L'industrie alimentaire nous nourrit-elle mal ? Oui et non, démontre le docteur Cocaul, nutritionniste et chroniqueur à Futura. Notre alimentation moderne est abondante et bien sécurisée. Cependant, les préparations et les emballages sont trop attractifs, tandis que le renfort en sucre et en sel la rende trop riche, causant de véritables épidémies, à commencer par l'obésité.


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    L'industrie agroalimentaire est souvent décriée et ses abus sont indéniables. Mais, comme le fait remarquer le docteur Arnaud CocaulArnaud Cocaul, mis à part les pays où sévit la malnutrition, l'alimentation est globalement bonne et bien sécurisée. Du côté des maladies, les épidémies ont régressé. Globalement, nous sommes mieux nourris que nos grands-parents.

    Pour autant, tout n'est pas parfait. Comme il nous l'explique, des épidémies en ont remplacé d'autres. L'humanité est aujourd'hui confrontée à des cancers et à l'obésité. Celle-ci touche aujourd'hui plus d'un milliard de personnes dans le monde, soit davantage que la malnutrition. Ce basculement étonnant s'est produit au début de notre siècle. Ce qui est considéré comme une pandémie génère de nombreuses pathologies, comme le diabète.

    L'alimentation moderne est... trop facile

    Notre alimentation est riche, trop riche pour nos besoins réels. Notre instinct, c'est-à-dire nos comportements guidés par des millions d'années d'évolution, nous ont appris l'intérêt de rechercher des aliments très nourrissants et de s'en régaler quand il y a abondance. Nos lointains ancêtres se prémunissaient ainsi vis-à-vis des périodes de disette, qui ne manquaient pas. Notre corps sait très bien stocker sous forme de graisse la nourriture en excès. Pour notre espèceespèce et celles qui l'ont précédée, cette capacité à emmagasiner était précieuse. De même, les enfants sont naturellement attirés par le sucré, promesse de glucoseglucose dont ils ont grand besoin.

    Aujourd'hui, les emballages colorés et le sucresucre ajouté sont du coup un gage de réussite commerciale pour un aliment alors que notre corps n'en a peut-être nul besoin. Notre instinct est ainsi faussé, et même exploité. Comme aime à le rappeler le docteur Cocaul, nutritionnistenutritionniste, aujourd'hui, nous mangeons mal. Dans l'une de ses chroniques, il soulignait que nous oublions trop souvent les bienfaits de la mastication et, plus généralement, du temps de la dégustation. La nourriture industrielle est pratique. Elle évite les corvées d'épluchage, de préparation et de cuisson, tandis que la technologie supprime celle du lavage. Trop facile, vraiment, de « manger sur le pouce », sans y penser, sans réfléchir à ce que l'on ingurgite...

    © Futura, Pixabay