Lors de ce voyage à bord du brise-glace, l'Astrolabe, je suis allé à la découverte des otaries de Kerguelen, une espèce qui a failli disparaître au XIXe siècle en raison de sa chasse intensive. L'Astrolabe est un patrouilleur polaire armé par la marine française et un navire de ravitaillement polaire français propriété des Terres australes et antarctiques françaises (TAAF) ; il est affrété par l'Institut polaire français Paul-Émile Victor (IPEV).
Lors d'un voyage à bord du patrouilleur polaire « L'Astrobale », j'ai pu approcher des colonies d'otaries à fourrure, des animaux fascinants. Ce qui m'a le plus surpris, c'est le côté extrêmement sonore de celles-ci. Au loin, venant par la mer, on pourrait imaginer des cris d'enfants ou même croire à l'appel au secours d'un éventuel naufragé ou un « oublié » comme cela a déjà été le cas dans ces îles... Ce n'est vraiment qu'en s'approchant franchement que l'on arrive à mettre des têtes sur les bêlements et les rugissements entendus.
Le saviez-vous ?
L'Astrolabe est conçu pour naviguer dans les difficiles mers australes et antarctiques, et pour évoluer dans les glaces. Long de 72 m, il peut soutenir l'activité de 60 personnes pour des missions d’une durée de 35 jours à 12 nœuds et transporter 1.200 tonnes de fret. Il est doté d'une plateforme hélicoptère, d'une grue de 35 tonnes et d'un portique arrière.
C'est en débarquant sur Kerguelen, Nouvelle Amsterdam ou Saint-Paul, que l'on se rend compte de l'immense population qui occupe ces Terres australes françaises. Ce qui est fascinant, c'est que tout d'abord l'eau est cristalline et que, de suite, de jeunes otaries se sont approchées de l'embarcation.
Qui sont ces otaries de Kerguelen ?
Elles sont vives et très à l'aise dans l'eau. Curieuses, elles s'approchent vraiment de moi pour m'observer. C'est un premier contact très agréable après ces huit jours passés à se faire secouer sur le patrouilleur polaire « L'Astrolabe ». Leurs petites oreilles bien visibles sont l'un des critères physiques qui les différencient de leurs cousins phoques.
Le nombre d'otaries à fourrure est estimé là-bas à plus de 10.000 individus. Les femelles sont plus petites et plus légères que les mâles (1,20 m et 40 kg pour les femelles contre 1,80 m et plus de 130 kg pour les mâles). Chaque mâle adulte peut être le dominant d'un groupe d'une dizaine de femelles.
Comment reconnaître les mâles ?
Les mâles sont reconnaissables par leur taille plus imposante mais surtout par leur petite crête de poils placée juste sur le sommet de leur tête. Si ce « postiche » lui donne un petit air amusant, l'otarie à fourrure reste un prédateur agressif et efficace. Sa mâchoire est puissante et ses crocs sont acérés. Elle ne craint pas l'Homme ; même si elle se laisse observer facilement, elle n'hésitera pas à rugir et grogner pour vous avertir de ne pas vous approcher plus et ainsi affirmer son autorité.
Savoir garder ses distances
À l'inverse, en respectant une certaine distance et en restant bien sagement assis, quelques jeunes de l'année aux airs de peluche sont venus tout près pour me jauger sous l'œil bienveillant de leur mère. C'était ma première rencontre avec ces animaux et j'ai été vraiment étonné de les voir monter si haut dans les collines. Les otaries sont aussi très habiles sur la terre ferme et se déplacent assez vite.
Beaucoup de très jeunes otaries se reposaient loin de l'eau en attendant le retour de leur mère partie se nourrir. De nombreuses scènes d'allaitement avaient lieu un peu partout dans les herbes et sur les rochers. En général, les otaries à fourrure se nourrissent de crustacés, de poissons de fond, de petits oiseaux de mer et peuvent s'éloigner à plus de 100 km des côtes pour pêcher. Encore une fois, c'est l'orque qui est l'un de ses principaux prédateurs avec son cousin, le léopard de mer...
Un harfang des neiges tout excité Un combat contre un congénère plus âgé et plus expérimenté. C’est ce qui a mis ce jeune harfang, surpris à Saint-Pierre-et-Miquelon, dans cet « état second ». Peut-être même ne voit-il pas le photographe qui en profite pour immortaliser cet instant unique. Il ? Ou elle ? Puisque, chez le harfang, ce sont en principe les femelles qui présentent ainsi un plumage blanc taché de noir. Mais tout comme… les mâles immatures !Rappelons aussi que le harfang des neiges, malgré sa tête qui nous apparaît généralement toute ronde, est bien de la famille des hiboux. Il possède en effet de minuscules aigrettes à peine visibles, car généralement repliées sur sa tête. © Grégory Pol, tous droits réservés
Un renard arctique à la fourrure immaculée Lorsque notre photographe a repéré son terrier, quelque part en Finlande, il s’est appuyé contre un arbre. Il a attendu. Patiemment. Que le renard s’aventure à l’extérieur. Une patience largement récompensée par l’apparition de cet animal à la fourrure immaculée.Car les renards polaires se parent, en été, d’un manteau brun foncé ou alors gris-bleu foncé. En hiver, la couleur de leur fourrure change, certes. Mais elle peut toujours apparaître gris-bleu. Même si c’est bien plus pâle. Et dans certains cas, comme ici, c’est de magnifiques poils blancs que l’animal s’habille. © Grégory Pol, tous droits réservés
La surprise du phoque du Groenland En découvrant notre photographe, ce jeune phoque du Groenland, surpris dans le golfe du Saint-Laurent, ne cache pas son étonnement. Mais il ne se formalisera pas bien longtemps de cette présence étrangère. Et reprendra vite sa sieste sous le soleil québécois.Rappelons que la couleur du phoque du Groenland évolue avec son âge. Il apparaît blanc à la naissance, couvert de poils qui le protègent du froid. Une fois qu’il a acquis une épaisse couche de graisse isolante, il perd cette fourrure et prend une couleur blanc-argenté. Puis des taches noires commencent à apparaître, pour devenir, avec les mois, de plus en plus grandes. © Grégory Pol, tous droits réservés
Les rennes, étonnants cervidés apprivoisés En Laponie, on croise régulièrement des rennes domestiques sur les bords des routes. Comme ces trois-là, pris dans une tempête d’une neige qui les habille quasiment de blanc. Et que l’on imagine assez facilement sur le point de rejoindre le père Noël pour aider à tirer son traineau. Mais, pas de nez rouge, ici…Notez d’ailleurs que le renne est la seule espèce de cervidés à avoir été aussi largement domestiquée. Et ce depuis environ 3.000 ans. Ainsi le renne est aujourd’hui encore bête de somme et on l’apprécie aussi pour son lait, sa viande et même sa peau. © Grégory Pol, tous droits réservés
Magnifique : un harfang des neiges, droit dans les yeux Un instant, ce harfang des neiges, surpris à Saint-Pierre-et-Miquelon, fixe le photographe de son regard profond. Peut-être pour le jauger. Voit-il en lui une menace ? Ce que ne raconte pas la photo, c’est que le hibou semble ensuite ignorer l’intrus. Mais à n’en pas douter, s’il bouge, l’animal prendra son envol.Notez que les yeux du harfang des neiges sont normalement jaunes. Ils permettent au hibou de détecter des mouvements à un kilomètre de distance. Ils sont cependant incapables de rouler dans leur orbite, forçant l’animal à tourner la tête pour regarder sur le côté. © Grégory Pol, tous droits réservés
Le lièvre arctique et son espièglerie Des traces laissées dans la neige comme une invitation de la part de ce petit lièvre arctique à destination de notre photographe. La preuve ? L’animal se sait clairement repéré. Pourtant, il reste assis là. Il prend la pose. Pendant une heure quasiment. Un moment d’éternité.Notez que les oreilles du lièvre arctique sont plus longues que celles d’un lapin, mais tout de même plus courtes que celles d’autres espèces de lièvres. Objectif : réduire le rapport surface/volume et ainsi, perdre moins de calories dans le froid. Utile lorsque l’on vit dans l’extrême Nord. © Grégory Pol, tous droits réservés
La baleine à bosse dans toute sa grâce Le vol de la raie manta compte parmi les plus magnifiques spectacles de la nature. Mais les baleines à bosse, comme celle surprise ici du côté de la Polynésie française, ont-elles vraiment quelque chose à leur envier ? Chacun en jugera, mais lorsqu’elles se déplacent — parfois sur des milliers de kilomètres, à la recherche de nourriture ou de partenaires —, elles le font avec une grâce tout à fait étonnante compte tenu de leur corpulence.Une baleine à bosse, en effet, mesure jusqu’à une quinzaine de mètres de long et pèse une moyenne d’une trentaine de tonnes. Et à la saison des amours, les mâles effectuent des parades qui les amènent tout simplement à sauter hors de l’eau pour séduire les femelles. © Grégory Pol, tous droits réservés
Un harfang des neiges en plein blizzard C’est en plein blizzard que ce harfang des neiges surpris à Saint-Pierre-et-Miquelon a offert à notre photographe comme une consécration de sa démarche. À quelques mètres seulement de lui, le hibou sauvage semble faire suffisamment confiance à l’homme pour rester allongé… tout en lui tournant le dos. Attendant patiemment le retour du soleil...Quant à ces conditions météorologiques particulièrement rudes, le harfang des neiges y est habitué. Il vit en effet généralement tout au long de l’année dans les limites du cercle arctique. Il n’est pas considéré comme migrateur. Et c’est simplement lorsqu’il manque de nourriture qu’il peut venir à se déplacer un peu vers le sud. © Grégory Pol, tous droits réservés
Un cheval sauvage, crinière au vent Les animaux sauvages peuvent se montrer récalcitrants à être pris en photo. Et c’est la mésaventure qui est arrivée ici à notre photographe. À la recherche de clichés de chevaux sauvages sous la neige, du côté de Saint-Pierre de Miquelon, il a été comme maintenu à distance par celui-ci. Probablement le dominant d’un groupe qui veillait à ce que l’homme ne s’approche pas trop de ses compagnons de vie.En réalité, il ne semblerait plus exister sur notre planète de chevaux réellement sauvages. Même les fameux chevaux de Przewalski auraient, un temps, vécu la domestication. Avant de retrouver la liberté que nous leur connaissons aujourd’hui. © Grégory Pol, tous droits réservés
Retrouver l’esprit de Nanuq, l’ours blanc Dans la mythologie inuite, Nanuq est un esprit. Celui d’un ours blanc légendaire — rappelant celui-ci, surpris au Groenland — qui veille sur l’ensemble des ours polaires. Et qui fait respecter par les humains, certaines règles incontournables à leur chasse.Malheureusement, la réalité de l’ours blanc est toute autre. Même si des mesures de protection ont été prises, il est aujourd’hui braconné ou même encore chassé pour être transformé en trophée. L’Union internationale pour la conservation de la nature considère de son côté l’espèce comme vulnérable. Car le réchauffement climatique et ses conséquences sur la banquise le mettent aussi en danger. © Grégory Pol, tous droits réservés