Dans l’Arctique, la glace fond. Dans l’ouest américain, les feux de forêt se font de plus en plus violents. Le tout, à cause du réchauffement climatique anthropique. Des chercheurs montrent aujourd’hui comment les deux phénomènes sont étroitement liés.


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    Robert Frost, c'est un poète américain. Au nom prédestiné. Parce que oui, en anglais, « frost » veut dire « gel ». Et c'est donc en évoquant les écrits de Robert Frost que des chercheurs du Pacific Northwest National Laboratory (États-Unis) introduisent aujourd'hui leurs récents travaux. « Certains pensent que le monde finira dans le feufeu. Certains pensent qu'il finira dans la glace. »

    Mais les chercheurs soulignent qu'en matièrematière de climat, les choses ne sont pas aussi binairesbinaires. Entre le feu et la glace, ils envisagent plutôt une sorte de relation donnant-donnant. Dans leur étude, ils montrent qu'à mesure que la glace de mer fond dans l'Arctique, le soleilsoleil réchauffe un peu plus la région ce qui conduit à des conditions propices aux feux de forêt dans les lointains états de Californie, de Washington et de l'Oregon. L'existence de cette relation étroite entre les deux phénomènes était déjà connue. Aujourd'hui, les chercheurs en présentent le mécanisme.

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    « C'est un peu comme avec l'effet papillon », commente Hailons Wang, géologuegéologue au Pacific Northwest National Laboratory, dans un communiqué. Celui qui avance que le battement d'aile d’un papillon peut déclencher une tornade à l'autre bout du monde. « La région arctique et l'ouest des États-Unis sont liés par une telle relation. Le réchauffement de la surface des terres et des mers dans la région arctique causé par la perte de glace de mer déclenche, au loin, des conditions plus chaudes et plus sèches dans l'ouest des États-Unis plus tard dans l'année. »

    La banquise arctique jouerait un rôle capital dans l’aggravation des feux de forêt dans l’ouest des États-Unis. © Pacific Northwest National Laboratory

    Moins de glace, plus d’incendies

    Ce qui se passe exactement, c'est qu'avec le réchauffement climatique anthropique, la glace de mer notamment, fond. Du côté de l'Arctique, les eaux se réchauffent. Et les différences de pressionpression avec l'atmosphèreatmosphère au-dessus de la région augmentent. Le tout entretient un vortexvortex qui tourne sur l'Arctique dans le sens contraire des aiguilles d'une montre. Un vortex qui souffle de l'airair chaud vers l'ouest des États-Unis. Un vortex tellement puissant qu'il parvient à incurver le courant-jetcourant-jet polaire. Celui-là même qui, en principe, amène de l'humidité sur la côte américaine.

    À ce stade, un second vortex se forme. Sur les États-Unis et tournant dans le sens des aiguilles d'une montre, lui. Résultat, au lieu de profiter d'un air frais et humide, l'ouest du pays connait alors un ciel clair et des conditions sèches. Une situation particulièrement propice au déclenchement de feux de forêt. Et avec le réchauffement climatiqueréchauffement climatique qui se poursuit, la situation ne devrait qu'empirer.

    Cette image montre clairement le recul de la glace de mer en Arctique entre 1979 et 2003. © <em>National Oceanic and Atmospheric Administration</em>
    Cette image montre clairement le recul de la glace de mer en Arctique entre 1979 et 2003. © National Oceanic and Atmospheric Administration

    Depuis le début des enregistrements à la fin des années 1970, la couverture de glace de mer ne cesse de diminuer dans l'Arctique. Les chercheurs envisagent désormais même des périodes libres de glace avant les années 2050. Dans le même temps, les feux et méga-feux de forêt se font de plus en plus fréquents et violents sur l'ouest des États-Unis. En 2021, ce ne sont pas moins de 1,2 million d'hectares qui sont partis en fumée du côté de la Californie ou de l'Oregon.