Ce sera la fête à Lorient, ce week-end. Le voilier Tara partira dimanche pour une expédition scientifique de trois ans, destinée à étudier le piégeage du gaz carbonique par le plancton dans l'océan mondial.

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    Entre une émissionémission spéciale du magazine Thalassa, vendredi soir, et le départ de la goélette Tara dimanche, une série de festivités animeront le port de Lorient et la Cité de la Voile Eric Tabarly.

    Le voilier polaire Tara repart en effet pour une longue aventure autour du globe. Ce bateau, construit pour Jean-Louis Etienne, et baptisé Antarctica, a effectué depuis 1991 plusieurs expéditions, principalement en milieu polaire, sa région de prédilection. Le grand navigateurnavigateur néo-zélandais Peter Blake l'a utilisé, sous le nom de Seamaster. Entre 2006 et 2008, Tara a traversé l'océan glacial Arctique, non pas à la manière d'un brise-glace, en forçant le passage, mais en se laissant emprisonner par la glace (le navire, à coque renforcée et à fond plat, est conçu pour cela) pour dériver au gré des lents courants qui déplacent des pans entiers de banquise. Libérée dans l'eau libre avec plusieurs mois d'avance sur les prévisions, l'expédition avait mis en évidence l'ampleur du réchauffement dans la région arctique.

    Après son départ de Lorient, le <em>Tara</em> prendra la direction de Gibraltar et restera un long moment en Méditerranée, accostant dans plusieurs pays, dont la France à Villefranche-sur-mer et la Grèce, où l'équipage s'offrira la traversée du canal de Corinthe. Après le canal de Suez et la Mer Rouge, le <em>Tara</em> gagnera l'océan Indien, s'intéressera à Madagascar et doublera le Cap de Bonne Espérance. (Cliquer sur l'image pour l'agrandir.) © Tara Oceans

    Après son départ de Lorient, le Tara prendra la direction de Gibraltar et restera un long moment en Méditerranée, accostant dans plusieurs pays, dont la France à Villefranche-sur-mer et la Grèce, où l'équipage s'offrira la traversée du canal de Corinthe. Après le canal de Suez et la Mer Rouge, le Tara gagnera l'océan Indien, s'intéressera à Madagascar et doublera le Cap de Bonne Espérance. (Cliquer sur l'image pour l'agrandir.) © Tara Oceans

    L'aventure qui commence sera différente. Le bateau, qui appartient à une association sans but lucratif, le Fonds de dotation Tara, sponsorisée par des entreprises privées, partira pour un long voyage autour du monde. Le programme scientifique est focalisé sur le plancton et sur son écologie. Le matériel embarqué servira à des études de génomiquegénomique (pour déterminer rapidement les espèces présentes) et à des observations, au microscopemicroscope et en pleine eau.

    Ausculter le plancton

    Un ensemble d'instruments mis à l'eau analysera en continu, outre les classiques paramètres intéressant l'océanographe (température, salinitésalinité, pH...), d'importantes caractéristiques du plancton. Un appareil de mesure de la fluorescence déterminera l'activité de photosynthèsephotosynthèse, qui donne une bonne indication sur la quantité de micro-alguesalgues et sur l'intensité de leur métabolismemétabolisme. Un autre (un cytomètre) mesurera à la volée la taille moyenne des micro-organismesmicro-organismes présents dans le plancton.

    Dans l'Atlantique, <em>Tara</em> grimpera vers le nord et naviguera dans les eaux équatoriales. Passant par le Brésil, il descendra ensuite jusqu'à la Péninsule antarctique, pendant l'été austral 2010-2011, puis remontera en Patagonie, à Puerto Williams, à deux pas du Cap Horn. Il abordera alors l'océan Pacifique. © Tara Oceans

    Dans l'Atlantique, Tara grimpera vers le nord et naviguera dans les eaux équatoriales. Passant par le Brésil, il descendra ensuite jusqu'à la Péninsule antarctique, pendant l'été austral 2010-2011, puis remontera en Patagonie, à Puerto Williams, à deux pas du Cap Horn. Il abordera alors l'océan Pacifique. © Tara Oceans

    L'équipage du Tara effectuera aussi des récoltes de plancton. Un système vidéo, mis au point à la station marine de Villefranche-sur-mer, permettra même d'observer le comportement des organismes planctoniques au moment de la collecte par le petit filet. A bord, des instruments de microscopie élaborés faciliteront le tri, les prises de vue en haute résolutionrésolution et même l'enregistrement de vidéos.

    L'ensemble, baptisé Taomi (Tara Oceans Marine biology Imaging platform) occupe le volumevolume d'un laboratoire et prend la place d'une cabine, comprenant également un studio de macrophotographie. L'ensemble des données récoltées sera en partie seulement analysé à bord mais aussi par plusieurs laboratoires à terreterre.

    Ces mesures dresseront une carte de l'activité photosynthétique du plancton et donc de la capacité de l'océan à capter le gaz carboniquegaz carbonique de l'atmosphèreatmosphère. Ce puits de carbonepuits de carbone est pour l'essentiel concentré dans les deux cents premiers mètres et repose en grande partie sur l'activité de micro-organismes. Les satellites d'observation, comme Envisat, et les campagnes océanographiques, étudient aussi ce genre de paramètres.

    Dans le Pacifique, le périple de <em>Tara</em> le conduira en Nouvelle-Zélande, en Australie, en Nouvelle-Guinée, en Indonésie, en Malaisie, en Chine (à Hong-Kong), à Taiwan, au Japon et au Kamtchatka. Ce sera alors le printemps dans l'hémisphère nord. © Tara Oceans

    Dans le Pacifique, le périple de Tara le conduira en Nouvelle-Zélande, en Australie, en Nouvelle-Guinée, en Indonésie, en Malaisie, en Chine (à Hong-Kong), à Taiwan, au Japon et au Kamtchatka. Ce sera alors le printemps dans l'hémisphère nord. © Tara Oceans

    Mais le nombre de bateaux à la mer n'est pas si grand et les mesures in situ sont plutôt rares. L'intérêt scientifique de l'expédition vient de sa duréedurée (trois années) et de la longueur du voyage.

    Tara traversera, en effet, tous les océans du globe. Parti de Lorient, il passera le détroit de Gibraltar et restera un long moment en Méditerranée. On le verra ensuite dans l'océan Indien, dans l'Atlantique, de l'équateuréquateur à l'AntarctiqueAntarctique, puis dans le Pacifique, dont il fera le tour, avant de revenir vers l'Europe en franchissant le mythique passage du nord-ouest, au nord du Canada, durant l'été 2012.

    Le dépouillement de toutes ces mesures devrait aider à mieux comprendre les réactions de l'océan mondial et des organismes qu'il abrite aux changements climatiqueschangements climatiques que l'on observe aujourd'hui.