tout comme 12 % des Irlandais et des Britanniques, 9 % des Allemands et 7 % des Français. En d'autres termes, les Européens concernés savent faire une entorseentorse pour manger des chips, mais pas pour choisir une galette de pois. Pour comprendre ce choix, il faut regarder de plus près la composition des premières : leur recette est en effet prévue pour envoyer des signaux de plaisir à notre cerveaucerveau, par le biais notamment d'acides lactiqueacides lactique et citrique qui font saliver.