Et si la catastrophe de Tchernobyl pouvait nous permettre d’effectuer des avancées médicales, notamment dans la lutte contre le cancer ? C’est ce que révèlent plusieurs études portant sur les animaux vivant aujourd’hui dans la zone contaminée aux abords de la centrale.
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En 1986, l'explosion du réacteur nucléaire de la centrale de Tchernobyl disperse dans l'environnement une importante quantité de matériel radioactif. Poussières, fragments de réacteurs et débris de combustiblecombustible nucléaire sont ainsi disséminésdisséminés dans un rayon de plusieurs kilomètres. Une pollution irréversible qui mènera à l'instauration d'une zone d'exclusion de 30 kilomètres autour de la centrale. Près de 40 ans après ce terrible événement, les taux de radiations sont toujours bien trop élevés et l'accès à la zone reste très contrôlé.
Pourtant, si rares sont les personnes à pénétrer dans cette zone contaminée, les animaux ont quant à eux réinvesti depuis longtemps les lieux. Mais non sans conséquence.
Des grenouilles qui ont changé de couleur pour se protéger des radiations
De nombreuses études révèlent en effet que si les espèces à avoir repeuplé la zone d'exclusion sont nombreuses, les taux de mutations sont également très élevés. Tous les animaux sont touchés, de la mouche au bison européen, en passant par les chiens et les batraciensbatraciens. L'étude de ces mutations est toutefois riche en enseignements sur la capacité des êtres vivants à s’adapter à ce type d’environnement radioactif extrêmement nocif.
En 2022, une étude révélait ainsi que la peau de certaines espèces de grenouilles arboricolesarboricoles avait changé de couleurcouleur. Normalement vert clair, les grenouilles Hyla orientalis vivant dans la zone d'exclusion de Tchernobyl arboraient en effet une couleur de peau plus sombre. Dans un article publié dans la revue Evolutionary Applications, deux chercheurs détaillent leurs observations et suggèrent que cette nouvelle coloration serait une réponse adaptative permettant de mieux supporter les forts taux de radiations ionisantes présents dans les environs de la centrale. Cette couleur de peau est en effet liée à la présence d'un pigment, la mélaninemélanine, connue pour protéger l'épidermeépiderme des radiations solaires. Les scientifiques ont d'ailleurs observé que les grenouilles vivant au plus proche de la centrale présentaient les colorations les plus sombres. Or, aujourd'hui, le gradientgradient de radiation autour de la centrale est peu marqué, ce qui n'était pas le cas juste après l'accidentaccident. Cela suggère que le processus de sélection naturellesélection naturelle favorisant une couleur sombre s'est fait très rapidement. Reste à comprendre les mécanismes de cette évolution et adaptation génétiquegénétique.
Des loups plus résilients face au cancer
Car il semble que certaines mutations observées chez les animaux de Tchernobyl puissent trouver un écho en médecine, notamment dans la lutte contre le cancer. Des scientifiques ont en effet observé récemment que les loups vivant dans la zone d'exclusion semblaient avoir développé une résistancerésistance face à certains cancerscancers. Les taux encore très élevés de radiation favorisent le développement de ce type de maladie, notamment chez les chiens. Les loups, par contre, semblent avoir développé une certaine résiliencerésilience. Les chercheurs montrent en effet que le système immunitairesystème immunitaire des loups de Tchernobyl ressemble à celui des personnes cancéreuses traitées par radiothérapieradiothérapie. L'étude plus approfondie du génomegénome de ces loups pourrait donc, peut-être, permettre d'identifier les mutations avantageuses permettant de se protéger du cancer.
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