Les orages cévenols, ou épisodes méditerranéens se caractérisent par des pluies intenses, localisées, sur une durée relativement courte. L’épisode méditerranéen qui est à l’origine d’inondations meurtrières dans l'Aude pose la question de l’alerte et de la prévention de ces catastrophes naturelles.

au sommaire


    Des orages brefs, localisés et très violents, accompagnés de pluies intenses : les épisodes méditerranéens ou orages cévenols, comme celui qui a provoqué de dramatiques inondations dans l'Aude, restent difficiles à prévoir. Ces phénomènes, qui se produisent trois à six fois par an en moyenne, se caractérisent par des pluies diluviennes « qui provoquent des inondations souvent rapides (crues éclairs) », explique Météo-France. « L'équivalent de plusieurs mois de précipitations tombe alors en seulement quelques heures ou quelques jours. » Ils se produisent en général à l'automne, quand la mer Méditerranée est la plus chaude, favorisant une forte évaporation. Ces masses d'airmasses d'air chaud, humide et instable remontent vers le nord. « En milieu rural comme en zone périurbaine, des vallons secs peuvent se transformer en torrentstorrents » et en ville, l'eau peut s'accumuler dans des zones basses, selon des documents du ministère de la Transition écologique.

    Dans le cas des violents orages et des graves inondations dans l'Aude, qui ont fait au moins 13 morts selon un nouveau bilan de la préfecture, « on a assisté à la combinaison de deux phénomènes », explique Marc Pontaud, directeur de recherche chez MétéoMétéo-France : la présence d'un front nuageux arrivé par la Bretagne et la tempêtetempête Leslie « qui a interagi avec cette longue bande nuageuse » en s'enfonçant dans la Méditerranée. Résultat, « au lieu de s'évacuer très rapidement, la zone de précipitation a stationné quelques heures, en particulier au-dessus du département de l'Aude », ajoute-t-il.

    Des pompiers évacuent des personnes dans une zone inondée de Trèbes, près de Carcassonne, le 15 octobre 2018 dans l’Aude. © Pascal PAVANI, AFP

    Des pompiers évacuent des personnes dans une zone inondée de Trèbes, près de Carcassonne, le 15 octobre 2018 dans l’Aude. © Pascal PAVANI, AFP

    Depuis 2010, Météo-France étudie de près les épisodes méditerranéens via le programme de recherche international Hymex, mais ils restent difficiles à anticiper. Si l'organisme de prévision est capable de prédire qu'un risque menace une zone, « il est impossible de prévoir exactement où ce phénomène va se déclencher localement », souligne le portail d'informations public Géorisques.

    Des dispositifs pour alerter et sensibiliser la population

    Leur fréquence est aussi très aléatoire. Sur la période 1958-2014, « l'année 2014 détient le record maximal du nombre de jours de pluie intense devant 1976, tandis que 2012 fait partie des années les moins affectées », cite à titre d'exemple Météo-France sur son site. L'une des difficultés est que la plupart des modèles climatiquesmodèles climatiques simulent l'évolution du climat en se basant sur des zones relativement larges. « Mais, à cette échelle, les spécificités du climatclimat ne peuvent pas être correctement représentées », explique l'institut. De plus, « tout ce qui a trait au cycle hydrologique reste assez incertain dans les simulations de changement climatiquechangement climatique des premières décennies du XXIe siècle », indique Météo-France.

    Avec une meilleure connaissance des phénomènes d'évaporation en Méditerranée, de ce qui se passe à l'intérieur des nuagesnuages, des modèles de prévisions à une échelle plus fine ou encore l'amélioration des statistiques concernant ces phénomènes qui restent exceptionnels, « on a des pistes prometteuses d'importants progrès », espère toutefois Marc Pontaud. Des tendances à long terme se dessinent sur le bassin méditerranéen avec le changement climatique : « une baisse des précipitations moyennes, visible à partir du milieu du XXIe siècle » et « des épisodes méditerranéens plus fréquents et potentiellement plus intenses à la fin du XXIe siècle ».

    Il faut installer la culture du risque

    En 2017, le gouvernement a lancé des campagnes annuellesannuelles de sensibilisation pour adopter les bons comportements en cas de pluies intenses : fuir les cours d'eau, ne pas descendre en sous-sol et dans des parkings souterrains, ne pas aller chercher ses enfants à l'école, ne pas prendre sa voiturevoiture... « Il faut installer la culture du risque », expliquait en 2017 Marc Mortureux, alors directeur général de la préventionprévention des risques au ministère de la Transition écologique.

    Les 15 départements méditerranéens (Alpes-de-Haute-Provence, Alpes-Maritimes, Ardèche, Aveyron, Aude, Bouches-du-Rhône, Corse-du-Sud, Haute-Corse, Drôme, Gard, Hérault, Lozère, Pyrénées-Orientales, Var et Vaucluse) sont concernés par ces épisodes. Pour s'informer, le public peut notamment se référer au site vigicrues.gouv.fr, qui scrute 22.000 kilomètres de cours d'eau en France. Le dispositif « Vigicrues FlashFlash » a été mis en place pour les mairies. Les 10.000 communes éligibles en France peuvent ainsi recevoir -- par SMSSMS notamment -- des avertissements sur l'arrivée de crues soudaines, plus précis que les habituelles vigilances départementales.