Dans les 25 années à venir, le réchauffement climatique va augmenter le risque d’inondations. Des chercheurs allemands tirent la sonnette d'alarme, afin que la prévention contre ce risque de catastrophe naturelle soit mieux prise en compte, y compris dans les pays développés.

au sommaire


    Ce début d'année 2018 a été marqué en France par de fortes précipitations et le passage de la tempête Eleanor qui ont fait déborder de nombreuses rivières, provoquant des inondations. Sept personnes sont décédées lors de ces épisodes. Or, à l'avenir; nous devrons probablement nous habituer à rester vigilants vis-à-vis de ces crues. Dans un article de Science Advances, des scientifiques de l'université de Potsdam montrent qu'il va falloir faire des efforts pour s'adapter au risque d'inondations si l'on ne veut pas qu'il empire.

    Le saviez-vous ?

    La prévention des inondations passe par exemple par le renforcement des digues, la restauration du cours des rivières, l’amélioration des normes de construction, voire le déplacement de populations.

    L'étude se base sur des simulations informatiquessimulations informatiques utilisant les données existantes sur les rivières. Sven Willner, un des auteurs de cet article, explique dans un communiqué que « bien que ces données ne soient pas parfaites pour chaque rivière dans les coins les plus reculés de notre planète, elles sont certainement suffisantes pour les endroits où vivent beaucoup de gens, où beaucoup de valeurs financières sont accumulées et où les risques d'inondation sont substantiels - nous en savons assez sur les endroits qui comptent ».

    Les chercheurs montrent que les régions qui devront le plus s'adapter au risque d'inondation sont  la majeure partie des États-Unis, certaines régions d'Afrique (ouest et nord-est), de l'Inde et de l'Indonésie, ainsi que l'Europe centrale.

    Voir aussi

    Les inondations extrêmes vont augmenter en Europe d’ici 2050

    Le chercheur prévient : « plus de la moitié des États-Unis doit au moins doubler son niveau de protection au cours des deux prochaines décennies » pour éviter une augmentation spectaculaire des risques d'inondation.

    Le risque d’inondation sera particulièrement important dans une grande partie des États-Unis, des régions d’Afrique, d’Inde, d’Indonésie et d’Europe centrale. © EugeneF, Fotolia

    Le risque d’inondation sera particulièrement important dans une grande partie des États-Unis, des régions d’Afrique, d’Inde, d’Indonésie et d’Europe centrale. © EugeneF, Fotolia

    Même les pays développés devront s’adapter

    Anders Levermann, un autre auteur de ces travaux, explique que « nous avons été surpris de constater que même dans les pays développés avec une bonne infrastructure, le besoin d'adaptation est grand ». Dans l'article, les chercheurs ont imaginé que le niveau de protection actuel était conservé à l'avenir. Mais pour éviter que les choses empirent, il faudra prendre des mesures préventives : « dans les pays où le niveau de protection est relativement bon, il reste beaucoup à faire pour maintenir le même niveau de protection et empêcher que les gens aient effectivement à quitter leur domicile en raison des inondations ».

    Même dans les pays développés avec une bonne infrastructure, le besoin d'adaptation est grand

    Sans mesures supplémentaires, le nombre de personnes affectées par les 10 % d'inondations les plus dévastatrices augmentera : en Amérique du nord, ils seront un million, soit dix fois plus qu'aujourd'hui ; en Allemagne, ce nombre pourrait être multiplié par sept, passant de 100.000 à 700.000 personnes ; en Amérique du sud, le nombre de personnes affectées par le risque d'inondations passera de 6 à 12 millions, en Afrique de 25 à 34 et en Asie de 70 à 156... Ces nombres pourraient même être plus élevés car l'accroissement de la population et l'urbanisation n'ont pas été pris en compte.

    Les températures à la surface de la Terre vont continuer à augmenter durant les 20 à 30 prochaines années, si on tient compte des gazgaz à effet de serre déjà émis. À cause des précipitations qui vont évoluer, cela se traduira par un risque accru d'inondations dans le monde. Les efforts pour limiter les émissionsémissions de gaz à effet de serre doivent se poursuivre, sinon la situation pourrait devenir ingérable. « Il est clair que sans limiter le réchauffement causé par l'Homme à moins de 2 °C, les risques d'inondations dans notre siècle augmenteront dans de nombreuses régions à un niveau auquel nous ne pouvons pas nous adapter. »

    La balle est donc dans le camp des décideurs politiques : « si nous agissons maintenant, nous pouvons nous protéger contre les risques des deux prochaines décennies. Mais le changement climatiquechangement climatique doit être limité en réduisant les émissions de gaz à effet de serre provenant des combustiblescombustibles fossilesfossiles afin d'éviter les risques qui dépassent nos capacités d'adaptation ».