L'écologie trophique des espèces éteintes est difficile à évaluer en l'absence de restes de repas. La découverte d'une nouvelle espèce de crocodyliforme en Australie révèle que le dernier repas de l'individu était composé d'un dinosaure.


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    Les crocodiliens sont des super-prédateurs diversifiés en matièrematière d'écologies et de morphologiesmorphologies. Les facettes du mode de vie des espèces actuelles peuvent être estimées avec des observations comportementales, notamment en ce qui concerne l'écologie trophique des espèces. Afin de connaître le régime alimentaire des crocodyliformes qui ont précédé les espèces actuelles, ce type d'observations est évidemment impossible. Ces crocodyliformes aujourd'hui éteints comprennent par exemple les Protosuchia et les Mesoeucrocodylia.

    Ces crocodyliformes aujourd'hui éteints comprennent par exemple les Protosuchia et les Mesoeucrocodylia

    Les derniers ancêtres des crocodiliens actuels ont disparu au cours du Trias (il y a environ 252 à 201 millions d'années). Le régime alimentaire de ces espèces est par conséquent le plus souvent inféré à partir d'empreintes de morsure et de dents perdues au niveau de restes de proies. Le contenu stomacal de crocodyliformes fossiles est en effet extrêmement rare et la découverte de tels restes constitue une découverte exceptionnelle. Une récente étude publiée dans le journal Gondwana Research relate la découverte d'une nouvelle espèce de crocodyliforme australienne dont le contenu digestif est identifiable.

    Un prédateur de dinosaures... mais pas seulement

    Le fossilefossile que décrivent les auteurs a été découvert dans le Queensland et permet de définir l'espèce Confractosuchus sauroktonos, classée parmi les Eusuchia. Le nom de l'espèce est inspiré du terme latin confractus qui signifie « brisé » et fait référence à la matrice dans laquelle le spécimen a été trouvé. Le terme suchus se réfère au nom de Sobek, le dieu égyptien à tête de crocodilecrocodile, celui de sauros signifie « lézard » en grec et le terme grec ktonos signifie « tueur », en lien avec le contenu digestif du crocodyliforme fossile.

    Reconstruction en 3D des restes du crocodyliforme australien fossile. © White et al, 2022
    Reconstruction en 3D des restes du crocodyliforme australien fossile. © White et al, 2022

    Ce dernier consiste en un crânecrâne presque complet, des dents, ainsi qu'un squelette postcrânien partiellement articulé auquel manquent les membres postérieurs et la queue. Le fossile a été daté à 93 millions d'années en arrière, au cours du Cénomanien (il y a entre 100,5 et 93,9 millions d'années). Le crâne mesure 28,5 centimètres de long et 19 centimètres de large. Les images de microtomographie à rayons Xrayons X révèlent que le dernier repas de C. sauroktonos était composé d'un jeune dinosaure ornithopode.

    Il existe une grande diversité de dinosaures ornithopodes, parmi lesquels les hadrosaures. © Daniel, Adobe Stock
    Il existe une grande diversité de dinosaures ornithopodes, parmi lesquels les hadrosaures. © Daniel, Adobe Stock

    Les restes de ce dernier individu montrent des fractures osseuses et une carcasse démembrée, et consistent en des vertèbres, des fémursfémurs ainsi qu'un tibiatibia. Le poids de la proie a été estimé entre 1 kilo et 1,7 kilo. Les auteurs indiquent par ailleurs que d'après la morphologie de son crâne, C. sauroktonos ne se nourrissait pas uniquement de dinosaures et qu'il devait être capable de s'attaquer à des proies plus grandes que lui. Cette donnée est d'autant plus impressionnante que les auteurs ont estimé que la longueur du spécimen de C. sauroktonos était comprise entre 2 et 2,5 mètres.