IYOR 2018 : ce sigle est celui de l'Année internationale des récifs coralliens. En régression partout dans le monde, ces écosystèmes d'une importance capitale subissent le réchauffement des eaux de surface et les pollutions côtières. Il est grand temps de s'en préoccuper, comme l'explique ici Martin Colognoli, responsable scientifique de Coral Guardian.

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    L'année 2018 sera officiellement la troisième Année internationale des récifs coralliens, ou « IYOR 2018 », pour International Year Of the Reef, sous l'égide de l'ICRI et de la France qui en assure la coprésidence. Après déjà deux éditions et face à l'urgence climatique qui pèse sur ces écosystèmes, les espérances et l'enjeu sont de taille ! En 40 ans, plus de 40 % des récifs ont disparu de la planète, et les scientifiques estiment que si l'on ne fait rien, ils auront tous disparu d'ici 2050.

    Les récifs coralliens sont dégradés par une accumulation de contraintes résultant des activités humaines. La surpêche, les techniques de pêche destructrices, la pollution et le développement côtier sont en tête de liste des facteurs de stressstress chroniques. De plus, les changements globaux à long terme élèvent les températures de la mer et la concentration de CO2 affectent également les récifs coralliens.

    Au cours des 240 millions d'années écoulées, les coraux ont évolué pour devenir l'un des écosystèmes les plus importants et les plus complexes de la planète. Les récifs coralliens abritent plus de 4.000 espèces de poissonspoissons, 700 espèces de coraux, et des milliers d'autres plantes et de formes de vie animale. Ils soutiennent la biodiversitébiodiversité, mais ils sont aussi d'une immense valeur pour l'humanité. Ils sont une ressource alimentaire et économique pour plus de 850 millions de personnes. Les récifs coralliens protègent également plus de 150.000 kilomètres de côtes dans plus de 100 pays contre les vaguesvagues, les tempêtestempêtes, les inondationsinondations et l'érosion. Les coraux sont aussi d'importantes ressources pour de nouveaux médicaments en cours de développement.

    Un massif de corail entièrement blanchi. Les petits polypes qui constituent cette colonie ont expulsé leur algue symbiotique. Ils peuvent survivre ainsi un certain temps seulement. © Coral Guardian, Guillaume Holzer

    Un massif de corail entièrement blanchi. Les petits polypes qui constituent cette colonie ont expulsé leur algue symbiotique. Ils peuvent survivre ainsi un certain temps seulement. © Coral Guardian, Guillaume Holzer

    Un effort international pour sauver les récifs

    L'ICRI, l'initiative internationale pour les récifs coralliens, est à l'origine de l'Année internationale des récifs coralliens. Elle rassemble des États, des organisations internationales, des organismes scientifiques et des organisations non-gouvernementales qui s'efforcent de préserver les récifs coralliens et les écosystèmes associés à travers le monde. Fondée en 1994 par huit gouvernements : l'Australie, la France, le Japon, la Jamaïque, les Philippines, la Suède, le Royaume-Uni et les États-Unis, elle compte aujourd'hui plus de 60 membres. Voici, pour l'exemple, quatre des mesures importantes qu'ils promeuvent :

    • l'interdiction des microbilles plastiquesplastiques,
    • la restriction des dragages et projets de constructionconstruction à proximité des récifs,
    • l'adoption d'objectifs chiffrés pour la protection des récifs coralliens, des mangrovesmangroves et herbiers,
    • la mise en place d'un cadre normatif contraignant les industriels à développer des alternatives aux perturbateurs endocriniensperturbateurs endocriniens entrant dans la composition de certaines crèmes solaires.

    Du 1er juin 2016 au 1er juin 2018, la France, qui compte sur son territoire la deuxième plus grande barrière de corailgrande barrière de corail au monde avec la Nouvelle-Calédonie, assure la coprésidence tournante de l'initiative, à la suite du Japon et de la Thaïlande. C'est par le biais de l'Ifrecor que les évènements organisés en France et en Outre-Mer seront organisés.

    Au regard des estimations alarmantes des scientifiques et de l'accélération des épisodes de blanchissement qui surviennent désormais tous les trois ans, il devient urgent d'agir. Les objectifs principaux de cette troisième Année internationale des récifs coralliens sont :

    • sensibiliser tous les publics, à l'échelle mondiale, à la valeur des récifs coralliens et aux menaces qui pèsent sur eux,
    • encourager les partenariats entre les gouvernements, le secteur privé et les acteurs de la société civile sur la gestion durable des récifs coralliens,
    • identifier et mettre en œuvre des stratégies de gestion efficaces pour la conservation, l'augmentation de la résiliencerésilience et l'utilisation durable de ces écosystèmes, et la promotion des meilleures pratiques.
    Les récifs coralliens jouent une multitude de rôles très importants, pour la biosphère et pour les sociétés humaines. © Coral Guardian

    Les récifs coralliens jouent une multitude de rôles très importants, pour la biosphère et pour les sociétés humaines. © Coral Guardian

    Il est possible de replanter des coraux

    L'association française Coral Guardian a par exemple mis en place un programme de conservation marine participative qui a fait ses preuves en Indonésie. En cinq ans, plus de 26.000 coraux ont été transplantés sur une zone de récifs endommagée par des activités de pêches destructrices, grâce à l'implication des communautés locales. La biodiversité est revenue et une « Aire marine protégée gérée localement » a été mise en place.

    Ce modèle est parfaitement adaptable partout dans le monde, l'association travaille d'ailleurs à répliquer le programme en Colombie et en Nouvelle-Calédonie. Elle a cependant besoin d'un maillage plus fort entre soutiens et partenaires afin d'obtenir les financements nécessaires à la mise en place de ces projets. Les citoyens peuvent aussi les soutenir en « adoptant » un corail sur le site de Coral Guardian.

    L'année 2018 pourrait ainsi marquer un tournant décisif dans la sauvegardesauvegarde de la biodiversité marine et permettre de sauver un des écosystèmes les plus riches de la planète, mais aussi un des plus menacés.