Plus grand récif corallien au monde, la Grande Barrière de Corail s'étend sur plus de 2000 km au nord-est de la côte australienne, et couvre une superficie de 350.000 km², égale à celle de l'Allemagne. Les 2500 massifs de coraux qui la composent en font un ensemble unique inscrit au patrimoine mondial de l'humanité. Et cette merveille naturelle est en péril.

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    La grande Barrière de Corail vue depuis la Station Spatiale Internationale

    La grande Barrière de Corail vue depuis la Station Spatiale Internationale

    Vue sous-marine de la Grande Barrière de Corail. Crédit: la Great Barrier Reef Marine Park Authority

    Vue sous-marine de la Grande Barrière de Corail. Crédit: la Great Barrier Reef Marine Park Authority

    En cause: le réchauffement climatique global, qui entraîne aussi l'élévation de la température des massesmasses océaniques. Selon un rapport du groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climatgroupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), qui doit être publié le 5 avril, une élévation de température de 2°C par rapport aux moyennes de 1990 entraînerait un blanchissement généralisé des coraux de la Grande Barrière, et un degré de plus provoquerait des mortalités importantes.

    La cause du dépérissement est parfaitement connue. Les coraux vivent en symbiose avec des algues microscopiques, les zooxanthelles, qui leur apportent leur nourriture. Une élévation de température provoque l'expulsion de ces organismes par les coraux, qui s'épuisent et meurent tout simplement de faim. Leur squelette internesquelette interne, mis à nu, explique la couleurcouleur blanche qui remplace alors leurs teintes chatoyantes habituelles.

    Le processus s'était déjà produit en 1998 et 2002, où 60 à 95 % des populations de corail avaient été touchées. La situation s'était rétablie au bout de quelques semaines, mais environ 10 % ont péri. Moins chanceux ont été les récifs de coraux entourant les Maldives, qui ont été presque totalement détruits.

    Mais le réchauffement marin n'est pas seul en cause. Parmi les nuisancesnuisances d'origine humaine, il faut aussi considérer l'augmentation du déversement du sédiment des fleuves et rivières dans l'océan, et les images des satellites sont éloquentes à ce sujet: les courants d'eau douceeau douce chargés de matièrematière opaque, qui autrefois se diffusaient lentement près des côtes, non seulement atteignent, mais traversent le récif, bloquant la photosynthèsephotosynthèse. De plus, ceux-ci sont aussi chargés de pesticidespesticides et autres substances chimiques provenant des cultures intensives de cannes à sucresucre, qui ne font qu'aggraver la situation.

    Plusieurs solutions sont envisagées. Des partenariats ont été noués avec les agriculteurs afin de les responsabiliser et réduire les pratiques nuisibles à l'environnement. Depuis 2004, quelque 30% de la superficie de la Grande Barrière sont classés en "zone verte" et de nombreuses mises en garde en interdisent l'accès, avec un résultat encourageant.

    Dans les zones les plus touristiques, des solutions diverses sont tentées pour tenter de ralentir l'augmentation de la température aquatique. Des parasols ont été installés, et des arrosages automatiques ont été mis en œuvre pour refroidir la surface. Mais, explique Paul Marshall, responsable de l'équipe changement climatique de la Great Barrier Reef Marine Park Authority (GBRMPA), chargé de la gestion de la zone, le tourisme dans cette région génère un chiffre d'affaires annuel de quelque 4 milliards d'euros...

    Rappelons que l'Australie est actuellement le seul pays riche, avec les Etats-Unis, à avoir refusé de signer le protocole dprotocole d'accord de Kyoto. Et que le premier ministre australien, John Howard, vient tout juste d'admettre l'existence du phénomène de réchauffement climatique.