Avec le développement technologique mais également l’objectif du tout électrique, les terres rares sont devenues une ressource stratégique que l’Europe est actuellement obligée d’importer. La découverte récente d’un important gisement dans le nord de la Suède est donc plutôt une bonne nouvelle pour l’Union européenne, qui cherche à moins dépendre de la Chine dans ce domaine.


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    C'est une découverte minière qui pourrait permettre à l'Europe de gagner en autonomieautonomie dans un secteur de plus en plus critique : celui des terres raresterres rares. La semaine dernière, un groupe minier suédois a annoncé avoir identifié un important gisement de terres rares, dans le nord de la Suède. Il pourrait même s'agir du plus grand gisement connu à ce jour en Europe. Une aubaine, car ces matériaux sont en train de devenir un enjeu majeur pour la poursuite de notre développement technologique et la transition énergétique.

    Une ressource stratégique pour l’industrie de la haute technologie

    ScandiumScandium, yttriumyttrium, lanthanelanthane, xérium, praséodymepraséodyme, néodymenéodyme, samariumsamarium, europiumeuropium... ils sont 17 sur la liste. Des éléments chimiqueséléments chimiques aux noms peu connus du grand public et qui pourtant entrent dans la composition de la grande majorité de nos objets électroniques. Batteries de voituresBatteries de voitures électriques, LEDLED, puces de smartphones, ordinateurs portables, mais également panneaux photovoltaïques, éoliennes... On comprend mieux la tension qui se cristallise actuellement autour de ces métauxmétaux qui possèdent des propriétés électromagnétiques bien particulières et désormais essentielles pour l'industrie de la haute technologie. Au point que les terres rares sont aujourd’hui considérées comme une matière première stratégique, et d'autant plus pour l'Europe, qui dépend actuellement quasi totalement de la Chine pour se fournir en terres rares.

    Quelque 98 % des terres rares utilisées par l'industrie européenne proviennent en effet de Chine. Ce pays disposerait d’environ 40 % des réserves mondiales. Enfin, c'est ce qu'il est estimé jusqu'à présent. Car les réserves réelles et leur distribution à travers le globe sont encore mal connues. La preuve avec ce nouveau gisement jusque-là insoupçonné.

    Terres rares. Dans le sens des aiguilles d'une montre, en commençant par le noir : praséodyme, cérium, lanthane, néodyme, samarium et gadolinium. © ARS-USDA, Wikipédia, domaine public
    Terres rares. Dans le sens des aiguilles d'une montre, en commençant par le noir : praséodyme, cérium, lanthane, néodyme, samarium et gadolinium. © ARS-USDA, Wikipédia, domaine public

    Des terres rares pas si rares, mais difficiles à exploiter

    Car les terres rares, contrairement à ce que leur nom laisse suggérer, ne sont pas vraiment rares. Ces métaux sont d'ailleurs présents en grande quantité dans la croûte terrestre, mais pas de manière très homogène. Leur dénomination vient du fait qu'ils ont été découverts dans des minerais (terres) rencontrés peu fréquemment à la fin du XVIIIe siècle, lorsque leur exploitation a débuté. On a découvert par la suite que les terres rares étaient en réalité présentes dans de nombreuses roches, mais à des concentrations souvent trop faibles pour permettre leur exploitation. Car ces métaux sont en effet difficile à séparer du minerai qui les renferme. Il faut ensuite les purifier pour les rendre utilisables. Si la France est rapidement devenue l'un des leaders dans le développement des techniques d'extraction, notre pays ne possède vraisemblablement pas de gisement exploitable de façon satisfaisante.

    Mine de Kiruna : une aubaine pour l’Europe, mais qui ne suffira pas à l’indépendance

    Si le gisement découvert dans le Grand Nord suédois ne représente a priori que moins de 1 % des réserves mondiales, il s'agit cependant d'une très bonne nouvelle pour l'Europe, qui cherche par tous les moyens à diminuer sa dépendance face à la Chine. Si l'ampleur exacte du gisement reste à déterminer, il pourrait tout de même représenter plus de 1 million de tonnes de terres rares.

    La mise en exploitation de la mine de Kiruna n'est cependant pas pour demain. LKAB, le groupe minier à l'origine de la découverte, estime qu'il faudra entre 10 et 15 ans pour étudier le gisement, obtenir les autorisations d'exploitation et mettre en route la mine. Mais pour le gérant du groupe, la mine de Kiruna pourrait, d'ici 2035, permettre de produire une grande part des aimantsaimants nécessaires à la fabrication des moteurs des voitures électriques européennes.

    Le gisement suédois ne permettra cependant pas de s'affranchir des importations de terres rares. En cause : la demande qui ne va cesser de croître, la taille réduite du gisement par rapport à ceux dont dispose la Chine ou encore les États-Unis, mais également les normes environnementales européennes et le manque d'acceptabilité sociale qui ne favorisent pas ce type d'exploitation sur le sol européen.

    La mine de Baotou en Chine, où d'énormes quantités de terres rares sont extraites pour répondre à la demande mondiale. L'Europe applique des lois environnementales bien plus strictes (et à juste raison) sur l'exploitation du minerai, mais cela pourrait induire un long délai avant la mise en exploitation de la mine de Kiruna. © Shutterstock
    La mine de Baotou en Chine, où d'énormes quantités de terres rares sont extraites pour répondre à la demande mondiale. L'Europe applique des lois environnementales bien plus strictes (et à juste raison) sur l'exploitation du minerai, mais cela pourrait induire un long délai avant la mise en exploitation de la mine de Kiruna. © Shutterstock